samedi 31 janvier 2015

Force noire, de Guillaume Prévost : un roman historique très humain

[Gallimard, 2014]

Il est de ces romans qui vous parlent d’Histoire avec beaucoup d’humanité, et qui savent vous la faire aimer, ressentir. Dernier exemple que j’ai en tête, du côté des adultes, « Kléber » de Henri Courtade autour de la bataille de Verdun. Côté jeunesse et ado, « Force noire » de Guillaume Prévost possède cette même qualité, celle de faire vivre l’Histoire en plus de la raconter.

Résumé

Alors qu’elle est en colère contre ses parents et qu’elle veut se cacher dans l’un des greniers de son immeuble, Alma rencontre Bakary, un octogénaire plongé dans ses souvenirs. Il va lui raconter sa vie, et surtout sa guerre, lui qui s’est engagé en 1915 dans l’espoir de retrouver son frère porté disparu. Il a affronté des combats violents au sein de la Force noire, régulièrement envoyée en première ligne, mais aussi le racisme quotidien des officiers et des populations…

Une histoire bien menée

C’est un roman très réussi. Bakary commence par raconter à Alma son enfance au Mali, au sein d’une famille de guerriers réputés. Son engagement dans la guerre de 14-18 commence ensuite par un entraînement à Fréjus, où il fait connaissance avec ses camarades de combat et ses supérieurs. Puis enfin les combats et la vie dans les tranchées, entrecoupée de permissions et de blessures. L’ensemble est bien mené, on a envie de connaître la suite, tout comme Alma. La fin est également réussie, bien dans l’esprit africain et ses légendes, et agrémentée d’un secret de famille. Seul bémol, Bakary traverse peut-être cette guerre un peu trop facilement.

Beaucoup d’humanité

La force du roman, c’est son humanité. C’est un roman solaire, on s’attache facilement à Bakary et il noue une jolie relation avec Alma, très spontanée. Nous vivons la guerre de l’intérieur, des amitiés se nouent, des inimitiés également. Il y a des lâches et des courageux. Même l’amour a sa place dans cette guerre. En plus des allemands, les tirailleurs sénégalais doivent affronter le racisme quotidien de leurs supérieurs et des populations. Considérés comme des sous-hommes, ils ne bénéficient d’aucune gratitude et n’ont pas vraiment de perspective d’avenir.

Les personnages

Alma est une collégienne dotée d’un fort caractère, qui représente cette jeunesse que l’Histoire ennuie. Pourtant, le destin de Bakary lui importe beaucoup, elle est emportée par ce qu’il lui raconte et réagit vivement à certains événements. Sa propre histoire n’a pas grand intérêt en tant que telle, elle permet surtout de mettre en valeur celle de Bakary. Ce dernier est très attachant. Il n’a pas été à l’école, mais il a la tête sur les épaules et il a beaucoup appris par lui-même. Il est loyal et pense au bonheur des autres avant de penser au sien. Il croise toute une galerie de personnages, le Siffleur et son talent particulier, Goliath et son handicap, l’Intellectuel, la belle Jeanne…

L’écriture

Quant au style d’écriture, il est agréable, simple et abordable sans être pauvre. La lecture est fluide, les pages se tournent toutes seules. Grâce à la discussion entre Alma et Bakary, il y a une certaine vivacité, de la spontanéité. C’est donc un roman qui peut être lu et apprécié dès 11/12 ans.

En quelques mots…

Ainsi, Guillaume Prévost propose ici un roman historique très humain. C’est une vision de la guerre de 14-18, mais aussi le destin d’un homme très attachant qui fait face au racisme et à la lâcheté avec bonhomie. Ses souvenirs sont précieux et il s’efforce de les transmettre à Alma avant qu’il ne soit trop tard. A lire dès 11/12 ans.

Note : 4/5
Stellabloggeuse
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"C'est le propre des jeunes gens que de courir vers le précipice les yeux fermés. Ce n'est qu'après, en se retournant, qu'ils réalisent à quoi ils ont échappé."

