mercredi 30 janvier 2013

Les chroniques de MacKayla Lane, tome 3 : Fièvre Fae, de Karen Marie Moning

[J’ai lu, 2011]

*Attention, il s’agit du tome 3 d’une saga : présence de spoilers sur les tomes précédents*

J’ai commencé la saga des Chroniques de MacKayla Lane de Karen Marie Moning en 2012 avec les deux premiers tomes, « Fièvre noire » et « Fièvre rouge ». Assez éloignée de mes lectures habituelles, cette série a le don de me détendre en me déconnectant complètement de la réalité qui m’entouré. J’ai donc été ravie de découvrir le 3etome, « Fièvre Fae » en ce début d’année 2013, à l’occasion d’une lecture commune organisée par Jelydragon sur Livraddict !

Résumé

Nous retrouvons Mac là où nous l’avions laissée, c’est-à-dire face à face avec le Livre Noir ! Elle découvre enfin la véritable nature de ce dernier, ainsi que la manière dont il se déplace dans Dublin. Néanmoins, sa principale préoccupation n’est pas de s’emparer du Livre, mais d’en éloigner les personnes qui gravitent autour d’elle, à commencer par Barrons et V’lane. Pour ne rien arranger, elle doit faire face aux suspicions de l’inspecteur Jayne, et aux sollicitations peu aimables de Rowena, la dirigeante des sidhe-seers. Pendant ce temps, les murs séparant les humains des Faes sont plus fins que jamais et il devient urgent de les renforcer…

Course-poursuite et course contre la montre

Dans ce troisième tome, pas de chasse aux objets de pouvoir ou aux pierres de traduction du Livre Noir. Non, une bonne partie de l’intrigue tourne autour du Livre lui-même, qui prend un malin plaisir à se balader dans Dublin et à narguer Mac. Cette dernière a toutes les peines du monde à en éloigner Barrons et V’lane…

Mais ce tome est avant tout une course contre la montre, puisque les murs séparant les mondes menacent de s’effondrer dès le prochain Halloween. Mac déploie donc des efforts désespérés pour tenter de devenir plus forte, de nouer des alliances et surtout, d’en savoir plus sur l’univers Fae et la magie qui constitue les murs. Cette échéance d’Halloween induit une tension qui est présente tout au long du roman, et qui garde le lecteur captif. Ainsi, je n’ai pas ressenti de longueurs comme ce fut le cas avec les tomes précédents. Au contraire, les pages se tournent de plus en plus vite, jusqu’à une fin apocalyptique et un dernier chapitre qui laisse le suspense entier quant à la suite des évènements ! C’est dur de ne pas avoir la suite à portée de main !

Un univers en forme de puzzle géant

Dans ce tome, Mac en apprend davantage sur les Fae et leur univers, à mon plus grand plaisir. En effet, la mythologie déployée par l’auteur est très intéressante. Ainsi, on découvre l’origine des Unseelies, ou la manière dont ceux-ci ont été enfermés. Nous sommes face à un puzzle géant dont l’auteure assemble les pièces une à une, et nous découvrons l’assemblage en même temps que Mac. Beaucoup de mystères subsistent encore, et c’est tant mieux ! Mac est donc toujours aussi perdue, tentant de dissocier amis et ennemis, s’essayant à la manipulation pour arriver à ses fins. C’est quelque chose que j’apprécie beaucoup, ne pas arriver à savoir quels personnages sont véritablement du côté de Mac.

Les personnages

Ce troisième tome permet aux personnages de s’étoffer encore un peu plus. Mac est plus forte, plus prévoyante et plus lucide qu’auparavant, mais elle reste aussi la mac « d’avant » : une fille du Sud qui rêve de retrouver sa famille et une vie insouciante, qui se préoccupe de l’assortiment de ses vêtements et de son vernis à ongle. Ce mélange me plaît toujours autant et j’ai tendance à considérer Mac comme une amie, de celles dont on se dit « elle est incorrigible », mais qu’on aime quand même.

