samedi 31 août 2013

L’impératrice des sept collines, de Kate Quinn : retour à Rome sous le règne de Trajan


*Attention, il s’agit du second tome d’une saga, présence de spoilers sur le tome précédent*

Je vous en ai parlé et reparlé l’année dernière, ainsi qu’au mois de mai dernier à l’occasion de sa sortie en poche : j’ai a-do-ré « La maîtresse de Rome » de Kate Quinn. Aussi, lorsque la suite, intitulée « L’impératrice des sept collines » est parue au mois de juillet, je n’ai pas attendu longtemps avant de me jeter dessus !

Résumé

Huit années ont passé depuis la chute de Domitien. Arius et Théa coulent des jours heureux en Bretagne avec leurs enfants. Mais à dix-huit ans, leur fils Vercingétorix, qui a connu l’arène plus jeune, ressent le besoin de faire quelque chose de sa vie et décide de rentrer à Rome. Il y retrouve le sénateur Marcus Norbanus et sa fille, Vibia Sabina. Sa passion tumultueuse avec cette dernière ne le dissuadera pas de partir à la conquête de son destin et de rejoindre les légions pour servir l’empereur Trajan…

Retour à Rome

C’est avec délices que j’ai retrouvé Rome et l’ambiance des romans de Kate Quinn. Comme avec le roman précédent, j’ai eu l’impression de me balader dans les rues de la Ville Eternelle, d’entrer dans ses maisons, de vivre les courses de chevaux en direct. Nous passons également du temps en compagnie des légions lors des campagnes de Trajan, celle de Dacie et celle lancée contre les Parthes. Les combats ne sont pas très nombreux, l’auteure évoquant davantage la vie des légionnaires en dehors des batailles. Historiquement, il y a des approximations et des arrangements avec la réalité, que l’auteure souligne elle-même dans une postface. Quoi qu’il en soit, c’est extrêmement plaisant et dépaysant.

Un tome un peu moins passionnel

Dans le tome précédent, les passions étaient au centre de l’intrigue, l’histoire d’amour était véritablement le pilier du roman. Ici, nous avons des romances un peu moins vibrantes. Avant tout, les personnages sont en quête de leur destin. Ce tome est également plus politique, nous assistons aux manœuvres qui font et défont les empereurs à une époque où l’adoption devient la règle. Les difficultés de gérer un Empire si étendu sont également évoquées. En tout cas, on ne s’ennuie pas un instant dans cet empire, en compagnie de personnages hauts en couleur.

Les personnages

La force de Kate Quinn réside en grande partie dans les personnages qu’elle parvient à créer, des personnages qui restent en tête bien après que l’on ait refermé le livre. Sabine n’est pas particulièrement attachante néanmoins, c’est une jeune femme si éprise de sa propre liberté qu’elle n’hésite pas à faire du mal à ceux qui l’entourent. Jusqu’à ce qu’elle comprenne qu’elle aussi est prise au piège. Quant à Vercingétorix, dit Vix, c’est un vilain garçon bourré de défauts, assez macho et insensible sur les bords, et je n’ai pas toujours approuvé ses actes. Et pourtant, on ne peut pas s’empêcher d’aimer cette canaille. D’abord parce qu’il nous fait rire, mais aussi parce que, de temps en temps, on aperçoit quelque chose sous cette carapace. Son ami Titus est encore plus facile à aimer, c’est un garçon qui a bon cœur et qui a peu d’estime pour lui-même, mais qui est une véritable perle. Je pourrais également vous parler de la pétillante Mira ou du ténébreux Hadrien, mais je vous laisserai les découvrir par vous-même. Je vous dirais simplement qu’il manque une grande « méchante », quelqu’un que l’on adorerait détester, même si l’impératrice Plotine intrigue en coulisses.

L’écriture

Kate Quinn est toujours très agréable à suivre. Elle adopte quatre points de vue différents pour nous raconter cette histoire, en se mettant chaque fois dans la peau des personnages. Les descriptions sont riches en détails sans en faire trop, et la psychologie des personnages est bien développée.

