samedi 13 avril 2013

La Vérité sur l’Affaire Harry Québert, de Joël Dicker : un polar bien ficelé doublé d’un habile jeu d’écriture


« La Vérité sur l’Affaire Harry Québert », second roman de Joël Dicker a fait parler de lui lors de la rentrée littéraire 2012. Il a notamment reçu le Prix Goncourt des Lycéens. Le résumé m’a intriguée et m’a donné envie de le découvrir. Il m’a fallu être patiente, car la liste de réservations était longue à la bibliothèque, mais cette attente en valait la peine !

Résumé

En 2008, dans une Amérique qui s’apprête à élire Barack Obama président, l’écrivain Marcus Goldman peine sur son second roman, l’inspiration l’a quitté. Mais sa vie prend un tour inattendu lorsque son ami et mentor Harry Québert, écrivain et universitaire reconnu, se trouve accusé d’un meurtre commis en 1975, la femme qu’il aimait ayant été retrouvée enterrée dans son jardin… Marcus Goldman le rejoint dans le New Hampshire pour le défendre, confronté en même temps à la résolution de l’enquête et à l’écriture de son roman.

Un thriller prenant, une histoire d’amour moins convaincante

La dimension policière du roman, l’enquête autour du meurtre de Nola Kellergan, a su m’intéresser. Les éléments nous sont livrés au fur et à mesure et le suspense reste présent tout au long du roman. Lorsqu’on croit tenir une piste, de nouvelles révélations viennent tout remettre en cause, jusqu’à la fin, tant et si bien que je n’ai plus pu lâcher ce roman lorsque je suis entrée dans les 150 dernières pages. En revanche, la romance m’a moins convaincue, elle manque de corps, de développement, on a du mal à y croire. Je l’ai trouvée assez naïve, dans l’ensemble.

Etre écrivain aux Etats-Unis

Ce roman nous brosse également un portrait des Etats-Unis à deux époques différentes, les années 1970 et la fin des années Bush. L’essentiel du roman se déroule dans la petite ville d’Aurora, où tout le monde se connaît et s’observe. Nous sommes ainsi en immersion dans ce pays. Joël Dicker évoque notamment le statut d’écrivain aux Etats-Unis, à la fois « starisé » et mis sous pression par les contraintes économiques. Il nous présente un éditeur aux dents longues, prêt à tout pour faire parler de lui, et un écrivain en déroute, dont il nous livre les préoccupations. Le tout grâce à une intelligente mise en abyme, puisque ce roman contient lui-même des extraits de roman du personnage principal. De même, chaque chapitre débute par un conseil de Harry Québert pour écrire un bon roman.

Les personnages

Ce roman présente une galerie de personnages hauts en couleur, que j’ai aimé découvrir. Marcus Goldman, le personnage principal, pourrait être antipathique de par son égocentrisme. Mais à force de suivre ses pensées, de connaître ses doutes, je me suis prise d’affection pour lui, d’autant plus qu’il évolue dans le bon sens. De plus, on ressent dans ce personnage une certaine autodérision de la part de l'auteur. Le personnage de Harry Québert est assez charismatique, mais aussi touchant, lui qui a attendu toute sa vie le retour de Nola. Cette dernière est un personnage plus complexe qu’il n’y paraît au premier abord, même si j’ai eu du mal à la cerner. Enfin, certains personnages m’ont fait rire et sourire, notamment Gahalowood, le policier faussement bourru, ou la mère de Marcus, qui a une idée fixe, marier son fils !

L’écriture

L’écriture de Joël Dicker n’a rien de très particulier ou d’inoubliable, mais elle est tout à fait correcte et le roman est agréable à lire. Malgré sa longueur (665 pages), les pages défilent sans problème. Comme je l’ai déjà souligné, la construction du roman est intelligente. Enfin, il y a dans ce roman une bonne dose d’humour, notamment au travers de certains personnages évoqués ci-dessus, et d’autres comme Tamara et Robert Quinn.

En quelques mots…

Ainsi, c’est un roman bien mené et bien construit que nous propose Joël Dicker, une enquête qui m’a tenue en haleine jusqu’à la dernière page. Si l’histoire d’amour m’a peu convaincue, j’ai apprécié cette plongée aux Etats-Unis, et cette incursion dans la vie d’un auteur. Une leçon essentielle est à retenir : si on veut accomplir des choses dans la vie, il ne faut pas avoir peur de "tomber", d'échouer... A méditer.

Note : 4/5

Stellabloggeuse

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Ce roman fait partie des challenges :


Challenge ABC 2013 : 13/26


Challenge « Où sont les hommes ? » : lecture n°37

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« -Vous allez voter démocrate, Goldman ?
-Evidemment que je vais voter démocrate.
-Vous allez voir, ils vont coller des impôts mirobolants aux richards dans votre genre. Et après ça, il sera trop tard pour pleurer. Pour gouverner l’Amérique, il faut des couilles. Et les éléphants ont des plus grosses couilles que les ânes, c’est comme ça, c’est génétique.
-Vous êtes édifiant, Roth. De toute façon, les démocrates ont déjà gagné la présidentielle. Votre merveilleuse guerre a été suffisamment impopulaire pour faire pencher la balance.
Il eut un sourire narquois, presque incrédule :
-Enfin, ne me dites pas que vous y croyez ! Une femme et un Noir, Goldman ! Une femme et un Noir ! Allons, vous êtes un garçon intelligent, soyez un peu sérieux : qui élira une femme ou un Noir à la tête du pays ? Faites-en un bouquin. Un beau roman de science-fiction. Ce sera quoi la prochaine fois ? Une lesbienne portoricaine et un chef indien ? »

« Vous essayez de me parler d’amour, Marcus, mais l’amour, c’est compliqué. L’amour, c’est très compliqué. C’est à la fois la plus extraordinaire et la pire chose qui puisse arriver. Vous le découvrirez un jour. L’amour, ça peut faire très mal. Vous ne devez pas pour autant avoir peur de tomber, et surtout pas de tomber amoureux, car l’amour, c’est aussi très beau, mais comme tout ce qui est beau, ça vous éblouit et ça vous fait mal aux yeux. C’est pour ça que souvent, on pleure après. »

« Qui vous a mis ces sornettes en tête ? Vous êtes esclaves de votre carrière, de vos idées, de vos succès. Vous êtes esclave de votre condition. Ecrire, c’est être dépendant. De ceux qui vous lisent, ou ne vous lisent pas. La liberté, c’est de la foutue connerie ! Personne n’est libre. J’ai une partie de votre liberté entre les mains, de même que les actionnaires de la compagnie ont une partie de la mienne dans les leurs. Ainsi est faite la vie, Goldman. Personne n’est libre. Si les gens étaient libres, ils seraient heureux. Connaissez-vous beaucoup de gens véritablement heureux ? »

3 commentaires:

  1. c'est un titre qui me fait envie mais je reste quand même un peu mitigée. J'ai peur de ne pas l'aimer autant que ça. je pense attendre sa sortie poche, comme ça au moins la déception sera moins grande si je n'adhère pas.

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    1. Tu as bien raison, j'ai beaucoup aimé, mais il n'y a pas non plus urgence à le lire tout de suite ;)

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  2. Comme toi, je n'ai pas été convaincue par l'histoire d'amour mais, sinon, tout le reste est bien ficelé.

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