mardi 31 mars 2015

Après la peine, d’Ahmed Kalouaz : de beaux paysages, un manque d’authenticité

[Le Rouergue, 2014]

J’avais déjà croisé ici et là le nom d’Ahmed Kalouaz, mais je n’avais encore jamais lu cet auteur qui écrit pour les adultes et pour les adolescents. C’est maintenant chose faite, dans le cadre du challenge ABC 2015 pour lequel il me fallait un auteur commençant par la lettre « K ».

Résumé

Un matin, des policiers font irruption chez Ludo, un lycéen, et ses parents. Ils emmènent son père, un comptable accusé d’escroquerie. Il fera quelques semaines de prison. Pour Ludo et sa mère, c’est le choc, ils n’avaient rien soupçonné. Lorsque le père de Ludo revient, il l’emmène pour une virée en camping-car sur les lieux de son enfance, afin de s’expliquer.

Des paysages enchanteurs, mais…

Le point fort du roman et ce que j’en retiens avant tout, ce sont les paysages enchanteurs de la Lozère, que l’auteur nous donne vraiment envie de découvrir grâce à de belles descriptions. Ce voyage et ce dépaysement m’a plu, c’est pour moi le seul véritable intérêt du roman. En effet, le thème de la prison n’est pas abordé, la romance abordée ici et là n’apporte rien à l’intrigue, et l’explication finale apportée par le père de Ludo est cousue de fil blanc, je l’ai vue venir bien en amont.

…un manque d’authenticité

Mais ce qui m’a le plus gênée dans ce roman, c’est son manque d’authenticité. Pour moi, la plupart des gestes et des paroles des personnages sonnent faux. Je n’ai pas cru un seul instant à cette manière de chahuter, au côté tactile de la relation père/fils, ou à certains dialogues. Je suis donc restée en dehors.

Les personnages

Ludovic n’est pas un personnage adolescent particulièrement marqué, mais il est sympathique et dans une période de fragilité. Confronté au retour de son père après son emprisonnement, il oscille entre joie, besoin de comprendre, peur de voir un fossé se creuser entre eux. Quant à son père, je n’ai pas vraiment réussi à le cerner.

L’écriture

En revanche j’ai plutôt apprécié l’écriture d’Ahmed Kalouaz, peut-être un peu trop littéraire pour ce genre de roman, mais tout de même abordable. Les descriptions sont réussies, les dialogues beaucoup moins à mon goût.

En quelques mots…

En résumé, c’est une lecture agréable qui nous plonge dans le décor de la Lozère et qui donne envie de partir à sa découverte, mais je n’ai pas cru à l’histoire une seule seconde et la fin est trop prévisible. Ce manque d’authenticité est regrettable car la plume de l’auteur vaut le détour. Je pense que je l'apprécierais davantage dans ses œuvres pour adultes.

Note : 2,5/5
Stellabloggeuse
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« Au cœur du village surgissait la source du Pêcher, sortie droit de la montagne, sous un rocher. Nous avons déambulé un instant avant de nous retrouver à quelques pas d’un château ayant pour toile de fond les contours du causse. Une chute d’eau donnait au lieu un air de fraîcheur et de calme. Installés près de la terrasse d’un restaurant, les pieds dans le vide du canal, il n’y avait plus qu’à se laisser aller, rêver un moment face au paysage. »

« Il paraît que les adolescents sont habités, tourmentés par le sens de leur vie, le bon chemin à trouver ou à suivre, la bonne mesure, avec une violence sourde qui pousse par tous les pores de la peau. Par des sentiments étranges. Le bonheur en écharpe, mais fuyant, avec le doute accroché à chaque branche. A l’écouter parler sous les étoiles, j’avais l’impression que mon père s’était traîné toute sa vie avec des humeurs de volcan retenu. »
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Ce roman fait partie du challenge :

Challenge ABC 2015 : 13/26

mardi 24 mars 2015

10 façons de bouleverser le monde (collectif) : dix uchronies

[Flammarion, 2014]

Je lis assez peu nouvelles de manière générale, sauf s’il s’agit d’un recueil d’un auteur que j’apprécie. Ainsi, j’avais beaucoup aimé « Silhouette » de Jean-Claude Mourlevat. Dans le cadre du challenge ABC, je me suis attaquée cette fois-ci à un recueil collectif rassemblant dix nouvelles d’auteurs divers.