Ce tome fait également la part belle à V’lane, et j’ai beaucoup apprécié de pouvoir le connaître davantage, même si nous ne savons jamais ce qu’il pense. Comme Mac, je me surprends souvent à me laisser séduire, avant de me rappeler combien il est dangereux ! Quant à Barrons, s’il est moins présent dans ce tome, il plane sur tout le roman, hantant l’esprit de Mac qui s’acharne a essayer de savoir ce qu’il est, et à lutter contre le désir qu’il suscite en elle. Du côté des « nouveaux » personnages découvert dans le tome 2, j’aime beaucoup Dani, une jeune sidhe-seer qui possède à la fois la fougue et la naïveté de la jeunesse.

L’écriture 

Karen Marie Moning est très agréable à lire. Son style est fidèle à lui-même, très direct, mais jamais brouillon. Aucun terme, aucune phrase ne « sonne » mal, tout est à sa place, même s’il n’y a pas d’effet de style particulier. Elle manie également très bien l’humour, parfois dans les moments les plus incongrus.

En quelques mots…

J’ai donc beaucoup apprécié la lecture de ce troisième tome, et j’ai réellement hâte d’en savoir plus. Ma grande amitié pour le personnage principal et la complexité de l’univers créé par l’auteure font de cette saga une de mes préférées actuellement. Vivement la suite !

Je vous invite maintenant à découvrir les avis de mes camarades de lecture : Jelydragon(organisatrice), SokittyNefertari, ...

Note : 4,5/5

Stellabloggeuse

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Ce roman fait partie des challenges :

 

Challenge ABC 2013 : 4/26


Big challenge 2013 : 1/10

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« Même avec ses capacités de séduction réglées au minimum, un prince faë a toujours de la magie dans les mains. Lorsqu’il vous touche, vous avez l’impression d’être auprès du seul homme sur terre qui vous connaît, vous comprend et vous donne ce dont vous avez besoin. Mensonges, illusion, faux-semblants ? Possible, mais cela semble tout de même vrai. L’esprit remarque peut-être la différence. Pas le corps. Le corps est un traître. »

« Lorsque Barrons me dévisage ainsi, j’en perds tous mes moyens. Le désir, dans ses iris millénaires aux reflets d’obsidienne, n’a plus rien d’humain. Il n’essaie même pas de le prétendre. Primitive Mac, pourtant, serait prête à lui proposer de jouer avec elle. Je pense qu’elle est folle. Folle à lier ! »

« Dans l’ensemble, la ville offrait la même apparence que d’ordinaire. Les immeubles étaient à leur place ; ils n’avaient été ni incendiés, ni démolis, et n’avaient pas disparu. Dublin n’était pas en beauté, avec sa robe de bal en lambeaux, ses bas filés et ses talons aiguilles brisés. Elle était débraillée, mais pas morte. Un jour, elle pourrait de nouveau résonner des vivants échos ducraic – du plaisir de la fête. »

samedi 26 janvier 2013

D’ombres et de lumières, de Lily Blackcherry : une idée de départ prometteuse, mais…


Il y a quelques semaines, j’ai été contactée par une personne de la maison d’édition Angel Publications, qui me proposait de découvrir les titres de mon choix en ebook, puis de les chroniquer. Intriguée (vous savez que j’aime découvrir de petites maisons), je me suis laissée tenter par « D’ombres et de lumières » de Lily Blackcherry, un roman fantastique.

Résumé

Dante et Charla vivent dans deux mondes différents. Il règne sur les vampires, elle trime dans celui des humains, en vivant d’un petit boulot dans un bar sordide. Pourtant, lorsqu’ils se rencontrent, c’est une évidence : ils sont faits l’un pour l’autre. De leur amour naîtront deux jumeaux, Esteban et Haydn, l’un humain, l’autre vampire. Ils vivront séparés, et ne devront jamais se rencontrer…

Une bonne idée de départ, mais…

L’idée de départ du roman m’a séduite : deux jumeaux, l’un vampire, l’autre humain, voués à être séparés mais incapable de rester loin l’un de l’autre. Néanmoins, il s’est avéré que l’intrigue avance beaucoup trop vite, notamment en ce qui concerne les romances qui se nouent si rapidement qu’on a du mal à y croire. De même, on passe très vite sur les différents combats, sur les morts… Autre bémol, le côté incestueux de l’intrigue m’a dérangée. Ajoutons enfin que la fin n’en est pas vraiment une, beaucoup de choses restent en suspens, et je n’ai pas l’impression qu’il s’agisse du premier tome d’une saga.