"Mais dans l'esprit des généraux, la Force noire devait impressionner ses adversaires. Un déferlement d'africains brandissant leur coupe-coupe en hurlant, prêts à taillader et à découper tous ceux qui se mettraient en travers de leur route... Nous avions la réputation de barbares sans pitié, et c'est précisément ce que souhaitait l'état-major."

"Si je te dis ça, c'est pour que tu comprennes que nous n'étions pas des héros, juste des pauvres gars ballottés sur un océan de violence. A la guerre, seul le pire est toujours certain... Et malgré tout, il faut continuer à vivre, n'est-ce pas ? La première fois que je me suis battu pour de vrai, j'étais convaincu que je ne tiendrais pas trois jours. Trois ans plus tard, j'y étais encore."

"Durant les phases d'attaque, au moins, nous pensions à sauver notre peau, et à rien d'autre. Mais il y avait le reste du temps... Tout le reste du temps. D'interminables journées à camper dans la boue, avec le froid qui glaçait les uniformes mouillés, les poux qui vous suçaient le sang sous le casque et dans les moindres replis du corps, les rats qui vous détalaient entre les jambes ou vous grignotaient dès que vous aviez le malheur de vous assoupir."
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Ce roman fait partie du challenge :


Challenge ABC 2015 : 5/26

mardi 27 janvier 2015

Carabosse, de Michel Honaker : une réécriture tout en finesse de la Belle au Bois Dormant

[Flammarion, 2014]

Les réécritures de contes de fées sont assez courantes en ce moment en littérature jeunesse et adolescente (« Animale » de Victor Dixen, « Cinder » de Marissa Meyer, ou « Au Bois Dormant » de Christine Féret-Fleury) et à la télévision avec la série « Once Upon a time ». J’avais notamment beaucoup aimé « Loup y es-tu ? » de Henri Courtade, paru un peu avant cette « mode », un roman qui se réapproprie subtilement les contes de fées. Cette fois-ci, je me suis penchée sur « Carabosse » de Michel Honaker.

Résumé

Alors qu’il s’est réfugié dans le manoir de son père pour la nuit, Cara s’éprend de Florestan, roi de Vaudémont. Lorsqu’il lui préfère sa sœur, Eléonor, elle se laisse dévorer par la jalousie et prendre par le Vent Mauvais. Elle maudit leur descendante, condamnée à périr le jour de ses 18 ans…

Une réinterprétation intelligente

Avec ce roman, Michel Honaker donne une épaisseur toute nouvelle au conte de « La Belle au Bois Dormant », qu’il revisite intelligemment. Il se penche sur les origines de la légende en revenant sur la jeunesse de Carabosse et des parents d’Aurore. Il s’intéresse aux fées et à leurs interférences avec le monde mortel. Plus qu’un conte, il en fait une légende, une épopée avec toute une galerie de personnages. Il y a dans ce roman une certaine complexité, une exigence que j’ai apprécié pour ma part, mais qui le rend difficilement abordable pour des adolescents avant 14 ans.

Petit bémol, j’ai été un peu déçue par la dernière partie et par la fin, trop simpliste à mon goût. J’aurais notamment aimé en savoir plus  sur l’évolution de la société en ce nouveau siècle.

Les personnages

Cette réécriture donne davantage d’importance à Carabosse, la mauvaise fée, à sa personnalité et à ses motivations. C’est un personnage complexe, pas entièrement mauvais, mais incapable d’aimer les autres alors qu’elle se déteste elle-même. La princesse Aurore a un rôle mineur, elle n’est pas au centre de l’histoire, tous les personnages ont un rôle et une importance, et particulièrement Trublion, le fou du roi, finalement le plus sage d’entre tous.

