mardi 20 mai 2014

Personne ne te sauvera, de Fabrice Colin : une vision du vampire

[Flammarion, 2013]

Fabrice Colin a été très présent ces dernières semaines sur le blog, et je voulais aujourd’hui partager mon avis sur un dernier titre. Je continuerai bien évidemment à découvrir l’œuvre de cet auteur que j’apprécie beaucoup, mais à un rythme plus « normal ». J’en ai notamment encore deux dans ma PAL « La malédiction d’Old Haven » et « La fin du monde ». Mais trêve de blabla, passons à « Personne ne te sauvera » !

Résumé

La vie de Manon, encore lycéenne, bascule lorsqu’elle apprend qu’elle a un anévrisme au cerveau et que celui-ci peut se rompre à tout moment. Son médecin lui propose une opération, mais celle-ci est risquée. Alors, Manon prend de la distance et s’envole pour Las Vegas. Là-bas, elle rencontre l’énigmatique Dorian, qui pourrait bien être la solution à son problème…

Variation autour du thème du vampire

Avec ce roman, Fabrice Colin propose son interprétation du thème du vampire. On est loin ici des classiques du genre, c’est une vision plus personnelle, qui ne plaira pas forcément à tout le monde. Si j’ai bien compris, ce roman est né d’un projet avec une classe de quatrième autour du fantastique, dont le but était de s’amuser avec les codes traditionnels du genre. Et effectivement, c’est peut-être davantage un exercice de style qu’un roman. Et notamment il est assez court, manque un peu de matière.

La quête de l’immortalité

Mais cette utilisation d’un personnage de vampire sert avant tout à aborder l’un des sujets récurrents dans l’œuvre de cet auteur, celui de la peur de la mort. En effet, Manon est prête à tout pour repousser la mort, et au départ, l’idée de l’immortalité la séduit. Ce n’est qu’au fur et à mesure qu’elle comprend tout ce que cela implique : la solitude, voir ses amis et sa famille mourir, fuir éternellement ses ennemis… Il lui faudra trancher entre la simplicité d’une vie de mortelle et les affres sublimes d’une existence éternelle.

Les personnages

Manon n’est pas un personnage qui m’a été particulièrement sympathique, je l’ai trouvée assez irréfléchie et souvent égoïste. Par exemple, les sentiments de ses proches interviennent très peu dans ses réflexions. Quant à Dorian, j’aurais pu l’apprécier si son personnage avait été davantage étoffé, je suis restée un peu sur ma faim.

L’écriture

Quant au style, il est ici plus lisse que dans la plupart des romans de l’auteur. Il ne présente pas de difficulté particulière et la lecture est dépourvue d’obstacle, mais en contrepartie, il ne « s’envole » pas non plus. Sachant combien la plume de Fabrice Colin peut être belle, j’en attends un peu plus désormais !

En quelques mots…

Ainsi, Fabrice Colin nous livre ici un roman pour adolescents assez court, qui se lit facilement et qui propose une vision du vampire qui sort un peu des sentiers battus. Il est intéressant grâce aux réflexions sur l’immortalité qu’il propose. En revanche, ce n’est pas un titre incontournable de cet auteur, il s’agit davantage d’un exercice littéraire. Si vous voulez découvrir Fabrice Colin, jetez-vous plutôt sur 49 jours ou, si vous aimez la fantasy un peu complexe, sur le sublime Arcadia.

Note : 3/5

Stellabloggeuse

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« Il paraît que certains âmes bien trempées trouvent le monde plus beau et plus intense lorsqu’elles comprennent qu’elles vont bientôt le quitter. Ce n’était pas mon cas. Le monde, à mes yeux, était devenu inutile et sans saveur. J’avais, je crois, cessé d’aimer les gens. Les rires, les paroles, la musique, tout sonnait faux, et le ciel ressemblait à une toile grise et sale sur laquelle plus rien d’important ne pouvait s’écrire. »

« Les vampires, c’est une histoire faussement tragique que l’on raconte aux gens. Les gens aiment bien avoir peur et savoir dans le même temps que leur peur est sans fondement. Ça les aide à se persuader que le monde n’est pas aussi sombre qu’il en a l’air. Alors qu’il l’est, bien sûr. Alors qu’il l’est bien plus que ça. »


« J’aspire à une connaissance, à une sagesse, à une souffrance que cette existence, je le devine, échouera à m’offrir. Suis-je prête à troquer la simplicité dérisoire d’un tour de manège contre les tourments superbes de l’immortalité ? Là est toute la question. »

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