En quelques mots…

Ainsi, je me suis régalée avec ce roman historique porté par des personnages très attachants malgré leurs défauts. La fin est frustrante, car elle ne clôt pas véritablement l’histoire…mais cela nous laisse très fortement espérer une suite, réjouissons-nous ! Pour moi, il est un tout petit peu en dessous de « La Maîtresse de Rome » car moins passionnel, mais il reste très plaisant et je vous le conseille volontiers.

Note : 4,5/5

Stellabloggeuse

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« La vie de gladiateur était courte, mais on savait qui on était. Se battre ou mourir. En comparaison, ma vie actuelle n’avait rien de simple. Je n’avais aucune idée de ce que je devais faire de toutes les années qui m’attendaient. »

« Une ou deux filles que j’avais connues s’étaient mises à faire du sentiment et n’avaient réussi qu’à me mettre mal à l’aise. Ces filles-là insistent toujours pour savoir ce que vous ressentez. Généralement, ça se terminait par une crise de larmes pour elles et une gifle pour moi. Sabine, elle, n’avait rien de sentimental, et j’aimais autant ça. Je ne pouvais peut-être pas me passer d’elle, mais de là à devenir idiot… Pour être tout à fait honnête, je ne savais pas moi-même ce que je ressentais pour Sabine. Alors il valait mieux qu’elle soit raisonnable. »

« Avais-je le temps de me sentir coupable ? C’était l’été, j’avais un empereur à servir, un ennemi à tuer, et pour me fatiguer, la longue route le jour et une fille douce la nuit. Voilà ce dont je me souviens quand je repense à ces mois de campagne en Dacie, et non des grands mouvements politiques ou stratégiques. Si vous voulez une histoire de la campagne, allez voir la colonne Trajane sur le Quirinal et lisez cette sacrée frise figée dans la pierre. Elle vous donnera les faits, mais ne vous montrera pas la splendeur de Trajan lorsqu’il allait à pied, impatient et pareil à un dieu, aux côtés de ses hommes qui l’acclamaient. La frise ne vous racontera pas les détails, les petites choses qui peuvent réveiller au milieu de la nuit un vieux soldat comme moi et lui faire comprendre que c’étaient les meilleurs moments de sa vie. »

mardi 27 août 2013

Rentrée littéraire - Premiers repérages

Nouveau boulot oblige, me voilà plongée jusqu'au cou dans la Rentrée littéraire, une activité qui n'est pas pour me déplaire ! J'ai décidé de vous en faire profiter également en partageant avec vous, parmi mes premiers repérages, des titres qui m'attirent.
Je suis encore loin d'avoir tout exploré, donc il y aura peut-être d'autres articles de ce genre !
   
Claudie GALLAY, Une part de ciel

Publication : 21/08/2013
Editeur : Actes Sud
Prix : 22€
445 p.

Résumé : Aux premiers jours de décembre, Carole regagne sa vallée natale, dans le massif de la Vanoise, où son père, Curtil, lui a donné rendez-vous. Elle retrouve son frère et sa soeur, restés depuis toujours dans le village de leur enfance. Garde forestier, Philippe rêve de baliser un sentier de randonnée suivant le chemin emprunté par Hannibal à travers les Alpes. Gaby, la plus jeune, vit dans un bungalow où elle attend son homme, en taule pour quelques mois, et élève une fille qui n'est pas la sienne.  Dans le gîte qu'elle loue, à côté de la scierie, Carole se consacre à une traduction sur la vie de Christo, l'artiste qui voile les choses pour mieux les révéler. Les jours passent, qui pourraient lui permettre de renouer avec Philippe et Gaby un lien qui n'a rien d'évident : Gaby et Philippe se comprennent, se ressemblent ; Carole est celle qui est partie, celle qui se pose trop de questions. Entre eux, comme une ombre, cet incendie qui a naguère détruit leur maison d'enfance et définitivement abîmé les poumons de Gaby. Décembre s'écoule, le froid s'installe, la neige arrive... Curtil sera-t-il là pour Noël ?


