mardi 28 mai 2013

Nox, tome 1 : Ici-bas, d’Yves Grevet : une histoire très prenante

[Syros, 2012]

Voilà encore un livre que j’ai découvert « par hasard », grâce à mon boulot de bibliothécaire jeunesse. Au sein d’une commande, nous avons reçu « Nox » d’Yves Grevet. Une collègue m’ayant dit du bien de cet auteur, je me suis donc proposée pour le lire, et j’en suis maintenant ravie !

Résumé

Dans le futur, le réchauffement climatique a fait son œuvre. Le monde est désormais recouvert d’une épaisse couche de brume nocive, responsable d’une faible espérance de vie. Les pauvres vivent en bas, dans la brume qui créé une nuit permanent, les riches en altitude, au-dessus. Dans la ville basse, quatre amis d’enfance seront bientôt séparés par la vie : certains se dirigent vers la révolte tandis que Gerges, lui, s’apprête à rejoindre la milice à la solde du pouvoir en place. Lucen ne sait pas encore comment se positionner. Dans la ville haute, Ludmilla prend lentement conscience des injustices vécues par « ceux d’en bas ».

Un univers intéressant

J’ai beaucoup aimé l’univers développé par l’auteur. La ville basse est plongée dans une nuit permanente, aussi la production d’énergie est vitale, chacun doit en faire sa part. L’altitude d’habitation traduit le milieu social, et les adolescents sont supposés se marier très tôt, en raison de l’importante mortalité. Mais des rebelles se battent contre les inégalités entre la ville haute et la ville basse, au péril de leur vie puisque la milice fait régner la terreur et frappe aveuglément. Ainsi, c’est un univers à la fois futuriste et dictatorial, bien construit et très intéressant.

D’amours et d’amitiés

Mais cette histoire est avant tout une histoire d’amitié, puisqu’il est question d’un groupe de quatre garçons que la vie sépare de plus en plus. Nous vivons l’histoire du point de vue de deux d’entre eux, Gerges et Lucen, tiraillés entre leur amitié, leurs aspirations et leurs familles. Un troisième point de vue s’exprime, celui de Ludmilla, de la ville haute. Tous vivent des premiers amours, plus ou moins sérieux, plus ou moins menacés. Cette dimension « affective » ajoute de l’intérêt à l’histoire, et j’ai été emportée peu à peu, tournant les pages de plus en plus vite. Un petit bémol, la présence de trois points de vue occasionne parfois des répétitions, mais cela apporte aussi un autre éclairage.

Les personnages

Les personnages sont très attachants. Lucen est amoureux de Firmie, et il est prêt à tout pour être avec elle et assurer leur vie à tous les deux, quitte à être rejeté par sa famille. Gerges est le plus touchant de tous, il est impliqué dans la milice dont il réprouve pourtant les usages, mais sa loyauté envers sa famille le pousse à rester. Quant à Ludmilla, est a eu une vie très protégée, et commence tout juste à prendre conscience des injustices qui régissent son monde, c’est intéressant de la voir évoluer.

L’écriture 

L’écriture de l’auteur est très agréable, il passe aisément d’un point de vue à l’autre et dose bien les descriptions et les dialogues. Il nous livre habilement les clés de son univers, au fur et à mesure, et tisse une toile impitoyable autour de ses personnages. Il fait monter la tension au fur et à mesure. Ainsi, il écrit bien et maîtrise sa narration, tout ce qu’il faut pour passer un bon moment de lecture.

En quelques mots…

Ainsi, ce roman a été une excellente surprise pour moi, j’ai adhéré à l’univers de l’auteur et j’ai été peu à peu emportée par l’intrigue. J'ai déjà très envie de lire le second volet ! C’est donc une très bonne lecture pour les adolescents à partir de 12/13 ans et les adultes plus ou moins jeunes, que je vous conseille volontiers. Je vous propose également le billet de Culturez-vous, qui aime beaucoup cet auteur.