Un manque de profondeur

La conséquence d’une intrigue qui avance très rapidement, c’est un manque de profondeur du roman. Ainsi, le monde des vampires est à peine effleuré, à peine décrit. Nous n’avons que très peu d’informations sur sa structure, son histoire… Le pan « humain » du roman est un peu plus réussi, la vie d’Esteban est un peu plus développée. En revanche, concernant les relations entre les personnages, même constat. Ainsi, c’est un roman qui manque de « corps ».

Les personnages

En ce qui concerne les personnages, globalement, nous en savons trop peu sur eux pour pouvoir s’attacher à eux. Dante inspire le respect, mais j’aurais aimé en apprendre un peu plus sur ce chef vampire. De même, Charla pourrait être assez attachante, mais son passage dans le roman est trop bref. Haydn est plus marquante, elle est très vivante, mais pas franchement sympathique. Ainsi, au final, mes préférés ce sont les humains, Esteban et Tillie.

L’écriture

Concernant l’écriture, je suis assez partagée. L’auteure alterne des passages descriptifs bien écrits (bien qu’un peu scolaires par moments) avec d’autres beaucoup plus « oraux », dans la présence a tendance à augmenter au fil du roman, à mon grand regret. J’ai notamment déploré la présence de contractions beaucoup trop fréquentes dans les dialogues (par exemple « p’tit » au lieu de « petit »), ce qui est désagréable. J’estime que même lorsqu’on fait parler ses personnages, il faut le plus souvent respecter les négations et écrire les mots en entier. En revanche, en ce qui concerne le travail éditorial, aucun problème : je n’ai pas relevé de fautes ou de coquilles trop nombreuses.

En quelques mots…

Ainsi, c’est un roman qui avait du potentiel, mais qui m’apparaît « bâclé », d’une part car l’intrigue mériterait d’être étoffée, densifiée, et d’autre part car le style devrait être plus travaillé. Les idées sont là, reste à soigner la forme. Et même si ces qualités étaient au rendez-vous, reste le côté incestueux qui m’aurait tout de même dérangée. Je remercie en tout cas les éditions Angel publications pour leur confiance et pour m’avoir permis de lire ce titre.


Note : 1,5/5


Stellabloggeuse

mercredi 23 janvier 2013

Concours "Loup y es-tu ?" : les résultats !

C'est le moment de clore pour de bon la semaine Henri Courtade en vous révélant les résultats du concours ! J'espère que vous avez pris plaisir à découvrir cet auteur, et que d'autres le découvriront au fur et à mesure, puisque les articles resteront bien évidemment sur le blog.


 La semaine dédiée à l'auteur a eu du succès, je vous en remercie, chaque article a été vu plusieurs dizaines de fois, et ce n'est que le début. Sachant que le titre qui vous a le plus intéressé est justement "Loup y es-tu?" !

L'article présentant le concours a été visité 139 fois, et j'ai reçu au final 20 participations. J'ai donc l'impression que le fait qu'il y ait 5 questions en a dissuadé plus d'un, mais je l'assume : au moins, mes participants ont montré de la motivation et de l'intérêt pour l'oeuvre de l'auteur !

Sur les 20 participations, je n'en ai écarté qu'une. La personne avait fait un mauvais copier-coller, et on voit clairement qu'elle est allée chercher les réponses sur un forum/un site de jeux concours, au lieu d'aller lire mes articles. Tant pis pour lui ! Toutes les autres ont été acceptées avec plaisir !

J'avais annoncé un bonus pour les personnes qui auraient suivi cette "semaine" avec assiduité. Parmi elles, deux ont participé au concours : il s'agit de Elo et Morgana. J'ai décidé tout simplement de leur réserver l'exemplaire numéro 1, pour lequel j'ai tiré au sort entre elles deux. Ces articles ont représenté beaucoup de travail, il me parait normal de réserver un traitement de faveur à celles qui se sont impliquée. La perdante a participé également au tirage au sort de l'exemplaire n°2

Sur ce, je ne vous fais pas languir davantage, voilà les résultats !