Louise ERDRICH, Dans le silence du vent

Publication : 22/08/2013
Editeur : Albin Michel
Prix : 22,50 €
461 p.

Résumé : Un dimanche de printemps, une femme est agressée sexuellement sur une réserve indienne du Dakota du Nord. Traumatisée, Geraldine Coutts n’est pas en mesure de révéler ce qui s’est passé à la police, ni d’en parler à son mari ou à son fils de treize ans, Joe. En une seule journée, la vie de ce dernier est bouleversée. Il essaie d’aider sa mère mais elle reste alitée et s’enfonce peu à peu dans le mutisme et la solitude. Tandis que son père, qui est juge, confie la situation à la justice et à la loi, Joe perd patience face à une enquête qui piétine et il décide avec ses copains de chercher les réponses de son côté. Leur quête les mène tout d’abord dans un lieu sacré, à proximité duquel la mère de Joe a été violée…
Ce roman a reçu le National Book Award 2012


Veronique OVALDE, La grâce des brigands

Publication : 22/08/2013
Editeur : L’Olivier
Prix : 19,50 €
284 p.

Résumé : Quand Maria Cristina Väätonen reçoit un appel téléphonique de sa mère, dont elle est sans nouvelles depuis des années, l'ordre qu'elle avait cru installer dans sa vie s'en trouve bouleversé. Celle-ci lui demande instamment de venir chercher pour l'adopter Peeleete, le fils de sa soeur. Nous sommes en juin 1989, Maria Cristina vit avec son amie Joanne à Santa Monica (Los Angeles). Cela fait vingt ans qu’elle a quitté Lapérouse, et son univers archaïque pour la lumière de la ville et l'esprit libertaire de la Californie des années 70. Elle n'est plus la jeune fille contrainte de résister au silence taciturne d'un père, à la folie d'une mère et à la jalousie d'une soeur. Elle n'est plus non plus l'amante de Rafael Claramunt, un écrivain/mentor qu'elle voit de temps à autre et qui est toujours escorté par un homme au nom d'emprunt, Judy Garland. Encouragée par le succès de son premier roman, elle est déterminée à placer l'écriture au coeur de son existence, être une écrivaine et une femme libre. Quitte à composer avec la grâce des brigands.


Laura KASISCHKE, Esprit d'hiver


Publication : 22/08/2013
Editeur : Christian Bourgeois
Prix : 20 €
276 p.

Résumé : En ce matin de Noël, Holly se réveille, en retard, hantée par l'impression que, quand elle est partie en Russie avec son mari seize ans plus tôt pour adopter Tatiana, quelque chose les a suivis jusque chez eux. Tandis qu'Holly tente de dissiper cette angoisse, son mari, Eric, part en hâte pour l'aéroport où il doit retrouver ses parents venus fêter Noël avec eux. Très rapidement, les incidents s'enchaînent : un blizzard fulgurant se lève et interrompt progressivement toute possibilité de circulation automobile sur les routes environnantes. Alors qu'Eric se retrouve bloqué à l'hôpital où il a dû conduire d'urgence ses parents, les autres invités se décommandent successivement. Holly se retrouve seule avec sa fille Tatiana. Se met alors en place un huis clos au fil duquel le comportement de sa fille apparaît de plus en plus étrange et incohérent. Elle qui était toujours apparue comme une enfant affectueuse, ne cesse depuis son réveil de lui assener des reproches. Pourquoi a-t-elle choisi cette matinée ? L'explication est-elle à chercher du côté des années qu'elle a passées à l'orphelinat en Russie ?


Sorj CHALANDON, Le quatrième mur

Publication : 21/08/2013
Edtieur : Grasset
Prix : 18,90 €
325 p.