Note : 4/5

Stellabloggeuse

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Ce roman fait partie du challenge :




Où sont les hommes ? : lecture n°47

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"- Ma maison d'autrefois se trouve dans cette direction.
– Mais personne n’habite sur les plaines mauves.
Elle éclata d’un rire nerveux. Je pris la mouche car j'avais vraiment l'impression qu'elle se fichait de moi.
– Les plaines mauves, répétait-elle en reprenant son souffle, les plaines mauves, mais…
Elle me rattrapa alors que je quittais la terrasse en boudant.
- Je ne me moque pas de vous, Ludmilla. Mais ce mensonge tellement gros qu’il me surprend toujours quand on l’évoque. Il n’y a pas de plaine mauve, ce sont des nuages de pollution si denses qu’ils empêchent toute lumière de les traverser. En dessous, c’est la nuit et des gens vivent là, dans la pénombre. Ce phénomène se nomme la Nox. Tous les matins, je rêve que le nuage s’est enfin dissipé et que je vais apercevoir la maison de mes parents.
– Des gens vivent là-dessous ? Des gens comme nous ?
– Oui, comme moi surtout."


"Je vais avoir dix-sept ans dans moins de trois mois. A cette date, je devrai être marié. C'est la loi ici. Mais pour avoir le droit de prêter les serments de fidélité éternelle, les deux candidats doivent au préalable avoir passé les tests de compatibilité. En clair, la future mariée doit être enceinte au moment du mariage. La vie est trop courte par chez nous pour perdre du temps à unir deux êtres qui ne pourraient assurer une descendance."

samedi 25 mai 2013

Tobie Lolness, de Timothée de Fombelle, tome 1 : La vie suspendue


Cela faisait longtemps que l’on me conseillait de lire les aventures de Tobie Lolness écrites par Timothée de Fombelle, que l’on disait pleines de fantaisies. Aussi, cette année, j’ai profité du Baby-challenge jeunesse pour enfin mettre ce titre sur ma liste de lecture. Et je peux vous dire d’ores et déjà que je ne le regrette pas !

Résumé

Dans un arbre vit un peuple de petits êtres qui ne mesurent qu’un peu plus d’un millimètre. Sim Lolness en est le savant le plus influent, estimé de tous…jusqu’au jour où ses idées osées sur la nécessité de préserver l’arbre le font tomber en disgrâce. Son fils, le jeune Tobie, vivra l’exil, puis la fuite pour tenter d’échapper à l’affreux Jo Mitch, assoiffé de pouvoir et de richesses, et pour l’empêcher de mettre la main sur le secret qui mettrait l’arbre en péril.

Un roman plein de fantaisie

Je suis assez rapidement tombée sous le charme de ce roman jeunesse et de son univers végétal. L’auteur a très bien su utiliser les propriétés, les caractéristiques des arbres pour créer son monde. Il fabrique ainsi de la fantaisie avec des choses qui existent déjà. Quand on mesure un millimètre, les moustiques deviennent des tueurs, les oiseaux de dangereux prédateurs, et les limaces de paisibles ruminants. On retrouve cette fantaisie du côté de l’intrigue qui recèle de nombreux rebondissements, donc les solutions sont parfois tirées par les cheveux. Personnellement, j’ai aimé cette petite part d’irrationnel, je crois qu’il suffit d’avoir conservé un cœur d’enfant pour adhérer aux péripéties de Tobie, qui nous fait vivre un véritable roman d’aventures.

Un propos écologique

J’ai également apprécié le propos écologique du roman, un thème qui semble être l’un des chevaux de bataille de l’auteur. En effet, dans ce roman se pose la problème de la sauvegarde de l’arbre alors que son peuple s’accroît, qu’il faut construire des logements et trouver des sources d’énergies. Sim Lolness, le père de Tobie, défend une théorie selon laquelle l’arbre est vivant, et qu’il ne faut donc pas abuser de ses ressources vitales, sous peine de le tuer et de condamner ses habitants. Toutes ces considérations peuvent s’appliquer à notre planète, et je trouve que c’est une manière très intelligente de parler d’écologie aux plus jeunes. De même, l’auteur aborde la peur de l’étranger par l’intermédiaire du peuple des Pelés, qui vivent dans les prairies au pied de l’arbre et sont craints par les habitants de ce dernier.