L’écriture

L’écriture est l’autre point fort du roman. La plume est légèrement désuète,  elle prend son temps et est parfaitement adaptée à ce monde de rois et de magie. L’auteur se fait conteur, avec des accents poétiques et prophétiques. Je n’ai pas lu d’autres romans de Michel Honaker, donc je ne peux pas comparer, mais j’ai vraiment apprécié le style développé ici, même s’il est ardu pour les plus jeunes.

En quelques mots…

Ainsi, j’ai beaucoup apprécié cette réinterprétation intelligente et étoffée du conte de la Belle au Bois Dormant qui fait la part belle aux fées et au fou du roi. J’aurais même mis un 4/5 si la fin ne m’avait pas déçue par sa simplicité. En revanche, j’ai beaucoup aimé la plume, un peu ardue mais poétique et enchanteresse. Pour les bons lecteurs à partir de 14 ans.

Note : 3,5/5
Stellabloggeuse
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« De grands changements étaient encore en marche, conduits par un entrelacs d’actes regrettables et malencontreux, de sentiments puissants, et d’ambitions monstrueuses. La folie des hommes pouvait les conduire tous à l’abîme. Mais plus encore l’humanité des fous. »

« Et soudain, dans cette atmosphère de recueillement si paisible, qui serrait d’émotion le cœur des participants, un violent courant d’air glacé s’invita et souleva les tentures. Sur le seuil de la porte, une haute silhouette voûtée revêtue d’une traine noire à parements d’argent se présenta, de sorte qu’on eût juré voir un grand vautour jeté là par une bourrasque. »

« Rien ne peut plus être comme avant. Il en est de la marche du monde comme d’une rivière qui s’écoule. Nul ne peut la faire retourner à la source. A ceux qui réprouvent ce qui va de l’avant, pour le meilleur et pour le pire, qu’ils restent sur le côté. »
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Ce roman fait partie du challenge :


Challenge ABC 2015 : 4/26

samedi 24 janvier 2015

Le royaume des cercueils suspendus, de Florence Aubry : un roman hors du temps

[Le Rouergue, 2014]

Il est des romans qui vous emportent hors du temps et de la réalité, qui vous emmènent complètement ailleurs. C’est le cas du dernier titre de Florence Aubry, « Le royaume des cercueils suspendus ».

Résumé

Dans un petit village vit une tribu, le peuple Bââ, qui suit des traditions ancestrales. Lorsqu’ils deviennent des hommes, les jeunes garçons déploient leurs ailes lors d’une grande cérémonie. Mais Huang n’en a pas. Considéré comme un imposteur, il est emprisonné dans une grotte à flanc de falaise, et condamné à mourir. Sa fiancée Leï a l’espoir de le sauver tandis que Xiong, son ancien meilleur ami dévoré par la jalousie, aimerait lui faire plus mal encore. Lou-Ki, quatrième membre du groupe et laissée pour compte, essaie maladroitement de tirer les ficelles…

Un roman à part…

Ce roman a le mérite d’être très original. Il nous emmène au sein d’une tribu qui nous rappelle d’anciennes civilisations asiatiques, dont le quotidien est nourri de rites suivis scrupuleusement. Découvrir ces traditions, les légendes anciennes et les divinités de ce peuple nous emmène ailleurs et nous fait voyager. Une toute petite touche de fantastique ajoute au dépaysement.

…des adolescents comme les autres

Mais cette histoire pourrait aussi être vécue par des adolescents d’aujourd’hui. Il y est question de premières amours brûlantes, et de jalousies dévorantes qui ont empoisonné les rapports entre ces jeunes gens qui étaient pourtant d’excellents amis ; à l’aube de leurs vies d’adultes, ils cherchent leur place dans la tribu et les derniers événements auront une importance capitale.
Ainsi, cette histoire nous fait naviguer entre roman initiatique et immersion dans une civilisation et dans ses traditions, en mettant au centre le devenir de Huang.