Résumé : L'idée de Sam était folle. Georges l'a suivie. Réfugié grec, metteur en scène, juif en secret, Sam rêvait de monter l'Antigone d'Anouilh sur un champ de bataille au Liban. 1976. Son idée ? Jouer Anouilh sur la ligne de front. Créon serait chrétien. Antigone serait palestinienne. Hémon serait Druze. Les Chiites seraient là aussi, et les Chaldéens, et les Arméniens. Tous ont accepté. C'était impensable. Et puis Sam est tombé malade. Sur son lit d'agonie, il a fait jurer à Georges de prendre sa suite et de jouer cette unique représentation.
Georges a juré à Sam, son ami, son frère. Il avait fait du théâtre de rue, il allait faire du théâtre de ruines. C'était bouleversant, exaltant, immense, mortel, la guerre. La guerre lui a sauté à la gorge.



Sylvie GERMAIN, Petites scènes capitales

Publication : 21/08/2013
Editeur : Albin Michel
Prix : 19€
246 p.

Résumé : La première des "petites scènes capitales" pour Lili, c’est celle d’une photo que lui montre sa grand-mère, il y a une mère et son bébé, le bébé c’est elle, la mère a disparu. Quand son père se remarie elle se trouve à 5 ans avec trois soeurs et un frère par alliance, avec ce décalage de fille unique qui peine à comprendre les relations familiales et que l’adolescence rend plus opaques. L’aînée devient rebelle, le garçon veut devenir moine, la cadette meurt et chacun part loin du foyer. Seule Lili reste en témoin muet de la tragédie familiale qui n’en a pas fini de révéler ses secrets, puis s’en va elle aussi étudier à Paris, change de cap en mai 68 pour l’expérience communautaire, poursuivant une quête de soi tâtonnante, traversée de rencontres, d’éblouissements solitaires, de révélations dont elle ne sait que faire.

samedi 24 août 2013

Un monde idéal où c’est la fin, de J.Heska : un recueil de nouvelles entre divertissement et réflexion


Si vous suivez régulièrement ce blog, vous avez déjà entendu parler du sympathique auteur J. Heska. D’ailleurs, si vous suivez la blogosphère en général, vous n’avez pas pu manquer cet auteur très investi sur le web. Quoi qu’il en soit, j’avais apprécié son roman « Pourquoi les gentils ne se feront plus avoir », et plus encore « On ne peut pas lutter contre le système », roman noir sur les dérives du système financier. Aussi, lorsqu’on m’a proposé de découvrir ce recueil de nouvelles, je n’ai pas hésité.

Résumé

Bienvenue dans un monde idéal ! Un monde idéal où la civilisation telle que nous la connaissons n’existe plus. Dérèglement du temps ? Avènement de la magie ? Crise climatique irréversible ? Épidémie mondiale de mort subite ? Extra-terrestres maladroits ? Invasion de poireaux découpeurs de cervelles ? Crise de déprime globale ? Robots hors de contrôle ? Zombies entreprenants ?
Découvrez 100 histoires drôles, émouvantes, tragiques ou absurdes qui mènent à notre perte !

Des nouvelles courtes et percutantes

Ce nouvel ouvrage n’est donc pas un roman mais un recueil de nouvelles très courtes, d’une page ou deux. Il y a même parfois entre deux nouvelles de très courtes histoires qui ne font qu’un seul paragraphe. Ces nouvelles ont entre elles un point commun : l’humanité se trouve en mauvaise posture, quelle qu’en soit la raison. Plusieurs de ces nouvelles forment une seule histoire qui constitue un fil rouge dans cet ouvrage, j’ai trouvé cela agréable de retrouver des visages familiers. J’ai également aimé retrouver les héros de « On ne peut pas lutter contre le système » le temps d’une nouvelle. Chaque histoire se termine brutalement, la fin tombant comme un couperet.

Un petit bémol, les nouvelles sont nombreuses, et si chacune est différente de la précédente, je conseillerais de ne pas lire tout le livre d’une traite et de faire quelque pause, pour éviter un sentiment de lassitude ou plutôt, d’accumulation.