Les personnages

Il est difficile de ne pas aimer Tobie ! Ce garçon est vraiment sympathique, droit et courageux. Il se montre parfois intransigeant avec ceux qui n’ont pas sa force, mais il sait aussi offrir son pardon à ceux qui reconnaissent leurs erreurs. Ajoutons qu’il est très futé, et nous obtenons un jeune héros très agréable à suivre. Son amie Elisha est plus mystérieuse, plus insaisissable, mais elle a su m’intriguer. On ne peut douter de sa profonde amitié pour Tobie, et c’est là tout ce qui compte. J’ai également eu de la tendresse pour Sim Lolness, ce savant maladroit. Enfin, les méchants sont très méchants, pas de doute là-dessus, et on prend beaucoup de plaisir lorsqu’ils échouent.

L’écriture

La plume de Timothée de Fombelle m’a convaincue. Son écriture est très agréable, agrémentée d’une pointe d’humour. Il s’amuse avec certaines expressions de la langue française qu’il applique à l’arbre. Les descriptions sont également très réussies, nous n’avons aucun mal à imaginer l’univers de l’arbre qu’il développe sous nos yeux. Quelques illustrations nous aident également à visualiser les scènes. Ainsi, la forme du roman m’aura tout autant charmée que le fond, et je crois que c’est un auteur que je vais suivre !

En quelques mots…

Ainsi, j’ai été charmée par ce roman plein de fantaisie, par son univers végétal et son propos écologiste. Tobie Lolness est un héros que l’on prend beaucoup de plaisir à suivre dans ses aventures. L’ensemble est porté par une écriture très agréable. J’ai déjà hâte de lire le second volet !

Note : 4/5

Stellabloggeuse

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Ce roman fait partie des challenges :


Baby Challenge Jeunesse 2013 : 10/20 (objectif 12/20)
  


Big Challenge 2013 : lecture n° 7


Challenge "Où sont les hommes ?" : lecture n°46
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"A cent pieds sous lui, au milieu d'une énorme branhe cabossée, s'étendait un vaste lac. Un lac suspendu au milieu de l'arbre. Une merveille. Une branche avait dû s'arracher et laisser un grand trou dans l'écorce où luisait maintenant un lac d'eau claire Des taillis de haute mousse venaient jusque sur la rive et Tobie voyait même des plages d'écorce blanche, des criques délicieuses où il aurait pu planter sa tente. Le ruisseau qu'il avait suivi se jetait dans ce lac. Il formait une chute d'eau vertigineuse qui faisait mousser l'eau transparente du lac. Joli destin pour son jus de chaussette."

"Pauvres gens, ils ont préparé leur malheur aussi bien qu'un dessert : une motte de peur, une poignée de mensonge, beaucoup de faiblesse et quelques grammes d'ambition. Et maintenant, c'est leur fils qui va devoir avaler ça."

"Même une plume d'ange peut crever un oeil, si on la prend du mauvais côté."

jeudi 23 mai 2013

Hantée, de Maureen Johnson, tome 2 : Un mal souterrain

[Michel Lafon, 2013]

*Attention, il s’agit du second tome d’une saga, présence de spoilers sur le tome précédent*

Cet automne, je découvrais Maureen Johnson avec le premier tome de la saga « Hantée » qui, malgré quelques défauts, avait su me donner envie de connaître la suite de l’histoire. C’est donc avec enthousiasme que je me suis lancée dans ce second volet !

Résumé

Rory tente de se remettre de sa rencontre avec l’Eventreur et du coup de couteau qu’il lui a infligé. Mais le plus dur pour elle, c’est d’être loin de Londres, de ses amis du pensionnat et surtout, de la Brigade des Ombres qui sont les seuls à connaître son secret. Pendant ce temps, à Londres, des meurtres étranges se produisent autour de Wexford. Lorsque Rory est enfin autorisée à reprendre les cours, armée d’un don nouveau, elle n’a qu’une hâte : participer aux enquêtes.

