mercredi 16 décembre 2015

Le cœur cousu, de Carole Martinez : une histoire de femmes

[Gallimard, 2007]

Carole Martinez apparaît aujourd’hui comme une valeur sûre de la littérature contemporaine. J’étais curieuse de la découvrir, et surtout son premier roman « Le cœur cousu », lauréat du Festival du Premier roman de Chambéry qui, vous le savez, est cher à mon cœur.

Résumé

Héritière des secrets de sa famille et dépositaire d’un coffret qui lui a offert un nécessaire à écrire, Soledad nous livre l’histoire de sa mère Frasquita et de son don. Elle nous raconte ses frères et sœurs, tous frappés d’un don comme on l’est d’une malédiction. Cette histoire est celle de leur errance, dans une Espagne d’une autre âge, sous un soleil de plomb…

Un conte moderne qui a du sens

Ce roman a tout du conte moderne. Le merveilleux est partout, dans les personnages, dans un fil qu’on tisse, dans un coq qui combat, une ombre qui s’échappe, des prières murmurées dans le noir. Mais ce que j’ai particulièrement apprécié, c’est que c’est un conte qui a un but, un sens profond. Carole Martinez nous parle des femmes, cantonnées à la sphère domestique et qui se sont créé un passage vers l’autre monde, celui des choses obscures et inquiétantes. Elles le maîtrisent et en sont les passeurs. Frasquita est une femme bafouée, vendue pour un combat de coq, mais elle est capable de réparer les maux que personne ne comprend. Quelques longueurs sont peut-être à regretter, mais ce sera mon seul véritable bémol.

Les personnages

Les personnages de ce roman sont uniques, chacun a sa marque et sa place. Frasquita et ses fils de couleurs, son don pour transformer la réalité par la couture, Anita la conteuse, Angela l’oiseau chanteur, Pedro el Rojo, Martirio la messagère de madame la mort, la solaire Clara, et Soledad pour écrire leur histoires et mettre un terme au cycle infernal des secrets. Une galerie très réussie, rehaussée de personnages secondaires tout aussi bien écrits.

L’écriture

Quant à l’écriture, il y a un vrai style. Ce n’est pas seulement un roman, c’est de la littérature, assez exigeante, avec des phrases développées, des métaphores, des sous-entendus. La lecture doit être attentive si on ne veut rien rater, et c’est tant mieux.

En quelques mots…

Ainsi, Carole Martinez nous propose une histoire de femmes, marquées par des croyances qui n'ont jamais été écrites mais que l'on se transmet de mère en fille les nuits de pleine lune. Le merveilleux et l'étrange sont partout, ils sortent les femmes de leurs foyers pour en faire des passeurs vers un monde obscur et inquiétant. C'est un véritable conte initiatique, dans la chaleur de l'Espagne des temps passés. Merci à Géraldine pour la découverte!

Note : 3,5/5
Stellabloggeuse
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« Par-delà le monde restreint de leur foyer, les femmes en ont surpris un autre. Les petites portes des fourneaux, les bassines de bois, les trous des puits, les vieux citrons se sont ouverts sur un univers fabuleux qu’elles seules ont exploré. Opposant à la réalité une résistance têtue, nos mères ont fini par courber la surface du monde du fond de leur cuisine. Ce qui n’a jamais été écrit est féminin. »
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Ce roman fait partie du challenge :

Challenge New Pal 2015 : 16/75

1 commentaire:

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