Des thématiques variées traitées avec recul et humour

Dans cet ouvrage, les raisons pour lesquelles l’humanité est menacée sont très variées, ce qui permet à l’auteur de balayer quelques sujets d’actualité, tels que les OGM, le réchauffement climatique, les extraterrestres, les ondes électromagnétiques, la robotisation, les épidémies, l’égalité des sexes… Parfois cela suscite la réflexion, par exemple lorsque les solutions trouvées pour lutter contre le réchauffement de la planète aboutissement à des conséquences pires encore, le pire étant que certains scénarios évoqués ne sont pas si improbables que cela... D’autres fois, le ton est franchement humoristique.

De manière générale, l’humour ou l’ironie sont présents partout, vous croiserez par exemple des poireaux géants et intelligents, ou des extraterrestres étourdis qui détruisent la Terre par erreur. Cette manière d’évoquer des sujets graves par l’humour m’a fait penser au premier roman de l’auteur, « Pourquoi les gentils ne se feront plus avoir », et provoque chez le lecteur un mélange intéressant de réflexion et de divertissement.

Les personnages

Les histoires sont trop courtes pour que l’on puisse connaître les personnages et s’y attacher, même ceux qui reviennent dans plusieurs histoires. De plus, les personnages ont souvent les mêmes prénoms, notamment Antoine qui revient très souvent, créant de la confusion entre les personnages des différentes histoires. Néanmoins, une chose émerge de ces nouvelles, c’est le formidable instinct de survie de l’homme et sa capacité à se battre, y compris pour des causes désespérées. Et ça, c’est chouette. Dommage qu’il faille parvenir au bord de l’extinction pour cela…

L’écriture

Le style de J. Heska est fidèle à lui-même, fluide et accessible, émaillé d’un certain nombre de références à la culture des jeunes générations (les natifs des années 1970-1980, oui nous sommes encore jeunes !), maniant aisément l’ironie. Il parvient à planter un contexte convaincant pour chaque nouvelle, en quelques lignes.

En quelques mots…

Ainsi, ce recueil de nouvelles est idéal pour réfléchir un peu sur le devenir des sociétés humaines sans se prendre la tête. Je le classerais volontiers parmi les lectures-détentes, celles dont les pages se tournent sans difficultés. D’ailleurs, en parlant de pages, j’ai lu cet ouvrage au format numérique epub et je tiens à souligner la bonne qualité du fichier, très bonne adaptation à la liseuse et quasiment pas de coquille. Bref, si vous voulez passer un bon moment avec des humains courant à leur perte de toutes les façons possibles, cette lecture sympathiquement décalée est pour vous. Merci à Isabelle des Editions Seconde Chance pour cette découverte.

Note : 3,5/5

Stellabloggeuse

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« Un dilemme. Soit l’épidémie ravageait 50% de la population mondiale, soit le vaccin nous sauvait mais nous rendait tous stériles. Sur le moment, on a pensé que c’était la bonne décision. Mais maintenant que je contemple les jardins d’enfants complètement vides, je me demande si nous n’avons pas pensé à trop court terme… »

« Un vaste océan magmatique sur lequel surnagent quelques morceaux de roche. Une chaleur étouffante. Un bouillon de culture de feu et de cendres. Un dégazage progressif, une atmosphère primitive constituée principalement de CO2 et de particules de poussière gonflées d’humidité. Une température qui descend lentement au fil des millénaires. La cristallisation d’une proto-croûte continentale. La condensation. Une pluie perpétuelle, torrentielle, planétaire. Des océans qui se remplissent. Des acides aminés, des molécules. Des organismes unicellulaires. Pluricellulaires. L’oxygène. La vie. Océanique, terrestre. Des végétaux, des animaux. Des reptiles, des mammifères. L’intelligence. La conscience de soi. La culture, l’art, la philosophie, la démocratie, la technologie. La fuite en avant, le pillage environnemental, la pression démographique. Les tensions.
La guerre totale. Les ravages des bombes nucléaires.
Un vaste océan magmatique sur lequel surnagent quelques morceaux de roche. Une chaleur étouffante. Un bouillon de culture de feu et de cendres. Un dégazage progressif, une atmosphère primitive… »

jeudi 22 août 2013

Bilan du Challenge "Bouge ta PAL!"