Une intrigue fantastique convaincante

Une fois de plus, j’ai aimé la manière dont l’auteure exploite le thème du fantôme. L’intrigue se déroule plus ou moins sous forme d’enquête, il y a un certain suspense qui pousse à tourner les pages. L’évolution du pouvoir de Rory et sa manière de le gérer est également intéressante. Au final, nous avons un mélange de roman fantastique et de thriller qui fonctionne plutôt bien. La fin du roman est assez déstabilisante, tout bascule très vite et bascule d’une manière inattendue, je ne sais pas comment l’auteure (et donc son personnage) va gérer la suite des évènements et cela m’intrigue beaucoup.

Les mêmes faiblesses

En revanche, j’ai noté les mêmes faiblesses que dans le tome précédent, à savoir un gros manque d’intérêt en ce qui concerne la vie au pensionnat. Les cours comme les personnages des élèves n’ont pas grand intérêt. Il y a également quelques longueurs, notamment au début du roman, l’intrigue ne démarre vraiment qu’au bout d’une centaine de pages.

Les personnages

Du côté des personnages, rien de nouveau. Rory reste sympathique, mais elle en fait toujours trop dans le cliché de l’Américaine sudiste. De même, sans vous en dire trop, j’ai trouvé certaines de ses décisions précipitées et carrément immatures, comme si elle n’avait pas réfléchi… Jérôme et Jazza, ses amis du pensionnat, restent toujours aussi peu intéressants, on ne les voit d’ailleurs pas beaucoup. J’ai regretté en revanche la faible présence d’Alistair, qui m’a bien fait rire au début du roman. Mes préférés restent les membres de la Brigade des Ombres, notamment l’énigmatique Stephen. Du côté des nouveaux personnages, je n’ai pas aimé Jane, trop mielleuse.

L’écriture 

En ce qui concerne l’écriture, j’ai trouvé le style agréable dans l’ensemble, peut-être un peu trop simple. J’ai surtout noté des défauts de traduction, par exemple des « n’importe comment » en début de phrase (pour « anyway » sans doute), ou des phrases comme « tu es l’une de nous à présent » (« des nôtres » sonnerait un peu mieux non ?). Bref, ça sent la traduction littérale à plein nez ! Ajoutons à cela quelques petites fautes de grammaire française. Certes ce n’est pas si grave, mais de la part d’une grande maison d’édition, je crois que j’attends tout de même un peu mieux…

En quelques mots…

Ainsi, cette suite m’a plu, j’ai aimé ce mélange d’histoire de fantôme et d’enquête policière. Néanmoins, quelques longueurs subsistent, j’ai du mal à m’attacher aux personnages et le style reste un peu faible. J’ai cependant suffisamment envie de connaître la suite pour terminer la trilogie, grâce à une fin qui est, une fois de plus, promet d’importants bouleversements.
Un grand merci aux éditions Michel Lafon pour leur confiance et pour la découverte de ce titre.

Note : 3/5

Stellabloggeuse

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Ce roman fait partie des challenges :


Challenge « Bouge ta PAL ! » : lecture n°39

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« A la seconde où je l’ai touché, j’ai senti mes doigts êtres aspirés dans son corps comme si je les avais enfoncés dans l’embout d’un aspirateur. Une onde d’énergie a remonté mon bras, me reliant désormais à lui avec une force inexorable, puis un souffle d’air a tourbillonné, bien plus fort que n’importe quelle brise marine. Ensuite il y a eu un jet de lumière et ce troublant parfum de fleurs. Et l’homme a disparu. »

« J’avais mieux à faire : à savoir, me rendre dans un hôpital psychiatrique pour m’entretenir avec un assassin. C’était forcément bien plus important que d’aller examiner les œuvres de virtuoses représentant des petits étangs et des moutons dans le ciel. »