Résumé

Ce recueil propose dix nouvelles qui sont des uchronies : à partir d’un point plus ou moins lointain de notre Histoire, le monde diverge et prend une direction différente de celui que nous connaissons aujourd’hui. Plus la divergence est lointaine et plus le monde est différent. Ainsi, les auteurs imaginent tour à tour un monde où la famille de Noé n’aurait pas été les seuls humains à survivre au déluge, un monde où Cléopâtre aurait causé la mort d’Octave avant qu’il ne devienne empereur, un monde où Trotski l’aurait emporté sur Staline dès les années 1920…

Une dimension historique

J’ai bien apprécié le principe de base de ce recueil de nouvelles, cette divergence du monde à partir d’un fait historique qui se serait déroulé un peu différemment. Le recueil suit l’ordre chronologique : dans la première, le point de divergence remonte à la Genèse, puis dans la seconde à la préhistoire, puis à l’époque romaine, etc. Cela donne au recueil une dimension historique que j’ai bien appréciée.

Un intérêt inégal

En ce qui concerne les intrigues en elles-mêmes, elles m’ont diversement intéressées. Certaines nouvelles m’ont captivées, comme « Le serpent qui changea le monde » de Fabrice Colin (surprenant n’est-ce pas ?) qui imagine une Afrique toute puissante, ou « Reich zone » de Xavier Mauméjan qui mêle les nazis et l’univers de la télévision. J’ai également bien apprécié « L’homme qui allait sauver le monde » de Chris Debien, une nouvelle relative au bug de l’an 2000. J’ai été moins emballée par « Après le déluge » de Pierre Pelot autour de Noé, ou « Pax bonapartia » de Johan Heliot.

Les personnages

Il est difficile de s’attacher à un personnage lors d’une nouvelle de trente pages, le caractère ne peut pas être très fouillé et nous n’avons pas l’occasion de les voir évoluer. J’ai néanmoins été assez marquée par Alice, l’héroïne de la toute dernière nouvelle, ou Jawaad et Quentin, les personnages de Fabrice Colin.

Des styles divers

Ce qui est sympa avec ces nouvelles écrites par différents auteurs, c’est de changer chaque fois de style et d’ambiance. Chaque auteur imprime sa « patte » sur le recueil. J’ai retrouvé avec bonheur la belle plume de Fabrice Colin qui m’a encore une fois enchantée, mais j’ai aussi apprécié l’ambiance de « L’affaire Marie Curie » de Laurent Genefort.

En quelques mots…

Ainsi, j’ai apprécié dans l’ensemble ce recueil de dix uchronies. En une trentaine de pages, les auteurs racontent chacun une véritable histoire avec une ambiance, même si j’ai été plus intéressée par certains intrigues que par d’autres. Une chose est sûre, cela m’a donné envie de lire un roman de Fabrice Colin sans trop tarder ! Un recueil qui plaira aux amateurs du genre à partir de 14/15 ans.

Note : 3/5
Stellabloggeuse
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« Réécrire l'Histoire n'est pas renier la nôtre, c'est montrer qu'à chaque pas tout peut basculer. Cela doit nous rendre très vigilants, nous ne devons pas croire que laisser faire certaines choses aujourd'hui, que l'on juge anodines,ne sera pas lourd de conséquences pour nos enfants. Je pense ainsi que aujourd'hui, notre vision de l'écologie et notre manière de gérer les ressources donneront demain, des profils de société radicalement différents. »

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Ce roman fait partie du challenge :


Challenge ABC 2015 : 12/26

samedi 21 mars 2015

Tous les héros s’appellent Phénix, de Nastasia Rugani : touchant et glaçant


« Tous les héros s’appellent Phénix » est le premier roman de Nastasia Rugani qui soit dédié à un public adolescent. Ce roman a rapidement fait l’unanimité parmi mes collègues, et mes jeunes lectrices qui ont commencé à le lire dans le cadre d’un prix littéraire. J’avais donc hâte de le découvrir à mon tour !