En octobre 2012, un peu effrayée par l'ampleur prise par ma Pile à Lire, je me lançais dans un challenge pour tenter d'endiguer sa croissance, mes bibliothèques étant au bord de l'implosion. Ce challenge a été lancé sur le forum Dark Ambiance et proposait de se fixer un seuil d'achat. J'avais opté pour un seuil de 3 livres lus dans ma Pile à Lire avant d'effectuer un achat.

Alors, le challenge s'étant terminé le 15 août 2013, que cela a-t-il donné ?


Au 25 octobre 2012, ma PAL comptait 73 livres
En ce mois d'août, elle en compte 65, après des lectures et quelques tris
On peut donc dire que le bilan est positif, si ma PAL n'a pas beaucoup baissé, elle a au moins cessé d'augmenter, ce qui est déjà un progrès !
Bon, je dois tout de même avouer que les ebooks ne sont pas comptabilisés ici, et que je n'ose pas les compter...!

J'ai lu une petite cinquantaine de livres de ma PAL, le reste étant constitué d'emprunts en bibliothèque et d'ebook.
Côté achats, j'ai été plutôt raisonnable, 17 livres en 10 mois. J'ai bien respecté les seuils du challenge au départ, puis j'ai eu un "craquage" sur la fin, puisque j'ai terminé avec 5 pénalités. Mais ce sont surtout les partenariats et les trocs qui font grossir ma bibliothèque.


Pour les curieux, voici l'état de ma PAL actuelle :

Baggott, Julianna : Pure, tome 1
Barjavel, René : Colomb de la Lune
Barjavel, René : Demain le paradis
Barjavel, René : Journal d'un homme simple
Barjavel, René : La Faim du tigre
Barjavel, René : La Tempête
Barjavel, René : Les Dames à la licorne
Barjavel, René : Tarendol
Bottero, Pierre : Le Pacte des Marchombres, tome 2 : Ellana : L'Envol
Bottero, Pierre : Le Pacte des Marchombres, tome 3 : Ellana : La Prophétie
Bottero, Pierre : Les Âmes croisées
Bottero, Pierre : Les Mondes d'Ewilan, tome 1 : La Forêt des captifs
Bottero, Pierre : Les Mondes d'Ewilan, tome 2 : L'Oeil d'Otolep
Bottero, Pierre : Les Mondes d'Ewilan, tome 3 : Les Tentacules du mal
Bottero, Pierre : L'Autre, tome 1 : Le Souffle de la Hyène
Bottero, Pierre : L'Autre, tome 2 : Le Maître des Tempêtes
Boulle, Pierre : La Planète des Singes
Brontë, Charlotte : Jane Eyre, abrégé
Cass, Kiera : La sélection, tome 2 : L'élite
Chandernagor, Françoise : L'Allée du Roi
Colette, : Chéri
Colette, : La Fin de Chéri
Colin, Fabrice : Blue Jay Way
Colin, Fabrice : La fin du monde
Colin, Fabrice : La malédiction d'Old Haven
Combelles, Anna : La complainte d'Irwam
Elkeles, Simone : Irrésistible alchimie, tome 2 : Irrésistible attraction
Elkeles, Simone : Irrésistible alchimie, tome 3 : Irrésistible fusion
Fitzpatrick, Becca : Les Anges déchus, tome 1 : Hush, Hush
Gavalda, Anna : Ensemble, c'est tout
Giebel, Karine : Purgatoire des innocents
Giebel, Karine : Terminus Elicius
Godbersen, Anna : The Luxe, tome 3 : Tricheuses
Gounelle, Laurent : L'Homme qui voulait être heureux
Gudule, : La Bibliothécaire
Handler, Daniel : Inventaire après rupture
Harkness, Deborah : Le Livre perdu des sortilèges, tome 1
Hugo, Victor : Quatrevingt-treize
James, P.D. : L'île des morts
King, Stephen : La ligne verte, tome 1 : Deux petites filles mortes
King, Stephen : La ligne verte, tome 2 : Mister Jingles
King, Stephen : La ligne verte, tome 3 : Les Mains de Caffey
King, Stephen : La ligne verte, tome 4 : La Mort Affreuse d'Edouard Delacroix
King, Stephen : La ligne verte, tome 5 : L'équipée Nocturne
King, Stephen : La ligne verte, tome 6 : Caffey sur la Ligne
Lord, Walter : La Nuit du Titanic
Maizel, Rebecca : Humaine, tome 1
Massarotto, Cyril : 100 pages blanches
Massarotto, Cyril : La Petite Fille qui aimait la lumière
Mead, Richelle : Vampire Academy, tome 3 : Baiser de l'ombre
Mead, Richelle : Vampire Academy, tome 4 : Promesse de sang
Mead, Richelle : Vampire Academy, tome 5 : Lien de l'esprit
Nuncq, Emmanuelle : Bordemarge
Pitcher, Annabel : Couleur Ketchup
Rathger, Milena : Arya McPherson, tome 1 : L'Aigle du Caucase
Rozenfeld, Carina : Phaenix, tome 2 : Le Brasier des souvenirs
Safier, David : Jésus m'aime
Saint-Exupéry, Antoine de : Pilote de guerre
Saint-Exupéry, Antoine de : Vol de nuit
See, Lisa : Fleur de Neige
Sheehan, Anna : Belle de glace
Spotswood, Jessica : Soeurs sorcières, tome 1
Stoker, Dacre : Dracula : L'Immortel
Werber, Bernard : Le cycle des Dieux, tome 1 : Nous, les Dieux
Werber, Bernard : Paradis sur mesure 

