vendredi 20 février 2015

Une vie merveilleuse, de Dominique Brisson : une vie passée au crible des 26 lettres de l’alphabet

[Syros, 2014]

Je n’avais encore jamais lu de roman de Dominique Brisson avant ce jour. Alors que j’examinais la dernière commande arrivée à la bibliothèque, je suis tombée sur ce roman en forme d’abécédaire, et j’ai été intriguée par le concept.

Résumé

Dans sa chambre qu’il partageait autrefois avec sa sœur, Yanis parcourt l’abécédaire qui a suivi cette dernière depuis sa tendre enfance. Il en parcourt les contours, ce qui lui permet de revenir sur l’existence de cette sœur désormais absente, de leurs relations, et de la lente descente aux enfers de la jeune fille qui s’enfonce dans une forme de dépression rageuse…

Une structure intelligente

L’idée d’utiliser un abécédaire pour écrire un roman est intéressante et ludique (même s’il me semble qu’elle a déjà été utilisée), d’autant plus que c’est bien fait, il n’y a pas ce côté artificiel que l’on pourrait craindre. Nous nous imaginons sans peine ce jeune garçon de douze ans en train de parcourir l’abécédaire de sa sœur. Cette structure particulière nous donne des éléments sur leur existence à tous les deux, sans tout révéler non plus, il nous faudra lire entre les lignes

Mal-être et force

Le mal-être de la jeune fille est au centre du roman. Yanis nous explique comment sa sœur, ronde et solaire, est devenue peu à peu une ombre dévorée par la colère. Il ne comprend pas bien l’origine de ce mal, il est, tout comme le lecteur, un spectateur impuissant. Mais tout n’est pas noir car Yanis nous montre que malgré ses errances, sa sœur est parvenue à lui donner de la force, une capacité à tout affronter.

Les personnages

Yanis est un jeune garçon assez mûr pour son âge, et totalement dévoué à sa sœur. Il va aller jusqu’à lui faire ses devoirs pour lui éviter des ennuis ! Il est pourtant chétif et malmené par les autres, mais la détresse de sa sœur va l’amener à prendre le dessus sur ses faiblesses. C’est un personnage assez attachant. Quant à sa sœur, elle est lunatique et colérique mais, même si on ne la comprend pas, on ne parvient pas à lui en vouloir tant Yanis l’aime.

L’écriture

L’écriture est simple et abordable, l’auteure s’exprime par la bouche de Yanis, âgé de douze ans. Mais avec ces mots qui n’ont rien de compliqué, l’auteur parvient quand même à faire ressortir toute la complexité de ses personnages et de leurs sentiments.

En quelques mots…

Ainsi, j’ai été plutôt convaincue par ce roman en forme d’abécédaire, cet hommage d’un jeune garçon à sa sœur qui lui en aura pourtant fait baver, mais qui lui a transmis sa force. La plume facilement abordable le rend accessible dès 10 ans, mais pour pleinement appréhender la thématique un peu difficile, je le conseillerais plutôt à partir de 12 ans.

Note : 3,5/5
Stellabloggeuse
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« Maintenant, je me dis que ce secret est peut-être une chance, car grâce à lui, tous les soirs, avec l’abécédaire qui a migré de son mur sur le mien, je refais vibrer nos vies, je m’applique à coudre et à recoudre, en caressant à mon tour les petites aspérités du tissu, les idées et les émotions qui ont pu traverser son cerveau. Et ainsi, je peux trouver le bonheur et enfin m’endormir, avec en toile de fonds l’écho joyeux de nos pas sur la longue passerelle de fer qui enjambe la route et que nous empruntions tous les jours sur le chemin du collège. »


« Et même quand je passe la porte de notre chambre vidée de sa substance, que mes yeux se posent sur l’angle du mur que ma sœur a usé de ses rêves, je trouve que j’ai de la chance d’abriter dans mon cœur l’image de cette jeune fille à qui j’ai tout donné et qui en échange m’a légué cette force incroyable. »

2 commentaires:

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