samedi 10 octobre 2015

Dysfonctionnelle, d’Axl Cendres : une famille haute en couleurs

[Sarbacane, 2015]

Mon avis enthousiaste sur « Mes idées folles » d'Axl Cendres fut l’un des premiers publiés sur ce blog, à son ouverture. J’étais tombée sous le charme de cette histoire pleine d’imagination et de fraîcheur. J’ai un peu moins apprécié « La drôle de vie de Bibow Bradley » dont le potentiel énorme m’a semblé sous exploité. Mais j’étais ravie et curieuse de découvrir son dernier roman en date, « Dysfonctionnelle », paru le 7 octobre.

Résumé

Fidèle est née au mauvais endroit au mauvais moment, au cœur d’une famille dysfonctionnelle. Elle grandit dans un bar, entre trois sœurs et trois frères, une mère perturbée, un père passant régulièrement par la case prison, un oncle versé dans la « sychologie » et une grand-mère bienveillante. Son QI la mène pourtant dans un lycée des beaux quartiers, où elle vivra un véritable choc des cultures. Elle est pourtant la preuve que « Même avec une chose que tout le monde croit perdue, on peut faire quelque chose de merveilleux ».

Une famille merveilleusement atypique

C’est avant tout un roman sur la famille. A une époque où certains voudraient nous vendre, nous imposer un modèle de famille (un papa une maman, patati patata), Axl Cendres nous offre l’exemple parfait  modèle familial complètement original, en dehors de tout règle. Elle nous prouve par là qu’il n’y a pas de recette pour rendre les enfants heureux et en faire des adultes. Le lecteur vit donc au rythme de cette famille complètement loufoque, en suivant la trajectoire de Fidèle, avec ses hauts et ses bas. Malgré quelques facilités par moments, on s’attache énormément, mais surtout, c’est un roman où l’on sent de la vie.

Un roman très riche

Au travers d’une belle histoire d’amour, on aborde également le thème de l’homosexualité et l’homoparentalité. De nombreux autres thèmes sont présents, comme la religion évoquée sur un ton gentiment dérisoire, cette famille mêlant judaïsme, catholicisme et islam. Ou la maladie mentale de la mère de Fidèle, prétexte à quelques réflexions sur l’absurdité des guerres. Ou le militantisme, la musique classique, le foot… Et au milieu de tout cela, Axl Cendres arrive encore à glisser de jolies références à ses autres romans, ou même à d’autres romans exprim’ (notamment Comme des images de Clémentine Beauvais).

Les personnages

Le point fort de ce roman, c’est indubitablement cette galerie de personnages hauts en couleur, cette famille pleine de différence qu’Axl Cendres nous conte avec tant de tendresse que l’on s’y attacha immédiatement. Le destin de Fidèle m’a tenu à cœur. J’ai aussi été touchée par sa maman et sa maladie, mais surtout par Zaza, la grand-mère, avec son accent algérien, son couscous à partager et son islam de tolérance. Enfin, mention spéciale pour l’intelligence de l’oncle, qui permet à cette famille de fonctionner envers et contre tout.

L’écriture

Concernant l’écriture, l’auteure adopte un style plutôt oral, l’histoire nous étant directement contée par Fidèle. Le langage est donc gentiment familier. Le rythme est vif et les personnages s’expriment avec leurs accents, ajoutant à la sensation de vie qu’apporte le roman.

En quelques mots…

Ainsi, Axl Cendres nous offre un roman drôle, tendre et parfois émouvant, sur une famille inattendue à laquelle on s’attache sans s’en rendre compte. Malgré quelques facilités, c’est un roman vivant, qui aborde de nombreux thèmes de société. Merci pour cette belle leçon de différence, tout simplement. A découvrir à partir de 15 ans (la présence d’alcool et drogue pouvant heurter les ados plus jeunes, ou leurs parents).
Merci aux éditions Sarbacane pour cette lecture.

Note : 4/5
Stellabloggeuse
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« Ma peur n’a cessé d’augmenter tandis que je constatais, au fil des mois, que JR était exactement comme moi : un pur produit kabyle aux cheveux bruns, yeux bruns, peau claire…il allait être moi, en mieux. Comme on répétait souvent que j’étais un « garçon manqué », je me disais que ce frère, lui, allait être un « garçon réussi » et qu’il allait, pour de bon, m’évincer du cœur de mon père… »

« -Demain, y’a des chances pour que les aut’ gamins se moquent de toi…
-Et pourquoi ça ? j’ai demandé en croisant les bras, pour mimer mon père quand il entendait quelque chose qui lui plaisait pas. Moi qui croyais être la personne la plus cool de l’univers, je voyais pas pourquoi on se moquerait de moi.
Mon oncle n’osait pas me répondre : « Parce que t’es une petite grosse en perfecto qui s’appelle Fifi », alors il a dilué :
-Pace’que t’es di-ffé-rente.
Je restais perplexe, il a continué :
-Ça veut dire que les autres ne sont pas comme toi, mais ils sont simplement plus nombreux. Pigé ? »

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