« -Je vais pas te mentir, a confié Callum. Je suis particulièrement contente d’être là.
On s’est retrouvés à l’entrée de la gare à l’intérieur. M’éclipser du dîner en expliquant où j’allais avait nécessité une certaine présence d’esprit. J’avais raconté que j’avais une course à faire chez Boots, et comme Jazza a proposé de m’accompagner, il a fallu que j’ajoute que j’allais en profiter pour appeler mes parents en chemin et sûrement rester un bon moment au téléphone. J’ai effectivement passé un rapide coup de fil à mes parents, , ne serait-ce que pour minimiser mon mensonge.
-J’ai toute une liste de tu-sais-quoi dont il faut qu’on s’occupe, a annoncé Callum. Allons faire crac-crac. »

samedi 18 mai 2013

Le prince d’été, d’Alaya Dawn Johnson : futuriste, artistique et plein d’énergie


Vous le savez, j’apprécie beaucoup les titres de la Collection R et leurs nouvelles parutions continuent à me tenter sans cesse. Cette fois-ci, j’ai succombé à la tentation du « Prince d’été » d’Alaya Dawn Johnson qui, pour une fois, constitue un tome unique.

Résumé

June est une waka (une personne de moins de 30 ans) de la ville-pyramide de Palmarès-Très. Quatre cent ans plus tôt le monde a frôlé la destruction et, sur la côte de ce qui fut le Brésil, une ville s’est reconstruite, exclusivement dirigée par des femmes, sauf une fois tous les cinq ans. Un roi d’été est alors élu. Chargé de désigner la prochaine reine, il est sacrifié à la fin de l’hiver. Lorsque Enki, un waka issu du Verde, le quartier pauvre de la ville, est élu roi, tous les wakas sont derrière-lui, et particulièrement June qui, en sa compagnie, tente de réaliser la plus grande œuvre d’art que la ville n’ait jamais connu.

Un univers futuriste original

Ce que j’ai le plus apprécié à la lecture de ce roman, c’est son originalité. L’auteure nous livre ici une véritable création, pleine d’imagination. Cette ville-pyramide, organisée en plusieurs niveaux et dotée de technologies futuristes (mais pas autant que Tokyo 10, toujours à la pointe) m’a beaucoup plu. Les humains atteignent désormais allègrement l’âge de 250 ans. La structure sociale et politique est également originale, puisque les femmes sont au pouvoir et que la société est très libérée. On aime indifféremment des hommes et des femmes à Palmarès-Très, et les relations ne sont pas forcément exclusives.

L’Art et l’énergie

L’art occupe une grande place dans cette histoire, d’une part car June est une artiste visuelle et d’autre part car c’est un attrait partagé par l’ensemble de la population. En effet, la ville conserve certain traits de l’ancien Brésil, notamment une passion pour la musique et la danse. Cela confère au roman une véritable énergie que j’ai beaucoup appréciée. En revanche, je dois dire que l’intrigue en tant que telle ne m’a pas franchement convaincue, y compris le dénouement qui « tombe un peu du ciel ». J’ai aimé l’imagination et l’hommage à l’art, mais j’ai mal saisi la finalité de l’histoire, si ce n’est d’aborder certains sujets concernant la société et l’avenir de l’humanité.

Les personnages

Là où j’ai eu plus de mal, c’est avec les personnages pour lesquels je ne me suis pas vraiment prise d’affection. June a un côté égoïste et capricieux qui m’a dérangée, même si elle s’améliore au fil du roman. J’ai eu l’impression qu’elle avait du mal à prendre en compte les sentiments des autres, mis à part ceux de son ami Gil. Ce dernier, nous le connaissons trop peu pour nous y attacher vraiment, même s’il dégage une forte séduction par la danse et par l’amour que lui porte June. Quant à Enki, je me suis souvent demandé où il voulait en venir, quel était son but. C’est un personnage qui reste obscur pour moi, même si certains passages sont écrits de son point de vue. Je crois qu’il m’a paru trop inhumain.

