mardi 4 août 2015

Les Borgia, tome 1, de Kate Quinn : Le serpent et la perle


Depuis maintenant quelques années, les livres de Kate Quinn arrivent avec l’été et nous offre une évasion dans la Cité Eternelle, la magnifique Rome (attention, je m’emballe), le temps d’un roman que l’on déguste avec délices. Si son premier roman « La maîtresse de Rome » conserve ma faveur, j’avais aussi beaucoup aimé sa suite « L’impératrice des sept collines » (j’espère d’ailleurs que la suite paraîtra l’an prochain) et le préquel « Les Héritières de Rome ».

Résumé

Rome, 1492, nous sommes à l’aube de la domination des Borgia sur Rome et sur la papauté. Giulia Farnese épouse le jeune et beau Orsino Orsini, mais elle découvre rapidement qu’elle a été promise à Rodrigo Borgia, alors cardinal. Malgré elle, elle sera irrésistiblement entraînée dans l’ascension de cette famille et devra tirer son épingle du jeu dans le panier de crabes de la bonne société romaine. Elle pourra compter sur Carmelina, sa cuisinière qui cache de lourds secrets, et Leonello, son garde du corps nain plein d’esprit.

Un voyage historique et gustatif

Ce roman de Kate Quinn est de la même qualité que les précédents. Nous changeons d’époque, quittant l’Antiquité pour la Renaissance, mais nous retrouvons Rome, ses rues, ses odeurs, ses bruits…mais aussi ses saveurs, puisque grâce au point de vue de la cuisinière Carmelina, le voyage est également culinaire et gustatif. Attention à ne pas lire le ventre vide, cela devient rapidement une torture !

Plusieurs points de vue

A son habitude, Kate Quinn utilise intelligemment plusieurs points de vue pour nous livres différents aspects de son intrigue. Avec Giulia, nous apprivoisons les Borgia, la haute société romaine, et nous vivons une passion mouvementée. Avec Carmelina, nous avons un aperçu de la vie des domestiques, associé à sa propre histoire tourmentée. Enfin, avec Leonello, nous suivons des désirs de vengeance et enquêtons sur les meurtres de jeunes femmes des bas quartiers. J’ai apprécié le mélange, je dois avouer cependant que tout cela m’a un peu moins passionnée que les manœuvres politiques et le contexte antique des romans précédents. Mais l’arrivée des Français dans l’échiquier promet quelques péripéties dans le prochain tome !

Les personnages

L’auteur a su rendre Giulia Farnese attachante. Au départ, c’est une jeune fille naïve comblée à l’idée de devenir l’épouse d’un homme jeune et beau. Ses illusions volent rapidement en éclats, mais elle s’adapte, apprenant à manœuvrer sa barque sans perdre son âme. Elle se soucie des gens qui l’entourent, y compris ses domestiques et elle se met peu à peu sur un pied d’égalité avec l’homme qu’elle aime. Quant à Carmelina, c’est un sacré caractère, qui m’aura fait sourire à de nombreuses reprises. Elle a bon fonds, mais gare à celui qui fera un geste de travers dans sa cuisine ! Leonello est un personnage plus ambigu, qui cache des frustrations profondes, canalisées en partie dans sa quête de vengeance. Il s’exprime avec un cynisme rafraîchissant, mais qui va parfois jusqu’à la méchanceté. Enfin, Rodrigo Borgia est un personnage assez fascinant, charismatique et dur, calculateur et fou amoureux. Un mélange détonnant !

L’écriture

Quant au style, il reste fidèle à lui-même, agréable et fluide. Les descriptions sont toujours aussi riches, et bien documentées en ce qui concerne la partie culinaire, très évocatrice. Les dialogues sont eux aussi une réussite, combinant les caractères des personnages.

En quelques mots…

Ainsi, ce roman, c’est du Kate Quinn, indubitablement. On est transporté dans la Cité Eternelle (même si on a changé d’époque), l’alternance de points de vue permet une intrigue riche, le style est agréable, et surtout, on découvre une galerie de personnages hauts en couleurs, comme elle sait si bien les créer. Que lui manque-t-il ? Une suite !

[Edit : Je vois que sont déjà parues aux U.S. le troisième tome de la série "Rome" (mars 2015) et le second des "Borgia" (janvier 2014), quel gâchis si les Presses de la Cité n'en traduisent qu'un par an!]

Note : 4/5
Stellabloggeuse
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«Un homme d’Eglise est à bien des égards un charlatan, répondit-il imperturbablement. Savez-vous de combien tours nous usons à la messe ? Ne vous signez pas – une jeune fille capable de rire pendant l’élévation sans craindre pour son âme immortelle est déjà à coup sûr une fine connaisseuse de l’art théâtral. »

« Je ne pouvais pas me passer de parmesan. De mon âme immortelle, oui – elle était probablement déjà perdue, puisque je profanais des églises tout comme les Français. De morale, sans doute – les nombreuses heures passées au lit avec Marco n’avaient dû en laisser que des miettes. Sans compter cette heure sinistre et particulièrement bizarre avec César Borgia…cela seul avait dû me valoir un bon siècle de feu de l’enfer. Mais je préférais encore vivre sans âme et sans morale que sans parmesan. »

« -S’ils doivent nous envahir, ils nous envahiront, c’est tout. Quant à moi, j’espère qu’ils resteront de leur côté des montagnes avec leur abominable cuisine. Il est déjà assez terrible que les soldats français embrochent les bébés, mais s’ils nous apportaient leur beurre rance et leurs rôtis trop cuits, que Santa Marta ait pitié de nous ! »
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Ce roman fait partie du challenge :



Challenge ABC 2015 : 22/26

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