dimanche 20 décembre 2015

La gloire de mon père et Le château de ma mère, de Marcel Pagnol : souvenirs de Provence

[Editions Pastorelly, 1958]

Ces dernières semaines, mon travail de bibliothécaire m’a, à l’occasion d’une animation, permis un plaisir rare : celui de relire. En effet, les livres nouveaux s’amoncelant devant moi, je ne relis presque jamais un titre déjà lu. Bref, j’ai eu l’occasion et le plaisir de redécouvrir Marcel Pagnol avec les deux premiers volets de ses « Souvenirs d’enfance ».

Résumé

Après avoir connu le succès avec ses romans, ses pièces de théâtre et de ses adaptations cinématographiques, Marcel Pagnol se lance à la fin des années 1950 le défi de se raconter lui-même : dans La Gloire de mon père, il nous raconte son premier été dans la maison de campagne familiale aux Bellons, alors qu’il va sur ses neuf ans. « Le château de ma mère » en est le prolongement direct, puisqu’il nous raconte la fin de l’été et l’année qui suivit.

Tendresse et nostalgie

J’apprécie en général de lire les souvenirs d’enfance des auteurs, portrait d’un monde que nous n’avons pas connu, souvent empreints de nostalgie et de tendresse. J’avais ainsi beaucoup aimé « La charrette bleue » de René Barjavel. Les souvenirs de Pagnol sont tous aussi bien racontés, les bons comme les mauvais, avec humour et une pointe de regrets. L’auteur fait la part belle à la nature, à l’occasion des parties de chasse et des trajets à pieds vers les Bellons, et l’on prend plaisir à découvrir cette Provence.

La famille, l’amitié et les bêtises

Autre point central de ces souvenirs, la famille Pagnol, entre un père instituteur, une mère ancienne couturière, l’oncle Jules et la tante Rose, l’espiègle petit frère Paul et la petite sœur récemment née. C’est une famille soudée et aimante, et ses liens avec sa mère sont particulièrement forts. Ces souvenirs d’enfance sont également illuminés par l’amitié naissante et très touchante entre Marcel et le jeune Lili. Pagnol nous raconte la chasse, les indiens Comanche, les jeux cruels avec les insectes, les fugues avortées. Il en ressort beaucoup de fraîcheur et une belle naïveté.

Les personnages

Le jeune Marcel Pagnol est un garçon attachant, toujours partant pour l’aventure, à l’écoute de la nature qui l’entoure, aimant avec sa famille. Son père, instituteur laïc et anticlérical et son oncle, catholique, forment un duo assez savoureux. Lili est également très touchant avec son amitié tout en retenue, un peu bourrue et un peu masquée, jamais prononcée à voix haute, mais pourtant évidente.

L’écriture

Enfin, en ce qui concerne le style, il est agréable, littéraire. Il nous plonge immédiatement dans le passé, dans l’époque qui nous est contée.

En quelques mots…

Ainsi, j’ai apprécié cette relecture avec mon vécu de grande personne, qui me permet de mieux appréhender les enjeux de ces souvenirs d’enfance, de cette enfance qu’il faut apprécier car elle s’en va toujours trop vite. On crapahute avec plaisir dans la Provence des années 1900 en compagnie du jeune Marcel.

Note : 3,5/5

Stellabloggeuse
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« L'âge de mon père, c'était vingt-cinq ans de plus que moi, et ça n'a jamais changé. L'âge d'Augustine, c'était le mien, parce que ma mère, c'était moi, et je pensais, dans mon enfance, que nous étions nés le même jour. »

« Telle est la vie des hommes. Quelques joies, très vite effacées par d'inoubliables chagrins. Il n'est pas nécessaire de le dire aux enfants. »


« Mais dans mon pays de Provence, la pinède et l'oliveraie ne jaunissent que pour mourir, et les premières pluies de septembre, qui lavent à neuf le vert des ramures, ressuscitent le mois d'avril. Sur les plateaux de la garrigue, le thym, le romarin, le cade et le kermès gardent leurs feuilles éternelles autour de l'aspic toujours bleu, et c'est en silence au fond des vallons, que l'automne furtif se glisse: il profite d'une pluie nocturne pour jaunir la petite vigne, ou quatre pêchers que l'on croit malades, et pour mieux cacher sa venue il fait rougir les naïves arbouses qui l'ont toujours pris pour le printemps. C'est ainsi que les jours des vacances toujours semblables à eux-mêmes, ne faisaient pas avancer le temps, et l'été déjà mort n'avait pas une ride. »

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