Exemplaire n°1 :

Morgana

Exemplaire n°2 :

Charabistouilles

Bravo à vous deux, je m'occupe de l'envoi des lots dès que possible ! A très bientôt pour de nouvelles aventures sur ce blog !


Stellabloggeuse

mardi 22 janvier 2013

La mort s’invite à Pemberley, de PD James : un mélange surprenant

[Fayard, 2012]

On continue aujourd’hui avec le challenge ABC 2013 ! J’ai utilisé ma lettre « J » pour découvrir un roman qui me tentait depuis un moment : « La mort s’invite à Pemberley » de Phyllis Dorothy James, un roman policier qui se déroule dans l’univers de « Orgueil et préjugés » et Jane Austen. Ayant adoré ce dernier, j’étais très curieuse de ce que cela pouvait donner !

Résumé

Dans leur magnifique demeure de Pemberley, Elizabeth et Fitzwilliam Darcy s’apprêtent à donner leur grand bal annuel. Parents de deux garçons et plus amoureux que jamais, ils vivent dans la quiétude, tandis que des projets de mariage se forment pour Georgiana, la jeune sœur de Darcy. Mais, la veille du bal, alors qu’un dîner se termine en compagnie des Bingley, du colonel Fitzwilliam et du jeune avocat Alveston, la mort s’abat sur le domaine…

Un concept intéressant…

L’idée de mêler une intrigue policière et l’univers de Jane Austen m’a semblée originale et audacieuse, cela m’a plu. Concernant l’utilisation de l’univers austenien, l’exercice m’a semblé plutôt réussi : les caractères des personnages ont été globalement respectés et leurs réactions sont crédibles. J’ai beaucoup apprécié certaines interprétations de « Orgueil et préjugés » faites par l’auteure, notamment lorsqu’elle imagine ce que Mr Darcy a pu ressentir.

…mais une intrigue policière trop effacée

En revanche, l’intrigue policière m’a semblé très (trop) légère. Elle me semble être davantage un arrière-plan, un prétexte pour utiliser l’univers de Jane Austen qu’une fin en soi. Ainsi, l’identité du coupable nous est révélée quelques dizaines de pages avant la fin du roman. De plus, il y a des répétitions, nous assistons à une audience préliminaire puis au procès, et beaucoup de choses se répètent. De même, nous adoptons le point de vue de différents personnages, qui reviennent chacun sur les mêmes évènements, ce qui est un peu lassant. Néanmoins, l’auteure semble avoir bien étudié la justice de l’époque (nous sommes au tout début du XIXe siècle), ce qui est plutôt intéressant. Mais il me semble tout de même que ce roman est davantage destiné à plaire aux lecteurs qui ont aimé « Orgueil et préjugés » qu’aux amateurs de policier.

Les personnages

Concernant les personnages, ils sont fidèles à ce qu’en avait fait Austen, dans l’ensemble. Ainsi, Mr Darcy est tel que je me l’imagine, un homme droit, conscient de ses responsabilités et de la réputation de sa famille. Wickham est également fidèle à lui-même, un coureur de jupons satisfait de lui-même. Lydia est toujours aussi expansive, et Jane entièrement dévouée à ceux qu’elle aime. C’est également un plaisir de voir évoluer Georgiana, jeune fille autrefois très renfermée. En revanche, le colonel Fitzwilliam est rendu moins sympathique, et le personnage d’Elizabeth manque de relief. Elle est davantage une bonne épouse inquiète pour sa famille que la jeune fille un brin intrépide d’autrefois. En ce qui concerne les nouveaux personnages, ils s’insèrent bien dans cet univers.

L’écriture 

Pour ce qui est de l’écriture, nous ne sommes pas dans le style habituel du policier. L’écriture se rapproche davantage de celle d’un classique, essayant non pas d’imiter exactement celle de Jane Austen mais de coller à son univers. C’est plutôt bien fait, et il y a notamment de très belles descriptions. Quant aux dialogues, ils respectent bien les manières de parler de l’époque. Au final, il ne manque que l’humour de Jane Austen pour que la réussite soit complète.