L’écriture

J’ai beaucoup aimé l’écriture d’Alaya Dawn Johnson, parfois poétique, parfois plus directe. Je l’ai trouvée très agréable, et assez fluide malgré la présence d’un vocabulaire spécialisé, dédié à son univers. En effet, un grand nombre de mots, inventés ou issus du portugais, nous échappent dans un premier temps. J’ai d’abord buté sur ce vocabulaire, mais il s’intègre finalement assez vite et permet de rendre l’univers créé par l’auteure plus vivant. Tout n’est pas clairement explicité, mais cela permet surtout de faire travailler son imagination !

En quelques mots…

Au final, je vous dirais que j’ai beaucoup aimé ce roman pour l’originalité de son univers, l’importante place faite à l’art et son énergie. Il faut s’accrocher au début du roman pour décoder cet univers à part et en appréhender le fonctionnement, mais cela en vaut la peine. L’histoire pose des questions sur le fonctionnement de nos sociétés, mais j’ai trouvé l’intrigue un peu légère, et le dénouement rapide. Surtout, j’ai eu du mal à m’attacher aux personnages qui, à mon goût, manquent d’humanité et de profondeur. Mais c’est un roman à lire si vous aimez les univers futuristes, l’art, et si vous appréciez d’être surpris, à partir de 15 ans environ. Pour finir je vous propose l’avis de ma copinaute D’encre et de rêves, plus enthousiaste que le mien !

Note : 3,5/5

Stellabloggeuse

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Ce roman fait partie des challenges :


Challenge 100 % R : 7e lecture


Challenge « Bouge ta PAL ! » : lecture n°38

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« Le mouvement s’accélère, je dois faire attention à ne pas me ridiculiser. Malgré ma concentration, je me laisse absorber par le rythme. Ce un-deux-trois que mes pieds connaissent mieux que mon cerveau. La façon dont bougent mes hanches et glisse la soie polymérisée sur mes seins. Gil me fait tournoyer d’un côté,  puis de l’autre. Je ris et il me renverse sur son genou. Je lance une jambe en l’air, sans me soucier que l’on voie ce qu’il y a sous ma robe ni du risque de perdre une chaussure. Gil affiche son petit sourire en coin impénétrable. Il me soulève, puis ses mains empoignent mes hanches et voilà que je vole au-dessus de lui dans le swing trépidant de la samba qui pulse autour de nous, et j’aperçois la ville, scintillante, en contrebas. C’est le plus beau moment de ma vie. »

« Je n’ai pas envie de coucher avec lui. Ce serait comme faire l’amour avec l’orage. Je ne fais que fantasmer sur un tas de choses que je ne veux pas vraiment. »

« Tu as toujours aimé la lumière. Tes implants luisaient sur la piste de danse quand Gil t’a soulevée dans les airs. J’ai prétendu que je n’avais pas fait attention, mais j’ai menti. Ton arbre a pris de l’ampleur depuis cette nuit-là. Je t’ai dit un jour que je pouvais lire dans tes pensées, mais je n’ai même pas besoin de regarder ton visage pour connaître tes humeurs. La colère est le sentiment le plus facile : tu scintilles et tu lances des éclairs comme les lanières d’un fouet qui crépite. Quand tu es enthousiaste, tu montres tes plus belles couleurs. Et cette façon qu’ont les branches le long de ton bras d’ondoyer dans la brise quand un nouveau projet artistique vient de prendre forme dans ton esprit… Quand tu as vu l’océan pour la première fois, j’ai bien cru qu’elles allaient fleurir. »

jeudi 16 mai 2013

Rien que ta peau, de Cathy Ytak : un mini-roman sensible et très touchant


"Rien que ta peau" de Cathy Ytak est encore un roman sur lequel je ne me serais jamais arrêtée si je n’avais pas eu besoin d’un auteur en « Y » pour mon Challenge ABC. Ce challenge me ravit pour les découvertes qu’il me fait faire, car c’est un très beau mini roman que je viens de lire.

