samedi 14 décembre 2013

Zelda la rouge, de Martine Pouchain : un roman tendre et humain

[Sarbacane, collection eXprim’, 2013]

La fin du mois de septembre 2013 a vu la publication d’un nouveau roman de Martine Pouchain, « Zelda la rouge », avec une couverture jaune pétante qui ne peut qu’attirer l’œil et un « pitch » qui intrigue. C’est donc avec enthousiasme que je l’ai reçu et dévoré !

Résumé

Zelda et Julie sont sœurs. La première, âgée de 16 ans, est en fauteuil roulant depuis ses dix ans, lorsqu’une voiture l’a renversée avant de prendre la fuite. La seconde, âgée de 20 ans, a suivi une formation d’aide-soignante pour subvenir aux besoins de sa petite sœur et travaille désormais en maison de retraite. Si Zelda positive dès qu’elle en a l’occasion et croque la vie à pleine dents, Julie est habitée par la culpabilité de l’accident et surtout, par un désir de vengeance. Orphelines de mère, elles vivent dans une bicoque léguée par leur grand-mère, qu’elles partagent avec Kathy, une femme de ménage d’une cinquantaine d’années et Jojo, un ancien SDF. Mais quand Baptiste entre dans leurs vies, cet équilibre vacille…

Un roman très humain

La première chose à savoir concernant ce roman, c’est que ce n’est pas un roman sur la condition de handicapé. Le handicap est bien sûr présent, Zelda évoquant avec beaucoup de philosophie certaines particularités de son existence. Mais c’est avant tout l’histoire de deux sœurs qui s’aiment très fort et qui essaient d’être heureuses malgré les aléas de l’existence. Il y a beaucoup d’humanité dans ce roman, beaucoup de tendresse entre les personnages. Malgré les deuils récurrents (Julie travaillant dans une maison de retraite), il y a dans cette histoire un formidable élan de vie et beaucoup de bonne humeur.

De multiples thèmes

En plus du handicap, de nombreux thèmes sont évoqués dans ce roman. Il y a tout d’abord la vengeance, personnifiée par Julie. Zelda se positionne également contre le nucléaire lorsqu’elle apprend que Baptiste travaille dans des centrales. Elle veut devenir femme politique pour éveiller les consciences, à l’image de « Danny le rouge », d’où le titre du roman. La vieillesse et la mort sont également très présentes, via le métier de Julie et ses talents de medium. Enfin, une part est également faite à l’amour dans ce roman.

Les personnages

Les personnages sont le point fort de ce roman. Zelda est un petit rayon de soleil, pleine de sagesse. On ne peut que l’apprécier et l’admirer. Malgré son côté solaire, elle a aussi ses doutes et ses problèmes, elle s’interroge par exemple sur sa capacité à aimer. Cela ne la rend que plus attachante. Quant à Julie, c’est un bouledogue au cœur tendre, toujours prête à râler ou à mordre, mais avec un grand cœur, prompte à défendre la veuve et l’orphelin (ou dans ce cas précis sa petite sœur et des personnes âgées pas toujours bien traitée). Ses démons intérieurs donnent envie de la protéger. J’ai également eu beaucoup de sympathie pour leurs colocataires, Kathy et Jojo, ou pour Selim, le meilleur ami de Zelda.

L’écriture

L’écriture de Martine Pouchain est un régal dans ce roman, dynamique, drôle et tendre. Elle alterne les points de vue des deux sœurs avec talent, en leur donnant à chacune une personnalité bien à elle. J’ai pris beaucoup de plaisir à lire ce roman.

En quelques mots…

Ainsi, j’ai beaucoup aimé cette histoire de sœurs tendre et humaine, drôle et profonde ; Le roman est porté par des personnages extrêmement attachant et nous fait voir le handicap sous un œil différent. C’est également un titre qui peut faire réfléchir les adolescents (ou les plus grands) en douceur sur la vieillesse, la mort, ou l’impasse du nucléaire. Malgré son thème de départ c’est un livre lumineux, qui donne le sourire et l’envie de croquer la vie à pleines dents, comme Zelda. Un grand merci à Claire des éditions Sarbacane pour cette lecture !

Note : 4,5/5

Stellabloggeuse

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« Moi aussi je m’en souviendrai toujours, je peux pas faire autrement. Mais j’ai eu tant à me battre qu’il ne m’est pas resté de place pour la haine. Alors j’ai arrêté de me focaliser sur les causes auxquelles je ne pouvais rien changer, pour m’intéresser aux effets que je pouvais améliorer. Je suppose que c’est une des rares circonstances où les effets sont plus importants que les causes. Aujourd’hui, j’ai envie de dévorer la vie et un appétit d’ogre que tout intéresse : les choses, les lieux, les gens. Je suis redevenue apte aux grands moments. Vous savez, ces moments que les gens appellent des petits bonheurs ? Il y a un truc primordial qui jamais ne les effleure, c’est que le bonheur ne peut pas être petit. Jamais. »

« Du coup, j’aime autant lui abattre tout de suite ma couleur, je suis contre le nucléaire. C’est même une des raisons pour lesquelles je veux faire de la politique, vu qu’il n’y en a pas un qui est foutu de se coller sérieusement à cette urgence capitale. Danny le rouge pousse bien de temps à autre une gueulante avec sa voix sucrée, mais ça reste théorique. Et il n’y a personne pour hurler qu’on fabrique les barreaux de notre prison avec une bombe à retardement planquer juste sous nos pieds pour nous faire sauter à n’importe quel moment ! Je lui dis aussi que plus tard je me ferai appeler Zelda la rouge et j’esbrouferai les gens pour qu’ils m’écoutent, vu que ce qu’ils veulent avant tout, c’est du spectacle. A l’époque de Jésus, déjà. Une fois appâtés, ils deviennent plus attentifs et on peut commencer à parler sérieusement. »

« Je ne sais plus où j’ai entendu dire que quand on aime quelqu’un, on est certain de le perdre un jour. Parce qu’il partira, ou qu’il mourra, ou alors c’est nous. Ça peut paraître déprimant si on oublie que c’est aussi une manière de souligner que l’instant est précieux. Infiniment plus ordinaire qu’un diamant, et infiniment plus précieux. »

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