lundi 24 janvier 2011

Daddy est mort, retour à Sarcelles, par Insa Sané : L’amour a-t-il un sens au milieu du bitume ?

[Editions Sarbacane, novembre 2010]

Lorsque j’ai eu en mains ce livre, le dernier-né d’Insa Sané, auteur phare de la collection eXprim, j’avoue avoir éprouvé quelques réticences : voilà un genre d’histoire dont je ne suis pas coutumière, et que je n’étais pas certaine d’apprécier. Je craignais en l’ouvrant de découvrir une littérature « ghetto », un récit caricatural empli de revendications. Bref, il a traîné un petit moment sur mes étagères, mais j’ai fini par l’ouvrir…sans regret !

Ce roman prend place dans une série de quatre livres, qui ont pour théâtre la banlieue parisienne. Ils se lisent indépendamment les uns des autres, mais se rejoignent en plusieurs points. Dans « Daddy est mort », les évènements se déroulent en 1995. Daddy, jeune sarcellois, est sur le point d’être père. Il ressent alors le besoin de connaître ses propres origines, l’identité de son père qui lui est restée inconnue. Il apprend la vérité…et le paie de sa vie.

Dans ce livre, nous suivons de nombreux personnages. Tonton Black Jacket, dernière recrue de la brigade des stups’, enquête sur la mort de Daddy. Djiraël, le meilleur ami de Daddy, et son cousin Youba recherchent de leur côté. Eléonore, la vieille prostituée, cherche à échapper au même sort que son fils. Emma, sa fiancée, le pleure de tout son cœur. Et pendant ce temps, la mort de Daddy déclenche une véritable guerre entre Sarcelles et le XIXe arrondissement de Paris…

Tous ces personnages se croisent, avec leur vision bien particulière sur les évènements, selon leur degré de relation avec Daddy. Ce roman restitue toute la violence qui anime la banlieue, le manque de perspectives d’avenir, l’ennui. Mais ne nous y trompons pas, le plus important dans ce roman, c’est l’amour. Chacun des protagonistes le croise, chacun le vit à sa façon. Certains savent le saisir et s’y accrocher, d’autres laissent cet amour les détruire.

L’écriture d’Insa Sané est à l’image de ce couple violence/amour, tantôt rude, tantôt poétique. Certaines petites phrases marquantes et métaphores reviennent de façon régulière dans le récit, comme un refrain, donnant le rythme. Cette manière d’écrire surprend de prime abord, puis on se laisse prendre par la mélopée, on suit le conteur.

Alors, je vous invite à faire cette expérience originale, et à lire ce récit où se mêlent la lucidité et les rêves de ces jeunes hommes.

Note : 3,5/5

Stellabloggeuse

A voir aussi :
-Ma chronique sur Sarcelles-Dakar, le premier roman de l'auteur
-Le récit d'une rencontre avec Insa Sané à Grenoble
-D'autres chroniques : sur BatifolireTrollire

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