Résumé

Ludivine, dite Louvine, est lente, ou idiote, pour la plupart des gens. Elle a du mal à prendre des décisions et a une obsession pour les couleurs. Les gens supportent mal sa différence, y compris ses propres parents. Personne ne la comprend vraiment. Jusqu’à Mathis, qui aime soigner les oiseaux et faire les choses lentement. Sauf que leur amour, aux yeux des autres, sera suspect.

Une belle histoire d’amour

Comme souvent avec ce type de mini-roman (70 pages), il est difficile de faire une chronique sans trop en dire, sans tout raconter. Ce que je vous dirai en tout cas, c’est que l’auteure s’est mise dans la peau de cette jeune fille d’une manière délicate et sensible. Rien de pathétique dans cette histoire, pas de violons. C’est une belle histoire d’amour, qui nous est contée sans complexe ni détour par Ludivine, d’une manière très poétique.

La différence qui dérange

C’est aussi un roman sur la différence, sur la manière dont la société a du mal à s’accommoder à ces personnes qui ne sont pas « dans le moule » et qui ont pourtant beaucoup à offrir. On dénie à Ludivine le droit de vivre comme tout le monde, le droit d’aimer. On ne comprend pas que Mathis puisse sincèrement s’intéresser à elle.

La fin nous laisse dans le flou. Louvine est pleine d’espoir, quant à nous, nous pouvons tout imaginer, le meilleur comme le pire. Moi, j’ai eu envie d’y croire.

Les personnages

Ce mini-roman est centré sur le personnage de Louvine qui nous raconte son histoire. J’ai tout de suite éprouvé de la sympathie pour cette jeune fille consciente de sa différence. Elle se rend très bien compte de l’attitude des gens à son égard et notamment de ses parents. Pourtant, elle se montre forte, suffisamment pour s’opposer à eux et pour prendre ses propres décisions, ce dont on la croit incapable. Elle vit son histoire d’amour avec beaucoup d’innocence, elle est très touchante. Quant à Mathis, puisqu’on le voit à travers ses yeux, il ne peut que nous plaire.

L’écriture

Je ne connaissais pas du tout Cathy Ytak, et j’ai beaucoup apprécié son écriture, à la fois sensible et directe. Elle ne tourne pas autour du pot, n’enveloppe pas ses phrases de trop de fioritures, elle trouve simplement les mots qui sonnent juste, elle sait les assembler. Sa plume m’a tenue en haleine du début à la fin, ce qui est le principe de ces petits romans « d’une seule voix ».

En quelques mots…

Ainsi, j’ai beaucoup aimé cette découverte, ce mini-roman sur le premier amour d’une jeune fille différente, vécu avec beaucoup d’intensité et d’innocence. Si vous voulez lire une histoire d’amour différente, n’hésitez pas, prenez une grosse demi-heure pour dévorer ce mini-roman, vous ne le regretterez pas.

Note : 4/5

Stellabloggeuse

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Ce roman fait partie du challenge :


Challenge ABC 2013 : 19/26

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« Je ne respire plus. Je puise dans tes yeux clairs rivés aux miens ta force et ta douceur dans un inextricable clair-obscur. Je hurle encore le saccage accompli, le désir tué, le sang qui coule sur ta joue et celui qui a coulé de mon corps, tout à l’heure, quelques gouttes à peine, rosées, mélangées. Je hurle, enfin, pour ne jamais oublier. »

« Et c’est ce souvenir qui me tient debout à l’intérieur, dans mon lit. Ce que disent les autres, je m’en moque. Je me souviens de nous, de nous, de nous. Et ma mémoire est douce comme une combe enneigée. Pareil à une pelote de fil que je tire doucement, je la dévide, je vais la rembobiner complètement, cette fois en partant du début. Ils m’ont dénié le droit d’y avoir joué un rôle, alors je me la réapproprie et la ressort intacte. Je sais que toi aussi, où que tu sois, tu fais la même chose, chaque nuit. »