Les personnages

Huang est adolescent qui a une personnalité douce et sereine. Condamné à mort, il prend tout de même le temps de la réflexion et reste capable d’agir intelligemment. Quant à Leï, elle oscille entre un désespoir dévastateur et un espoir fou, sa vie est comme suspendue durant ces quelques jours. Xiong et Lou-Ki sont dévorés par la jalousie. Mais si le premier est encore capable de discernement, la seconde est complètement aveuglée par des sentiments inventés de toutes pièces. Dernier personnage mis en avant, le père de Huang lève le voile sur les origines du jeune homme, incarnant la culpabilité.

L’écriture

L’écriture de Florence Aubry est très belle, elle participe à l’ambiance particulière du roman. Poétique et exigeante, elle demande la pleine attention du lecteur pour être savourée, sans être non plus hors de portée. Les très courts chapitres incitent le lecteur à lire sans s’arrêter, et les changements de point de vue sont bien utilisés pour nous dévoiler l’histoire dans toute sa complexité.

En quelques mots…

Ainsi, ce titre est très original, entre le roman initiatique et la découverte d’une civilisation ancienne, qui vit selon des traditions profondément ancrée. C’est un roman où l’on prend le temps de décortiquer le quotidien et les rapports entre les quatre adolescents. Il plaira à ceux qui aiment les romans contemplatifs et poétiques. C'est une parenthèse hors du temps, qui vous fera voyager et méditer. Pour les bons lecteurs à partir de 14/15 ans.

Note : 3,5/5
Stellabloggeuse
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« Si je meurs si vite, là, bêtement accroché à la montagne, qui saura, pour les artifices ? Mon père est trop vieux, je suis devenu sa mémoire. Il a déposé depuis longtemps entre mes mains toutes ses connaissances, et rempli de bien d’autres choses la place libérée dans son esprit. Qui saura ébranler, bousculer le ciel à grand coups de gerbes lumineuses, étincelantes, rouges, jaunes, vertes, le soir de la fête de la lune ? »


« Les masses alors s’agitent, vibrent et se déploient. Ce qui ne semblait être que deux amas se révèle être ce qu’ils sont finalement : deux membranes d’une finesse extraordinaire, qui à contre-jour du feu laissent apparaître un réseau de veines bleues fines et délicates. Deux ailes. Ces ailes qui font depuis la nuit des temps de chaque homme du village un Bââ. »

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Ce roman fait partie du challenge :


Challenge ABC 2015 : 3/26

mercredi 21 janvier 2015

1, 2, 3…foulard, d’Eric Sanvoisin : un roman maladroit sur un thème difficile

[Gründ, 2014]

Je n’avais encore jamais lu de roman d’Eric Sanvoisin, un auteur réputé pour s’intéresser à des thèmes difficiles dans ses romans jeunesse. C’est désormais chose faite avec « 1, 2, 3…foulard ».

Résumé

Charlotte, âgée de 12 ans, a connu des moments difficiles. Placée dans une famille d’accueil qu’elle considère comme ses véritables parents, ses souvenirs d’enfance lui donnent encore des cauchemars. Elle est pourtant heureuse, jusqu’à son entrée au collège qui la déstabilise. Elle se fait alors une place dans un petit groupe mené par le beau Jordan, qu’il a baptisé « Le clan des étoiles filantes », et qui pratique le jeu du foulard en cachette des adultes…

Un thème difficile, un traitement maladroit

J’ai regretté que dans ce roman, le thème du jeu du foulard soit abordé au travers d’une adolescente « à problèmes ». En effet, n’importe quel enfant ou adolescent peut-être confronté à ce jeu, il n’y a pas besoin pour cela qu’il soit particulièrement mal dans sa peau. Pour moi, le fait de mettre en rapport ce thème avec le malaise de Charlotte vis-à-vis de ses origines et de sa mère biologique enlève du poids à cette histoire et au message de l’auteur, le mélange m’a quelque peu dérangée. Ajoutons à cela quelques éléments peu crédibles (notamment dans les rapports entre les adolescents) qui font que je suis un peu restée en dehors de ce roman.

