samedi 24 août 2013

Un monde idéal où c’est la fin, de J.Heska : un recueil de nouvelles entre divertissement et réflexion


Si vous suivez régulièrement ce blog, vous avez déjà entendu parler du sympathique auteur J. Heska. D’ailleurs, si vous suivez la blogosphère en général, vous n’avez pas pu manquer cet auteur très investi sur le web. Quoi qu’il en soit, j’avais apprécié son roman « Pourquoi les gentils ne se feront plus avoir », et plus encore « On ne peut pas lutter contre le système », roman noir sur les dérives du système financier. Aussi, lorsqu’on m’a proposé de découvrir ce recueil de nouvelles, je n’ai pas hésité.

Résumé

Bienvenue dans un monde idéal ! Un monde idéal où la civilisation telle que nous la connaissons n’existe plus. Dérèglement du temps ? Avènement de la magie ? Crise climatique irréversible ? Épidémie mondiale de mort subite ? Extra-terrestres maladroits ? Invasion de poireaux découpeurs de cervelles ? Crise de déprime globale ? Robots hors de contrôle ? Zombies entreprenants ?
Découvrez 100 histoires drôles, émouvantes, tragiques ou absurdes qui mènent à notre perte !

Des nouvelles courtes et percutantes

Ce nouvel ouvrage n’est donc pas un roman mais un recueil de nouvelles très courtes, d’une page ou deux. Il y a même parfois entre deux nouvelles de très courtes histoires qui ne font qu’un seul paragraphe. Ces nouvelles ont entre elles un point commun : l’humanité se trouve en mauvaise posture, quelle qu’en soit la raison. Plusieurs de ces nouvelles forment une seule histoire qui constitue un fil rouge dans cet ouvrage, j’ai trouvé cela agréable de retrouver des visages familiers. J’ai également aimé retrouver les héros de « On ne peut pas lutter contre le système » le temps d’une nouvelle. Chaque histoire se termine brutalement, la fin tombant comme un couperet.

Un petit bémol, les nouvelles sont nombreuses, et si chacune est différente de la précédente, je conseillerais de ne pas lire tout le livre d’une traite et de faire quelque pause, pour éviter un sentiment de lassitude ou plutôt, d’accumulation.

Des thématiques variées traitées avec recul et humour

Dans cet ouvrage, les raisons pour lesquelles l’humanité est menacée sont très variées, ce qui permet à l’auteur de balayer quelques sujets d’actualité, tels que les OGM, le réchauffement climatique, les extraterrestres, les ondes électromagnétiques, la robotisation, les épidémies, l’égalité des sexes… Parfois cela suscite la réflexion, par exemple lorsque les solutions trouvées pour lutter contre le réchauffement de la planète aboutissement à des conséquences pires encore, le pire étant que certains scénarios évoqués ne sont pas si improbables que cela... D’autres fois, le ton est franchement humoristique.

De manière générale, l’humour ou l’ironie sont présents partout, vous croiserez par exemple des poireaux géants et intelligents, ou des extraterrestres étourdis qui détruisent la Terre par erreur. Cette manière d’évoquer des sujets graves par l’humour m’a fait penser au premier roman de l’auteur, « Pourquoi les gentils ne se feront plus avoir », et provoque chez le lecteur un mélange intéressant de réflexion et de divertissement.

Les personnages

Les histoires sont trop courtes pour que l’on puisse connaître les personnages et s’y attacher, même ceux qui reviennent dans plusieurs histoires. De plus, les personnages ont souvent les mêmes prénoms, notamment Antoine qui revient très souvent, créant de la confusion entre les personnages des différentes histoires. Néanmoins, une chose émerge de ces nouvelles, c’est le formidable instinct de survie de l’homme et sa capacité à se battre, y compris pour des causes désespérées. Et ça, c’est chouette. Dommage qu’il faille parvenir au bord de l’extinction pour cela…

L’écriture

Le style de J. Heska est fidèle à lui-même, fluide et accessible, émaillé d’un certain nombre de références à la culture des jeunes générations (les natifs des années 1970-1980, oui nous sommes encore jeunes !), maniant aisément l’ironie. Il parvient à planter un contexte convaincant pour chaque nouvelle, en quelques lignes.

En quelques mots…

Ainsi, ce recueil de nouvelles est idéal pour réfléchir un peu sur le devenir des sociétés humaines sans se prendre la tête. Je le classerais volontiers parmi les lectures-détentes, celles dont les pages se tournent sans difficultés. D’ailleurs, en parlant de pages, j’ai lu cet ouvrage au format numérique epub et je tiens à souligner la bonne qualité du fichier, très bonne adaptation à la liseuse et quasiment pas de coquille. Bref, si vous voulez passer un bon moment avec des humains courant à leur perte de toutes les façons possibles, cette lecture sympathiquement décalée est pour vous. Merci à Isabelle des Editions Seconde Chance pour cette découverte.

Note : 3,5/5

Stellabloggeuse

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« Un dilemme. Soit l’épidémie ravageait 50% de la population mondiale, soit le vaccin nous sauvait mais nous rendait tous stériles. Sur le moment, on a pensé que c’était la bonne décision. Mais maintenant que je contemple les jardins d’enfants complètement vides, je me demande si nous n’avons pas pensé à trop court terme… »

« Un vaste océan magmatique sur lequel surnagent quelques morceaux de roche. Une chaleur étouffante. Un bouillon de culture de feu et de cendres. Un dégazage progressif, une atmosphère primitive constituée principalement de CO2 et de particules de poussière gonflées d’humidité. Une température qui descend lentement au fil des millénaires. La cristallisation d’une proto-croûte continentale. La condensation. Une pluie perpétuelle, torrentielle, planétaire. Des océans qui se remplissent. Des acides aminés, des molécules. Des organismes unicellulaires. Pluricellulaires. L’oxygène. La vie. Océanique, terrestre. Des végétaux, des animaux. Des reptiles, des mammifères. L’intelligence. La conscience de soi. La culture, l’art, la philosophie, la démocratie, la technologie. La fuite en avant, le pillage environnemental, la pression démographique. Les tensions.
La guerre totale. Les ravages des bombes nucléaires.
Un vaste océan magmatique sur lequel surnagent quelques morceaux de roche. Une chaleur étouffante. Un bouillon de culture de feu et de cendres. Un dégazage progressif, une atmosphère primitive… »

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