Résumé

Phénix, 17 ans et sa petite sœur Sacha, 8 ans, vivent seules avec leur mère Erika. Leur père a quitté brusquement le domicile un an auparavant, et Erika est souvent sur les routes pour son travail. Un soir, alors qu’elles se promènent à vélo, elles sont immobilisées par un pneu crevé. Mr Smith, le charismatique professeur d’anglais de Phénix, les raccompagne en voiture. Il va rapidement séduire leur mère. Mais sous ses airs lisses, il cache une sévérité et une colère qui enflent peu à peu…

Une première partie tendre et agréable

Ce roman se compose de deux parties distinctes. Dans la première, on fait connaissance avec Phénix et l’irrésistible Sacha, qui forment un tandem très tendre et très agréable. Nous découvrons leur personnalité (elles sont par exemple passionnées par les coléoptères) et les observons faire quelques belles rencontres. Phénix est en proie à un amour naissant envers Merlin, l’un des sportifs en vue du lycée. Elle nourrit des sentiments ambivalents envers son père absent. L’arrivée de Mr Smith dans leur famille apporte de la joie et de la douceur de vivre.

Une seconde partie glaçante

Mais peu à peu l’ambiance du roman change et bascule dans l’angoisse. Phénix découvre la violence et la manipulation et tente coûte que coûte de préserver Sacha. Elle découvre la peur, qui lui colle à la peau et ne la lâche plus. Elle repousse ceux qui pourraient lui venir en aide, paralysée par la peur et la honte, elle met son existence entre parenthèses. La fin survient un peu rapidement et brutalement, mais elle m’a plutôt satisfaite.

Les personnages

Les personnages de ce roman sont très réussis. Phénix est une jeune fille intelligente et cultivée. Dans la première partie du roman, elle est volontaire et optimiste. Dans la seconde partie, on ne la reconnaît plus, elle est éteinte, faible, elle a renoncé. Cela m’a serré le cœur. Sa petite sœur, Sacha, est un sacré personnage. Très intelligente du haut de ses 8 ans, elle cite des œuvres littéraires et des théorèmes mathématiques complexes. Mais elle est aussi en proie à de terribles crises d’angoisse. Mr Smith est un personnage ambivalent qui cache des failles et des blessures, et qui les fait payer aux autres. Enfin, Erika est une mère absente, peu affectueuse et égocentrique, que l’on a envie de secouer.

L’écriture

Quant à la plume, je l’ai trouvée agréable. Le roman est écrit à la première personne et au présent, nous sommes dans la tête de Phénix et nous faisons face aux événements en même temps qu’elle. Le ton est naturel, parfois tendre, parfois glaçant, parfois émouvant.

En quelques mots…

Ainsi, j’ai beaucoup aimé ce roman qui, après une première partie assez anodine et pleine de tendresse et de petites joies, bascule dans une ambiance glaçante et oppressante. Les personnages sont réussis et m’ont beaucoup touchée. La fin est un peu rapide, mais satisfaisante à mon goût. A découvrir à partir de 12/13 ans.

Note : 4/5
Stellabloggeuse
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« Finalement, j’apporte ma touche de bleu, le bleu Frida Kahlo, le bleu de la barque et du vélo, du ruban autour de ma clé et de mon pull préféré, le seul qu’Erika ait oublié de brûler car il se trouvait dans mon placard et non dans celui de Papa. Il s’agit avant tout du bleu des yeux de Sacha, la première fois qu’elle les a ouverts sur moi à la maternité, une couleur à jamais associée à ce que j’ai de plus précieux. »


« Si je pouvais faire confiance à Erika, je me comporterais comme une fille envers sa maman. Je lui proposerais de s’asseoir à nouveau, de m’écouter, et elle me croirait. Elle chasserait Smith puis nous nous enlacerions toutes les trois. Il n’y aurait pas besoin de grandes déclarations, juste le sentiment d’être mère et filles. Sauf qu’en réalité les mensonges d’un autre viennent de m’anéantir, de me reléguer au même rang que les objets de Papa.  Erika s’empresse de sortir de la chambre comme si la pièce était en feu. Moi non plus, je ne vaux plus la peine d’être sauvée. »

mardi 17 mars 2015

A comme association, tome 3, d’Erik L’Homme : L’étoffe fragile du monde


*Attention il s’agit du troisième tome d’une série, présence de spoilers sur les tomes précédents*

Après avoir beaucoup apprécié le premier et le second tome de « A comme association », c’est avec grand plaisir que j’ai retrouvé la plume d’Erik L’Homme dans ce troisième opus dont j’attendais une bonne dose d’humour et une folle aventure.

