mardi 8 avril 2014

Passeurs de mort, de Fabrice Colin : affronter ses peurs

[Flammarion, 2014]

En cette première moitié de l'année 2014, ma vie de lectrice fait actuellement la part belle à Fabrice Colin. Je vous ai proposé mon avis sur « Blue Jay Way » le mois dernier, et je prévois de lire encore deux titres d'ici la mi-mai. Pourquoi ? Tout simplement parce qu'il vient à la médiathèque où je travaille mi-mai pour une rencontre ado/adulte. Mais aussi parce que cet auteur s'affirme vraiment comme l'un de mes préférés et que si je veux venir un jour à bout de son incommensurable bibliographie (on peut rêver), il faut s'y mettre sérieusement. Voici donc mon avis sur son dernier roman jeunesse, « Passeurs de mort ».

Résumé 

Angel, 17 ans, surdouée et légèrement cinglée, est en passe d'entrer à l'université quand sa vie prend un tournant inattendu : son oncle Georges meurt et lui lègue une paire de lunettes bien étranges, qui lui permet de voir ce qu'il se passe lorsque quelqu'un meurt ! Bien décidée à percer ce mystère, la jeune fille mène l'enquête et rencontre une bien étrange famille...

Un roman palpitant

« Passeurs de mort » est un roman très bien mené, dépourvu de longueurs. Le lecteur se retrouve rapidement au cœur de l'action et ne s'ennuie pas un instant en suivant l'intrépide Angel. L'auteur parvient sans peine, comme souvent, à préserver le suspense jusqu'à la fin, même si des éléments de réponse nous sont livrés au fur et à mesure de l'intrigue. Comme à son habitude, il s’amuse à brouiller les frontières entre le réel et l’imaginaire. Ce titre est donc à la fois un roman fantastique évoquant la vie après la mort, et un roman d'aventures.

Affronter ses peurs

Ce roman aborde également le thème des peurs et notamment la première d'entre elles, celle de la mort. La préoccupation pour la mort et ce qui se passe après est un thème récurrent dans l'œuvre de l'auteur. Il n'apporte pas ici une vision particulièrement singulière de ce qui se passe au moment où l'on meurt, cela lui sert plutôt de base pour développer son aventure. Angel est quelqu'un de particulièrement angoissé, et cette aventure va l'aider à exorciser cela.

Les personnages

Angel est un personnage qui m'a bien plu. C'est une fonceuse et elle a de l'humour, y compris sur elle-même. Elle est aussi un peu folle (une figurine de L'Etrange Noël de Mr Jack est sa conscience), ce qui n'est pas pour me déplaire ! On pourrait croire qu'elle ne se préoccupe pas beaucoup des émotions des autres, mais il m'a semblé qu'elle avait plutôt du mal à s'ouvrir à eux et qu'elle se refusait à les impliquer dans ses états d'âme. Aussi, ces petits défauts qui pourraient faire d'elle un personnage énervant l'ont rendue touchante à mes yeux. C'est un personnage en quête d'elle-même, qui se cogne à la vie. Parmi les personnages secondaires, la famille Cooper est très intéressante, je n'en dirais pas plus pour préserver la surprise. Enfin, j'ai beaucoup aimé Nadir, c'est le genre de personnage qui pourrait être notre meilleur ami.

L'écriture

Voulez-vous que je vous dise encore une fois combien j'aime l'écriture de Fabrice Colin ? Eh bien oui, j'adore sa plume, sa « patte », j'irais jusqu'à dire que c'est mon auteur français contemporain  favori (du côté des morts, Barjavel reste sur son piédestal) pour ce qui est du style. Il m'arrive souvent de m'arrêter sur certaines phrases et de les lire plusieurs fois, juste pour le plaisir des mots. C'est à la fois beau et efficace. (Si vous pensez que j'en fais trop, sachez que j'en ferais sans doute encore plus dans mon prochain billet, car je suis en train de lire un autre de ses romans, Arcadia, et je me ré-ga-le).

En quelques mots...

Ainsi, « Passeurs de mort » est un roman fantastique et un roman d'aventures avec un personnage principal intrépide et un peu barré qui affronte ses peurs, et notamment celle de la mort. C'est un roman palpitant, bien mené et au style agréable. A lire à partir de 14 ans !

Note : 3,5/5

Stellabloggeuse

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« Cheryl, pauvre Cheryl. Personne, parmi tous les gens réunis ici, ne connaissait mieux oncle George. Elle a eu une liaison avec lui, il y a onze ans : une histoire brève et orageuse – l’autre nom de l’amour. Je ne garde que des souvenirs heureux de cette période, des images joyeuses. George et papa ne s’étaient pas encore fâchés à mort, alors, et je croyais au printemps éternel, j’ignorais qu’une famille pouvait se déchirer plus facilement qu’une feuille de papier avec plein de petits cœurs dessus. »

« Je hume l’air du large. Ce n’est pas vrai, ce que j’ai dit sur la nuit. L’été ici n’a rien de banal. « Juste un ciel piqueté d’étoiles », ça n’existe pas. Ce ciel, ce monde, c’est tout ce que nous avons. »

« L’Incarnation. Les pouvoirs. Soudain, vous êtes quelqu’un d’autre. Soudain, la réalité la plus abstraite au monde devient la vôtre. Vous n’êtes pas devenus la mort, non : vous êtes devenus ses serviteurs, ses hérauts anonymes. Et puis un jour, une petite fille frappe à votre porte et l’histoire s’achève. Vous avez la très désagréable sensation que quelque chose s’est servi de vous. »

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