Pour le reste, cette histoire met bien en valeur l’embrigadement dans le jeu, l’effet de groupe lorsque personne n’ose dire qu’il a peur ou demander aux autres d’arrêter, et les conséquences parfois dévastatrices de ce jeu sur la santé des adolescents.

Les personnages

Charlotte est une adolescente timide, que le collège impressionne par le nombre d’élèves qu’il accueille. Elle est terrifiée, elle rase les murs, mais elle souhaite trouver sa place. Elle est également hantée par les souvenirs qu’elle garde de sa mère biologique, et perturbée par les tentatives de cette dernière pour récupérer sa garde. Enfin, c’est une jeune fille amoureuse et donc complètement aveugle… Quant aux autres adolescents, plutôt perfides et manipulateurs, j’ai eu beaucoup de mal avec eux. Les rapports qu’ils entretiennent au sein de ce petit groupe sont assez malsains. 

L’écriture

Quant à la plume, elle est assez simple, nous sommes dans la tête de Charlotte, c’est elle qui s’exprime à la première personne, du haut de ses douze ans. L’ensemble est fluide et plutôt agréable.

En quelques mots…

Ainsi, c’est un roman qui s’empare d’un thème difficile mais qui, à mon sens, le fait maladroitement, en mettant au centre de ce jeu du foulard une adolescente mal dans sa peau et hantée par ses origines. Il reste néanmoins agréable à lire et Charlotte est assez attachante, ce qui n’est pas le cas de ses camarades qui entretiennent entre eux des rapports assez malsains. Pour les adolescents à partir de 13 ans.

Note : 2,5/5
Stellabloggeuse
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«Pendant une seconde, je me suis interrogée sur la possibilité que le voyage soit sans retour. J’avais les mains moites. J’ai cherché le regard de Jordan. Son sourire m’a rassurée. Coraline était encore plus tendue que moi, mais elle a laissé Vanessa s'occuper d'elle. On s’est fixées avec de grands yeux. Ensuite… Eh bien ensuite, un spasme m’a déchiré la poitrine et je suis partie sur la lune ! »


« Tout rentrait dans l’ordre, sauf qu’il m’avait déjà trahie une fois et qu’il pouvait recommencer. Je devais garder ça à l’esprit et ne pas trop me faire d’illusions sur la durée de notre idylle. Mais j’étais une fille amoureuse. J’avais le cœur à la place du cerveau. »

lundi 19 janvier 2015

Concours "L'épopée du perroquet" de Kerry Reichs - Les résultats !

Bonsoir, bonsoir

Me voilà ce soir pour vous livrer les résultats du concours pour remporter "L'épopée du perroquet" de Kerry Reichs !


J'ai reçu 20 participations pour ce concours, merci à tous pour votre enthousiasme, je suis heureuse de voir que ce titre vous fait envie. J'ai du refuser une seule participation, pour cause de mauvaise réponse à la question éliminatoire.
8 personnes ont bénéficié d'une chance supplémentaire grâce à leur abonnement sur Twitter.

Mais trêve de blabla, passons aux résultats délivrés par "The Hat" !


La gagnante est donc ALOUQUA !

Bravo à toi, j'espère que tu te régaleras avec ce titre !
Je te laisse me contacter pour me donner ton adresse postale, à cette adresse mail ou via la messagerie privée de la page Facebook.

L'envoi sera effectué par Amazon, et je ne pourrai être tenue responsable en cas de perte/vol du lot.

Bonne soirée à tous et à bientôt !

Stellabloggeuse

samedi 17 janvier 2015

Hope, de Xavier Deutsch : la quête de l’âme sœur dans l’Amérique des années 50

[Mijade, 2014]

Me revoilà avec une nouvelle découverte, un roman assez surprenant, j’ai nommé « Hope » de Xavier Deutsch, un auteur belge que je ne connaissais pas jusqu’ici.