Je ne désespère pas d'en venir à bout un jour ! Avec mon rythme de lecture actuel, cela équivaut à une année à puiser uniquement dans ma PAL. Ce dont je serais, bien sûr, incapable, j'aime trop les bibliothèques... Je n'exclus pas de participer à un nouveau challenge pour continuer dans la bonne voie !

Voilà pour ce petit bilan/confession,
A bientôt sur le blog !

mardi 20 août 2013

Patients, de Grand Corps Malade : immersion dans un centre de rééducation

[Don Quichotte, 2012]

Pour ce retour de vacances du blog, j'ai choisi de vous parler d'un livre que j'ai lu il y a un petit moment déjà, mais dont je n'avais pas pris le temps de publier la chronique. Il s'agit d'un livre sur lequel je suis « tombée » par hasard et dont l’idée de base a su m’intéresser. Grand Corps Malade est un artiste sympathique dont j’apprécie les textes de manière générale, même si j’écoute assez peu de slam. Aussi, la découverte de son expérience du handicap m’a intriguée.

Résumé

A l’aube de ses vingt ans, Fabien a fait une bêtise, pas si grave à première vue : il a plongé dans une piscine trop peu remplie. Seulement voilà, lorsque sa tête a heurté le sol, l’une de ses vertèbres cervicales s'est logée dans sa moelle épinière. Après plusieurs semaines en réanimation, le voilà en centre de rééducation. Il est tétraplégique, il ne peut bouger aucun des muscles en dessous de son cou. Ce livre retrace son expérience dans ce premier centre de rééducation qu’il a fréquenté, son combat pour retrouver son autonomie, les patients qui ont croisé sa route.

Un autre regard sur le handicap

Je ne sais pas si c’est ce que Grand Corps Malade avait en tête en écrivant ses souvenirs, mais l’un des atouts de cette autobiographie, c’est qu’elle apporte sur le handicap un regard de l’intérieur. Nous sommes nombreux à voir le handicap et à oublier la personne qu’il y a derrière, à avoir une appréhension vis-à-vis de ce que l’on ne connaît pas. Ce livre, finalement, dédramatise : un handicapé reste un être humain on ne peut plus normal, avec ses qualités, ses défauts, ses joies et ses peines. Grand Corps Malade nous présente des gens courageux, qui doivent laisser derrière eux leur « vie d’avant » et trouver la force d’en construire une autre. Une leçon nécessaire dans notre société où les différences sont encore source d’exclusion.