Résumé

Après sa mission réussie qui l’a vu terrasser un vampire et un démon, Jasper est néanmoins mis à pied pour avoir transgressé certaines règles fondamentales de l’Association. Il en profite pour donner un concert en compagnie de ses amies. Mais lorsqu’il reçoit un coup de fil d’Ombe lui laissant supposer que cette dernière est en danger, il n’hésite pas une seconde et part la rejoindre…

Du fantastique décalé et réjouissant

Ce tome se situe dans la droite lignée des deux premiers, celle d’un fantastique drôle et décalé qui s’amuse avec les codes du genre. Erik L’Homme nous fait entrer cette fois-ci dans l’intimité des trolls, pour notre plus grand bonheur. Nous découvrons leurs coutumes, certaines attendues, d’autres plus surprenantes !

Une intrigue un peu rapide

En ce qui concerne l’intrigue, elle est une nouvelle fois un peu légère même si elle est vive et riche en rebondissements. Le roman est assez court et les obstacles franchis facilement. Une nouveauté néanmoins, Jasper est aux prises avec ses sentiments, deux personnages se disputent une place dans son cœur et notre agent stagiaire est un peu perdu !

Les personnages

Jasper m’est toujours aussi sympathique avec sa manie des jeux de mots pourris et son don pour s’attirer des ennuis. Nous retrouvons également le troll Erglug dont Ombe avait fait la connaissance. Ce dernier est assez truculent grâce au paradoxe entre la brutalité du troll et son goût pour la philosophie et les citations. Ils forment tous deux un tandem assez irrésistible.

L’écriture

Le style d’Erik L’Homme me plaît toujours autant. Vive, bourrée de références littéraires, télévisuelles ou cinématographique, pleine d’autodérision, sa plume me réjouit.

En quelques mots…

Ainsi, ce troisième tome se place dans la lignée des deux précédents. Vif et drôle, il s’amuse avec les codes du fantastique en nous faisant côtoyer cette fois-ci des trolls. Néanmoins, je regrette que l’intrigue reste un peu légère, ce qui est dû à ce format court de 200 pages. La priorité est donnée à l’humour, pour une lecture détente sans prétention.

Note : 3,5/5
Stellabloggeuse
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« Je sais, j'ai l'air d'un cinglé. Je parle aux arbres. Je souris aux fleurs. Je caresse les pierres. Mais la folie est avant tout affaire de perspective. Personnellement, je trouve bien plus fou de croire que les arbres n'entendent pas. Que les fleurs n'aiment pas qu'on leur sourie. Que les pierres sont insensibles. La nature existe au-delà de la conscience humaine, elle est divine et autonome. Sans d'autre volonté qu'être. Le sorcier, d'ailleurs, n'essaye pas de penser la nature. Il se contente de la percevoir. De lui parler. De la séduire. »

« Comme l'affirme Gaston de Saint-Langers, qui s'y connaissait en la matière: "Détruire est une forme de construction, car elle permet sur le champ des ruines de faire pousser d'autres possibles". Vous devriez y réfléchir. »
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Ce roman fait partie des challenges :


Challenge ABC 2015 : 11/26




Challenge New Pal 2015 : 6/75

vendredi 13 mars 2015

L’âge des miracles, de Karen Thompson Walker : roman catastrophe et rêves adolescents


« L’âge des miracles » est le premier roman de l’américaine Karen Thompson Walker. A sa sortie en 2012 il a fait parler de lui sur la toile et récolté de bons avis, notamment celui de Cajou en qui j’ai toute confiance. Je l’ai donc sorti de ma PAL à l’occasion d’un club de lecture autour des catastrophes.

Résumé

Ce roman nous fait partager la vie de Julia, 12 ans, confrontée ainsi que l’humanité toute entière au ralentissement de la rotation de la Terre. Les jours s’allongent, d’abord imperceptiblement, puis de plus en plus vite. Pendant une année, les terriens découvrent peu à peu les terribles conséquences du ralentissement : les cultures qui meurent à cause de nuits trop longues, la gravité perturbée qui affecte animaux et humains…. Mais malgré cette atmosphère de fin du monde, Julia vit son adolescence et en connait les premiers émois.