Résumé

Sheridan, Wyoming, en 1952. Comme tous les matins, le jeune Joseph Petersen fait sa tournée, il livre les journaux. Arrivé chez le garagiste monsieur Carlson, celui-ci dévoile une nouvelle page de son calendrier de pin-up. En découvrant la fille de septembre, Joseph a un coup au cœur, il a la sensation qu’elle lui est destinée et qu’elle l’attend… Il décide de l’appeler Hope et de la ramener à lui.

Un cheminement intérieur

C’est un roman assez contemplatif que nous propose l’auteur. En effet, il ne se passe pas grand-chose, l’essentiel du roman tourne autour du cheminement intérieur de Joseph. Cela commence par l’acceptation des sentiments qui naissent en lui, puis la décision de retrouver cette jeune fille. Viennent ensuite la mise en place d’un plan, et son exécution. Cette quête évoque le rêve américain avec un grand R, cette Amérique où tout est possible. Pour ma part, j’ai trouvé que cela manquait de crédibilité.

L’Amérique des années 50

Cependant, j’ai aimé le contrepoint fait à cette histoire un brin angélique. En effet, nous baignons dans l’Amérique des années 50, alors que les Etats-Unis s’apprêtent à voter massivement pour Eisenhower. Les Indiens sont regardés de travers et suspectés de tous les maux, les communistes sont traqués, et une personne du Wisconsin est déjà regardée comme une étrangère.

Les personnages

Joseph est un personnage doté de nombreuses qualités. C’est un jeune homme droit, qui tient sa parole. Il est écouté et respecté par les adultes qui l’entourent (peut-être un peu trop, je n’y ai pas vraiment cru). Il est innocent, pur, on le devine par exemple à sa manière de réfléchir sur les communistes. Il est entouré de toute une galerie de personnages qui croient en lui et que j’ai plutôt apprécié.

L’écriture

Quant à la plume, je l’ai beaucoup aimée, même si j’ai parfois buté à la lecture. C’est un style assez exigeant, les phrases sont parfois longues et/ou complexes. Mais certains passages sont vraiment très beaux, et une fois entrés dans l’histoire, tout est plus fluide. En revanche, je ne pense pas que ce roman soit accessible  avant 15 ans, et il me semble qu’il parlera finalement davantage aux adultes.

En quelques mots…

Ainsi, ce roman nous propose une part du Rêve américain, de partir en quête d’une âme sœur, un chemin qui est avant tout intérieur. Le tout avec une certaine dose d’angélisme parfois peu crédible, mais dans le cadre des Etats-Unis des années 50 qui n’ont rien de tendre. J’ai apprécié l’écriture, mais dans l’ensemble ce roman me semble davantage s’adresser à des adultes.

Note : 3,5/5
Stellabloggeuse
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« Il avait dans le torse une chaleur, cette impression que l’on éprouve quand on est jeune et que l’on avale une gorgée de whisky dans le verre de son père. Il accéléra. Le ciel, devant lui, était limpide et bleu. Le soleil se rapprochait de la cime des montagnes, les forêts s’étalaient, d’un vert puissant. L’univers semblait s’être agrandi. Pour un peu, on aurait pu en entendre les craquements. »


« Il filait, il se fabriquait du vent à lui-même. Comme s’il cherchait, sans y penser, à se nettoyer de quelque chose. Mais de quoi ? Son cœur était lourd de brouillard et d’eaux. Des étincelles d’écume lui jaillissaient des yeux et, pareil aux animaux, il obéissait à l’impulsion de la survie en allant vers ce qui lui était sûr, vers ce qui lui était bon. Vers le refuge, la guérison, la propreté. »

mardi 13 janvier 2015

Belle gueule de bois, de Pierre Deschavannes : un petit roman très puissant

[Le Rouergue, 2014]

Parfois, des romans sur lesquels vous ne vous seriez pas arrêtés au premier abord vous surprennent agréablement. Cela a été le cas avec « Belle gueule de bois », premier roman de Pierre Deschavannes.

