samedi 13 décembre 2014

La symphonie des abysses, livre 1, de Carina Rozenfeld : un univers original


J’ai découvert Carina Rozenfeld en 2012 avec son dyptique « Phaenix » qui avait su me charmer par sa dimension musicale. Cette année, j’ai apprécié ses « Sentinelles du futur », un bon roman de SF pour les jeunes adolescents. J’ai poursuivi ma découverte avec le premier tome de la « Symphonie des abysses » qui promettait un univers à part.

Résumé

Sur un atoll entouré d’un Mur immense, occupé en son centre par un Cercle parfait d’eau de mer, vivent des populations isolées. Abrielle habite dans un village de cultivateurs où toute forme de musique est bannie. Pourtant, des chants vivent en elle et ne demandent qu’à sortir… A l’autre bout de l’atoll, dans une petite ville, les habitants naissent dépourvus de sexe, ils sont des neutres. Dans cette ville les sentiments sont interdits. Ce qui n’empêche pas Ca et Sa, deux neutres à la veille de leur transformation en être sexués, de s’aimer. Des évènements imprévus les amèneront à tout quitter et à se rencontrer tous les trois.

Un univers original

Ce roman a le mérite de proposer un univers original, qui fera voyager le lecteur. L’atoll présente des paysages variés, des plages de sable fin et des forêts plus ou moins hospitalières. Les sociétés qui y vivent sont complètement isolées et n’ont aucune conscience de la présence des autres, à quelques jours de marche. Tous vivent selon un strict règlement intérieur avec des bases communes, et des variations locales, et sont encadrés par des gardiens. On se pose beaucoup de questions sur les origines et l’histoire de l’atoll, ainsi que sur la fameuse symphonie des abysses. Des questions encore non résolues qui, je l’espère, trouveront réponse dans le second tome.

La musique et l’amour

En ce qui concerne l’intrigue, nous découvrons tout d’abord Abrielle dans son quotidien répétitif, c’est une partie qui comporte quelques longueurs malgré la plaisante dimension musicale. Sa fuite devient plus intéressante. J’ai été davantage happée par l’histoire de Ca et Sa et leur belle histoire d’amour, qui transcende toute question de sexe et de genre, puisqu’ils n’en ont pas. La fin ouvre de nouvelles perspectives, mais je me demande encore où l’auteure souhaite nous emmener, la finalité de cette histoire.

Les personnages

En ce qui concerne les personnages, ma préférence va à Ca et Sa. Les deux neutres ont des personnalités attachantes et complémentaires. Ca a un côté sombre, introspectif, qui est illuminé par l’optimisme et la volonté de Sa. Ca a ouvert la porte aux sentiments, et Sa a triomphé des obstacles. Quant à Abrielle, elle est un peu moins sympathique, notamment parce qu’elle est centrée sur elle-même et sur les chants qui couvent en son sein. Mais cela a tout de même été un plaisir de la voir s’ouvrir et s’épanouir. Quant à Braden, l’ancien ami d’Abrielle, il ne m’a pas convaincue, il y a trop de revirements de sa part.

L’écriture

La plume de Carina Rozenfeld est toujours aussi agréable. La formation musicale de l’auteure se ressent dans son écriture qui est ronde, équilibrée. L’ensemble est fluide, on ne bute pas. Les descriptions, essentielles pour cet univers, sont réussies. Il manque peut-être un peu de vivacité pour donner du rythme au roman, mais je chipote !

En quelques mots…

Ainsi, j’ai été séduite par l’univers proposé par Carina Rozenfeld, et par la belle relation de Ca et Sa, mais je me pose encore beaucoup de questions sur la finalité de cette histoire, auxquelles j’espère trouver réponse dans le second tome. Néanmoins, j’ai passé un bon moment et la plume est toujours aussi agréable.
A réserver aux adultes et aux grands ados, pas avant 15/16 ans : il y a dans ce roman un peu de violence, et une relation assez malsaine entre Abrielle et le gardien en chef de son village.

Note : 3,5/5
Stellabloggeuse
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« Le vent cascade le long du Mur, presque en silence. Une brise caresse la surface de l’eau, la plissant à peine. Le cri des mouettes, tournant là-haut, se mêle aux rires des enfants. Ce sont les seules musiques autorisées. Les seules notes qui résonnent dans le village. Le reste n’est que réminiscences… »

« Enfin la mélodie douce, lente, celle-là même qui semblait provenir des profondeurs du Cercle, celle qui était plus ancienne que le temps lui-même, qui soufflait entre les arbres, dans les champs de coton, entre les rochers, celle qui tombait de la lune à jamais meurtrie, cette mélodie enfermée dans sa poitrine depuis toujours s’échappa de sa gorge.
Sa voix était rauque d’avoir été retenue si longtemps. Son cœur se gonflait d’une joie qu’elle n’aurait pas crue possible au crépuscule de son existence »
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Ce roman fait partie du challenge :

Challenge 100% R : 19e lecture

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