La perte d’autonomie, entre drame et autodérision

C’est un quotidien méconnu que nous livre Grand Corps Malade, celui de patients qui n’ont, pour la plupart, aucune autonomie. Ils ne peuvent pas s’alimenter, se tourner, se gratter, aller à la selle – et tout un tas d’autres petits gestes – sans l’aide d’un aide-soignant. Pour eux, c’est une humiliation. Pourtant, ce livre n’est jamais glauque ni pesant. On y trouve de l’humour, de l’autodérision, et surtout, des joies simples. C’est un livre où l’on se réjouit de pouvoir appuyer sur une télécommande, par exemple. Voilà de quoi nous faire relativiser sur nos petits tracas, et mesurer la chance que nous avons d’être sur nos deux jambes.

Les personnages

Ce qui fait la force de ces personnages, c’est qu’ils existent réellement. Mais surtout, même si le moral n’est pas toujours au beau fixe, ces hommes s’efforcent d’avancer, envers et contre tout. Ils montrent de formidables capacités d’adaptation, ainsi qu’une bonne dose de patience. Patience qui doit devenir leur principale qualité, afin d’accepter leur état. Ne voyez pas d’angélisme dans ces beaux portraits, c’est simplement que ces hommes ont dû développer certaines qualités pour s’en sortir et se soutenir les uns les autres.

L’écriture

Cette autobiographie est écrite simplement. Ne vous attendez pas à un long slam. Les phrases sont courtes et Grand Corps Malade nous décrit avec minutie et sans lyrisme ce qui a été son quotidien. Pour autant, le style n’est pas désagréable et l’auteur nous gratifie régulièrement de quelques bons mots. Il manie l’autodérision, ce qui donne une certaine légèreté à l’ensemble et lui permet de parler d’un sujet difficile sans en faire une lecture indigeste.

En quelques mots…

Ainsi, c’est une autobiographie que j’ai lue avec intérêt, et avec plaisir malgré la difficulté du sujet. Grand Corps Malade aborde son expérience du handicap et de la rééducation sans aucun auto-apitoiement. C’est intéressant à la fois sur le plan médical et sur le plan psychologique. L’auteur ne nous fait pas la leçon, il nous ouvre les yeux sur un monde qui est étranger aux valides. Et ça fait du bien.

Note : 3,5/5

Stellabloggeuse

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« La vie c’est gratuit je vais me resservir et tu devrais faire pareil. »

« Jamais cette chambre ne m’a parue si grande. Je ne suis pas attaché à mon fauteuil, la porte est grande ouverte et pourtant je suis prisonnier, enfermé dans mon immobilité. Une fois de plus, j’attends. Le sentiment que je ressens à ce moment-là est difficile à décrire. Ça ressemble à un mélange d’impuissance et de frustration. Je me rappelle alors que la dernière fois que j’ai ressenti ce genre de sentiment, c’était bien pire. »

« Vingt ans, c’est le règne des envies d’enfant dans un cœur d’adulte. »

« Ils ont un énorme pouvoir sur nous. On dépend d’eux pour le moindre geste, c’est pour ça qu’il est important de bien apprendre à connaître chacun pour apprendre à peu près ce dont tu as besoin. Il faut composer avec leur état de fatigue, leur humeur, leur susceptibilité. Et, comme le quota de personnel soignant par rapport aux nombres de patients est loin d’être à l’équilibre, on passe beaucoup de temps à les attendre, c’est inévitable. Pour avoir nos soins, déjeuner, changer de chaîne, se lever, se laver, s’habiller, se coucher, couper la viande, se servir de l’eau, attraper un truc dans le placard, fumer, on doit attendre notre tour.
Quand tu n’es pas autonome, tu passes plus de temps à attendre qu’à faire les choses. Un bon patient sait patienter. »