Résumé

Dans ce roman en partie autobiographique, l’auteur évoque son père et son alcoolisme. Entre eux, malgré l’alcool et ses dérives, et les incompréhensions qui s’ensuivent, il y a beaucoup d’amour. Mais la soif de liberté de Pierre le pousse à vouloir ouvrir ses ailes…

Un petit roman très puissant

Ce roman est très court, moins de soixante-dix pages, aussi il est difficile d’en parler sans tout raconter, mais je vais m’y essayer. Tout d’abord, sachez qu’il est illustré par l'auteur, des illustrations en noir et blanc, sombres et confuses, qui illustrent bien l’état d’esprit du narrateur. Et que malgré sa brièveté, il est très fort.

Beaucoup d’amour

Au centre de ce roman, les rapports père/fils entachés par l’alcool, mais plus solides qu’ils n’y paraissent. Quand Pierre a vraiment besoin de lui, son père est là, à sa façon un peu maladroite. L’amour qu’ils se portent est palpable. Mais Pierre est aussi épris de liberté, en révolte contre le système, notamment scolaire. Il rêve de disparaître dans la nature, de créer son propre chemin. Mais pour cela il doit couper le cordon…avec son père.

Les personnages

On s’attache assez facilement au duo formé par Pierre et son père. Tous deux ont un côté sombre, mais ils sont soudés, malgré leurs désaccords. Le père de Pierre semble mieux comprendre son fils que la plupart des individus sobres qui le côtoient quotidiennement.

L’écriture

Quant à la plume, elle m’a tout autant séduite. Elle est parfois très directe, orale, dure, et tantôt plus poétique, selon que Pierre se révolte ou rêve d’ailleurs. Elle est adaptée à ce qui se passe dans la tête de ce jeune homme, et percutante pour le lecteur.

En quelques mots…

Ainsi, c’est un petit roman très puissant qui se focalise sur le tournant d’une vie, ce moment où un jeune homme est confronté à un choix entre son père, alcoolique mais aimant, et son besoin éperdu de liberté. Porté par une plume percutante, il ne laisse pas son lecteur indemne. A lire à partir de 15 ans.

Note : 4/5
Stellabloggeuse
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« Appréciation générale : « Manque de travail, il faut se réveiller. » Je commence à les accumuler, depuis que je suis en maternelle on me dit qu’il serait temps de me réveiller. Mais quelque chose me dit que ce sont eux qui sont endormis. Eux, pour mon avenir, ils me souhaitent la sécurité, le confort, ils veulent anesthésier ma vie. Mais moi j’en veux pas de leur sécurité, je veux qu’on me laisse galérer, qu’on me laisse en chier. »

« Plus que son affection, c’est sa présence physique qui me manquait. Je crois qu’une mère se porte dans le cœur et un père dans les tripes. »

« Mais je suis sur la route qui mène loin, sur la route qui mène aux pays oubliés. Là où il n’y a plus personne. Là où des châteaux étranges et mélancoliques attendent un héros. Là où les nuages se rejoignent pour exploser. Là où les îles dans la brume pleurent les temps anciens. Là où des moulins à vent abandonnés tournent encore de toute leur âme. Là où l’on apprend l’art de l’errance. » 

lundi 12 janvier 2015

The BILAN 2014 !

 Voici un petit bilan de l'année 2014 pour le blog ! 

Avec quelques chiffres à la clé...

Commençons par les lectures :

88 livres chroniqués (pile comme l'an dernier !)
En ajoutant les romans lus pour le travail que je n'ai pas tous chroniqués, les BD et les mangas, j'arrive à 110 lectures cette année. Mon rythme reste donc stable depuis 2012.