Une atmosphère de fin de monde

J’ai apprécié dans l’ensemble ce roman contemplatif. En effet, il ne faut pas s’attendre à de l’action, nous sommes dans l’observation des phénomènes qui affectent la planète. Les autorités tentent bien de prendre quelques décisions, comme le maintien de l’ancien système horaire envers et contre tout, mais dans l’ensemble les humains sont impuissants. Les conséquences sont de plus en plus terribles et le lecteur se sent oppressé, pris au piège. La fin, très ouverte, permet de tout imaginer.

Une vie d’adolescente

Malgré les événements, Julia poursuit tant bien que mal sa vie d’adolescente. Elle continue à aller au collège, mais s’y trouve esseulée avec le départ de sa meilleure amie. Elle se préoccupe de son premier soutien-gorge, des poils sur ses jambes, et aimerait attirer l’attention du garçon qu’elle aime en secret. Elle assiste également au vacillement de sa famille, que le ralentissement affecte d’une manière inattendue. Le tout pourrait être plus développé et plus dense, mais cela ne m'a pas trop dérangée.

Les personnages

Julia n’est pas un personnage particulièrement marquant, mais c’est une jeune fille sympathique qui a la tête sur les épaules, même si elle a des rêves et des espoirs comme toutes les filles de son âge. Elle se sent seule et a le sentiment de ne pas savoir comment agir pour être appréciée des jeunes de son âge. Elle gère plutôt bien le ralentissement, ne cédant pas à la panique. Sa mère à l’inverse s’inquiète de tout, tandis que son père poursuit son existence comme si de rien n’était ou presque.

L’écriture

Quant à la plume, elle n’est pas mauvaise. Le roman est écrit à la première personne, nous sommes dans la tête de Julia, qui ne s’exprime pas en tant que personnage de 12 ans, mais en tant que jeune femme. Le style n’est donc pas enfantin. Il est assez simple mais correct et dénué de familiarités.

En quelques mots…

Ainsi ce titre oscille entre roman catastrophe et roman d’apprentissage, en faisant évoluer une adolescente dans une atmosphère de fin du monde. C’est un roman contemplatif, si vous attendez de l’action à la manière de « La 5e vague » vous serez déçu. Pour ma part je l’ai apprécié et j’estime qu’il peut être lu avec plaisir par des adolescents à partir de 13 ans et par des adultes.

Note : 3,5/5
Stellabloggeuse
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« A l’époque, on était trop préoccupés par la météo et la guerre pour s’intéresser à la révolution de la Terre. Des bombes explosaient continuellement dans les rues de pays lointains. Des ouragans allaient et venaient. L’été se terminait ; une nouvelle année scolaire commençait. Les horloges égrenaient, selon leur habitude, les secondes qui devenaient des minutes. Les minutes, des heures. Et rien ne suggérait que ces heures ne formaient plus des jours identiques, d’une durée équivalente et connue de tout être humain. »

« C’était le collège, l’âge des miracles, celui où les élèves prennent près de dix centimètres durant l’été, où les poitrines s’épanouissent d’un coup, où les voix plongent et s’envolent. Nos premières imperfections apparaissaient, mais on les corrigeait. Une mauvaise vue disparaissait grâce à la magie des lentilles de contact. Des dents de travers étaient réalignées grâce à un appareil. Une peau boutonneuse se voyait purifiée par l’application de produits chimiques. Certaines filles devenaient belles. Certains garçons devenaient grands. Quant à moi, je continuais à ressembler à une gamine. »
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Ce roman fait partie des challenges :


Challenge ABC 2015 : 10/26



Challenge New Pal 2015 : 5/75

lundi 9 mars 2015

La 5e vague, tome 2, de Rick Yancey : La mer infinie


*Attention il s’agit du second tome d’une trilogie, présence de spoilers sur le tome précédent*

Le premier tome de « La 5e vague » de Rick Yancey avait été pour moi une excellente surprise, un vrai page-turner angoissant et plein de rebondissements. J’étais donc très curieuse de découvrir la suite, en espérant être de nouveau happée par l’intrigue.