12 sagas commencées
Notamment Les Soeurs sorcières de Jessica Spotswood, La Passe-miroir de Christelle Dabos, A comme association d'Erik L'Homme et Pierre Bottero, ou la Symphonie des abysses de Carina Rozenfeld

9 sagas terminées
Vampire Academy de Richelle Mead, Divergent de Veronica Roth, La Trilogie de Braises et de ronces de Rae Carson, La Sélection de Kiera Cass, The Luxe d'Anna Godbersen, Tobie Lolness de Timothée de Fombelle, Phaenix de Carina Rozenfeld, Nox d'Yves Grevet, et Indiana Teller de Sophie Audouin-Mamikonian




Mes livres préférés :

1. La saga Vampire academy, de Richelle Mead (avec une préférence pour les tomes 3 et 4) 
2. La passe-miroir, tome 1, de Christelle Dabos : Les fiancés de l'hiver
3. La trilogie de braises et de ronces, tome 3, de Rae Carson : Le royaume des larmes
Mon Top 10 figure ici


   Mes déceptions :

1. Liaison dangereuse, tome 1, de Sean Olin : Jalousie
2. Inventaire après rupture, de Daniel Handler
3. Comme des images, de Clémentine Beauvais
4. Bordemarge, d'Emmanuelle Nunq

Intéressons-nous maintenant à ma Pile à Lire

17 livres achetés
Incroyable ! Une vraie petite sainte ! J'ai acheté 7 livres de moins que l'an dernier, à peine 1 et demi par mois. Il faut dire que j'ai beaucoup puisé dans ma PAL de l'année précédente (de presque 80 livres) et à la médiathèque.

9 livres reçus en partenariat
Des services presse de mes deux fidèles éditeurs Sarbacane et Michel Lafon, des partenariats Masse critique Babelio. J'en ai reçu deux fois moins que l'an dernier, par choix, j'avais davantage envie de choisir mes lectures.

3 livres gagnés en concours
Ainsi que des chèque-lire via un concours Michel Lafon! J'ai donc été chanceuse cette année, merci aux généreux donateurs!

8 livres reçus en troc
Exactement comme l'an dernier

7 livres reçus en cadeau
La famille, les copinautes, les collègues...merci à tous!

Ma PAL compte actuellement 75 livres, contre 77 fin 2013, donc malgré ma bonne conduite, j'ai toujours l'équivalent d'une année de lecture devant moi. Néanmoins, je compte désormais mes ebooks dans ma PAL. J'ai une PAL papier de 60 titres (donc une baisse de 27) et une PAL numérique de 15 ebooks. C'est moins culpabilisant car ils ne prennent pas de place dans la bibliothèque :p

Mes challenges

-Challenge ABC 2014 : 13/13 (demi-challenge, terminé cet automne)
-Big Challenge Livraddict 2014 : 9/100 (sur un objectif de 7)
-Challenge New Pal 2014 : 37/77 (il m'a manqué 2 titres pour atteindre les 50%)
-La Coupe du Monde des Livres : 4 GOALS
-Challenge 100 % R : 10 lectures, comme l'an dernier (illimité)


     

En 2015, je rempile pour le Challenge ABC, le Challenge New PAL. Je continuerai également mes lectures dans la collection R

2014 c'est aussi...

Le déménagement du blog, qui est passé d'Overblog à Blogger. J'en suis très contente, le blog me correspond mieux. J'ai perdu en référencement, et donc en visites, mais cela reviendra et tant que le plaisir est là, c'est le principal !

1 concours "Je partage mes coups de coeur" qui vous proposait de gagner un des titres que j'avais beaucoup aimés depuis 2012, parus au format poche

La création d'un Compte Twitter pour le blog

Et enfin, les visites sur le blog

44 634 pages vues :
39154 sur Overblog
5480 sur le nouveau blog
Merci à tous pour votre fidélité ou pour vos visites occasionnelles, chacune d'entre elles me fait très plaisir ! N'hésitez pas à venir discuter avec moi via les commentaires, je suis toujours partante !

Je vous souhaite une excellente année 2015 sur tous les plans,
A très vite,


Stellabloggeuse