Résumé

Cassie, Sammy et Ben, accompagnés de Ringer, Teacup, Dumbo et Poundcake, ont trouvé refuge dans un hôtel désaffecté envahi par les rats. Enfin réunis, ils sont néanmoins divisés. Cassie, espérant qu’Evan ait survécu à l’explosion de Camp Haven, souhaite rester pour l’attendre, tandis que Ben et Ringer souhaitent partir au plus vite pour trouver un refuge plus sûr. Ringer part en reconnaissance…et tout dérape. Pourquoi les Autres s’acharnent ainsi sur les humains ? Pourquoi les faire douter alors qu’ils pourraient tout simplement les éliminer ?

Un tome plus complexe

Ce tome est quasiment aussi addictif que son prédécesseur, je l’ai lu très vite. Nous sommes toujours dans cette atmosphère oppressante et angoissante de fin du monde. Je l’ai trouvé en revanche plus complexe, plus difficile à appréhender notamment concernant les technologies utilisées par les Autres et les réflexions autour de leurs motivations. Il y a aussi quelques longueurs concernant la partie de l’intrigue qui se déroule à l’Hôtel.

Une dernière partie passionnante

En revanche, j’ai trouvé la partie concernant Ringer absolument passionnante, entre stratégie, manipulation, trahison. Une véritable partie d’échec, un jeu qu’elle affectionne. Au contact des Autres, c’est elle qui nous apportera à la fin du roman une explication assez bluffante concernant les raisons et les modalités de leur invasion. Pour ma part, je n’y avais pas pensé. Le lecteur y voit plus clair, mais tout n’est pas révélé pour autant, il reste un suspense important.

Les personnages

Sam, Ben et Cassie sont un peu en retrait dans ce tome, surtout en ce qui concerne cette dernière. Leurs personnalités sont moins mises en avant avec l’effet de groupe, et il y a également moins d’émotions dans ce tome. On en apprend davantage sur Poundcake, mais surtout sur Ringer qui est vraiment mise au premier plan. Je me suis attaché à cette jeune fille, à sa rage et à son intelligence, sa capacité à tuer et à survivre sans perdre pour autant son humanité.

L’écriture

Quant au style il est tout à fait similaire à celui du premier tome. Simple, efficace, assez riche en description. Je regrette toujours le registre de langage très familier, l’usage récurrent du mot « cul » ou de termes tels que « salope ». Encore une fois, je veux bien que l’on ne s’encombre pas de politesses quand la fin du monde menace, mais cela m’embête dans un roman destiné à un public adolescent.

En quelques mots…

Ainsi, j’ai apprécié ce second tome qui est à la hauteur du premier. Il est un peu plus difficile d’accès, plus complexe et difficile à appréhender. Il comporte également moins d’émotions. Mais j’ai été passionnée par la partie concernant Ringer et les explications qu’elle nous apporte. Vivement le tome 3, qui sort cet automne ! Pour les grands adolescents à partir de 15/16 ans et les adultes.

Note : 4/5
Stellabloggeuse
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« Jusqu’à présent, j’avais toujours cru que les Autres n’éprouvaient rien envers nous, mis à part du dédain, mêlé peut-être d’un peu de dégoût, comme ce que nous ressentons envers les rats, les cafards, les punaises, et toute autre forme inférieure et dégoûtante de vie. […] Je n’avais jamais songé que le simple fait de nous tuer n’était pas suffisant. »

« Nous sommes ici, puis nous disparaissons, et c’était déjà vrai avant leur arrivée. Cela a toujours été vrai. Les Autres n’ont pas inventé la mort, ils l’ont juste perfectionnée. Ils ont donné à la mort notre propre visage parce qu’ils savaient que c’était le seul moyen de nous exterminer. »

« Je suis humaine. Et je ne le suis pas. Je remonte vers l’étoile qui brille dans la voûte de glace, telle une déesse émergeant des profondeurs primales, complètement humaine, entièrement alien, et à présent, je comprends : je connais la réponse au mystère, à l’énigme que représente Evan Walker. »
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Ce roman fait partie des challenges :


Challenge ABC 2015 : 9/26


Challenge New Pal 2015 : 4/75

Challenge 100% R : 22e lecture

mardi 3 mars 2015

Constellation, d’Adrien Bosc : un roman qui se lit comme un documentaire

[Stock, 2014]

Me revoilà aujourd’hui avec un roman de la Rentrée littéraire 2014. Après ma déception envers « Charlotte » de David Foenkinos, je me suis attaquée à un autre prix littéraire de la saison, « Constellation » d’Adrien Bosc, reçu en livre voyageur grâce aux matchs de la Rentrée littéraire Price Minister. Je n’ai pas pu le lire à temps que mon avis soit pris en compte dans le cadre des MRL2014, mais je souhaitais tout de même le lire rapidement.

Résumé

Avec ce premier roman, Adrien Bosc revient sur le crash du « Constellation » le 27 octobre 1949, l’avion dans lequel a péri le boxeur Marcel, la prodige du violon Ginette Neveu…en tout 48 destins brisés qui se sont trouvés là pour une multitude de raisons. L’auteur s’efforce de nous faire comprendre les raisons du crash, mais aussi et surtout appréhender ces destins brisés.

Comme un documentaire

S’il s’agit du premier roman de l’auteur, il est pour moi plus proche du documentaire. En effet, Adrien Bosc a effectué un gros travail documentaire pour réunir des informations sur les passagers de l’avion, sur le déroulé du vol et l’enquête qui a suivi le crash. Il nous offre ainsi davantage une collection d’informations biographiques qu’une véritable histoire, jamais il ne se met dans la tête de ses personnages, jamais ceux-ci ne s’expriment directement.

Une lecture intéressante

Dans l’ensemble, j’ai trouvé ce récit et cette réflexion plutôt intéressants, même s’il y  a quelques longueurs. L’auteur met en évidence les coïncidences, les faisceaux de causes qui, mises bout à bout on conduit l’avion à s’écraser et chacune de ces personnes à trouver la mort. Il s’attache aussi aux miraculés, ceux qui pour une raison ou pour une autre ne sont finalement pas montés dans cet avion. Mon bémol, c’est que tout ce récit est un peu « sec », objectif et manque d’humain, même si l’auteur s’en explique à la fin du roman.

Les personnages

Sur quelques pages, l’auteur parvient à donner vie aux personnages, à nous donner un aperçu de leur existence. Certains destins sont hors normes, comme celui de Kay Kamen cet homme qui est à l’origine des produits dérivés Walt Disney, du peintre Bernard Boutet de Monvel, ou encore la violoniste prodige Ginette Neveu. D’autres, plus modestes, partent chercher fortune en Amérique, dans les fermes ou l’industrie. Quant à Marcel Cerdan, déjà bien connu, il est plutôt en retrait.

L’écriture

Quant au style, il est assez affirmé pour un premier roman, assez encourageant, même si je l’ai trouvé un peu ardu. Les phrases sont souvent longues, avec beaucoup de juxtapositions, qui donnent un effet « liste ». Il faut un peu de temps pour s’y habituer, mais une fois dedans on ne bute quasiment plus.

En quelques mots…

Ainsi, j’ai trouvé que ce roman, qui se lit en fait comme un documentaire – à petite dose afin d’éviter l’effet d’accumulation – plutôt intéressant. Il met en lumière les raisons multiples qui ont poussé ces 48 personnes à s’écraser sur le Mont Redondo, des destins et des coïncidences, funestes ou miraculeuses selon les cas. A lire pour s’informer, sans s’attendre à voir les personnages acteurs de l’histoire, car il y a peu d’humain dans ce roman. Merci à Oliver Moss et Price Minister pour cette découverte.

Note : 3/5 (13/20)
Stellabloggeuse
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« Un concours infini de causes détermine le plus improbable résultat. Quarante-huit personnes, autant d’agents d’incertitudes englobées dans une série de raisons innombrables, le destin est toujours une affaire de point de vue. Un avion modélisé dans lequel quarante-huit fragments d’histoires forment un monde. »

« Il m’avait fallu me rendre aux Açores pour entendre la résonance intime de ces hommes et de ces femmes qui avaient vécu et aimé. Il m’avait fallu atteindre le port de Ponta Delgada, marcher le long des sentiers du Mont Redondo, observer, tard, le ciel, et tôt, le rivage, pour apercevoir l’illusion d’une distance au cœur du roman. Comprendre qu’en éloignant la mélasse de mes sentiments j’accosterais, au terminus, en terrain connu, y trouverais des réponses, mettrais un pied devant l’autre, à nouveau. Il faudrait le cœur en vrac toujours partir en quête de baleines. »
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Ce roman fait partie des challenges :


Challenge ABC 2015 : 8/26



Challenge New Pal 2015 : 3/75