En quelques mots…

J’ai donc passé un agréable moment de lecture en compagnie de ce roman au concept original. Il est dommage que l’intrigue policière soit si effacée, mais j’ai aimé retrouver ces personnages chers à mon cœur et imaginer leur futur. Quoi qu’il en soit, je le conseillerais aux fans de Jane Austen (mais pas non plus aux « puristes »), mais beaucoup moins aux amateurs de roman policier. Il me semble que PD James, grande dame du policier âgée de 92 ans à ce jour, a voulu avant tout se faire plaisir avec ce titre, et elle a eu bien raison !

Note : 3,5/5
  
Stellabloggeuse

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Ce roman fait partie des challenges :


Challenge ABC 2013 : 3/26



Challenge Bouge ta PAL ! Lecture n° 19

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« Ils arrivèrent à la clairière. Passant lentement, presque avec respect, entre deux arbres élancés, ils se figèrent, comme enracinés, muets d’horreur. Devant eux, ses couleurs violentes contrastant brutalement avec la lumière voilée, se dressait un tableau de mort. Ils ne prononcèrent pas un mot. Ils s’avancèrent lentement comme un seul homme, brandissant leurs lanternes ; leurs puissants faisceaux, donc l’éclat éclipsait la douce lueur de la lune, intensifièrent le rouge vif d’une vareuse d’officier et le visage effrayant, maculé de sang, ainsi que les yeux fous qui se tournaient vers eux. »

« Georgiana portait un bouquet de fleurs des champs qu’Alveston avait cueillies pour elle. Il était surprenant de voir quelle gaieté, quelles réminiscences du printemps pouvaient émaner de ces quelques vestiges d’un octobre ensoleillé. Il avait trouvé une gerbe de fleurs d’automne blanches sur des tiges rigides, quelques baies, d’un rouge profond, mais qui ne s’apprêtaient pas encore à tomber, et une ou deux feuilles veinées d’or. Elizabeth, l’esprit déjà tourmenté par quantité de préoccupations, se demandait si cette petite expédition était raisonnable, sans trop savoir en quoi elle pourrait être jugée imprudente. C’était une journée ou tout évènement sortant de l’ordinaire semblait entaché d’appréhension et de danger potentiel. »

samedi 19 janvier 2013

Alchimie, de Beth Fantaskey : quand Jekyll et Hyde tombent amoureux…


J’ai découvert Beth Fantaskey en 2011 avec « Comment se débarrasser d’un vampire amoureux », dont j’ai également lu la suite « Comment sauver un vampire amoureux ». J’ai beaucoup aimé ces romans fantastiques pleins d’humour. Aussi, c’est avec un grand plaisir que je me suis lancée à la découverte de son autre roman, « Alchimie », que Myiuki m’a proposé pour le challenge Livra’deux pour Pal’addict. Par contre, la couverture de l'édition poche n'est pas jolie du tout !

Résumé

Lorsque le père de Jill Jekel est brutalement assassiné, sa vie bascule brutalement : la jeune fille voit sa mère s’enfoncer dans la dépression et ses perspectives d’avenir s’effacer. Néanmoins, elle a un espoir de gagner suffisamment d’argent pour aller à l’université : il lui faut remporter un concours national de chimie. Pour cela, associée à Tristan Hyde, elle s’efforcera de recréer les effrayantes expériences du docteur Jekyll, son ancêtre. Mais elle se rendra vite compte que Tristan est un garçon dangereux…et attirant.

Une réinterprétation moderne d’un roman connu…

J’ai beaucoup aimé cette idée de Beth Fantaskey de se réapproprier l’histoire du docteur Jekyll et de son alter-ego, Mister Hyde. J’ai trouvé cette interprétation assez convaincante, même si nous manquons de détails sur la formule permettant la métamorphose. L’auteur utilise un mythe connu pour évoquer la part d’ombre que possède chacun de nous. De même, la romance est jolie et cohérente, j’y ai cru et je me suis plu à la suivre. Au-delà d’une histoire fantastique, c’est également un roman sur la confiance en soi, un thème visiblement cher à Beth Fantaskey, et c’est quelque chose qui me parle.

…mais quelques longueurs

Le roman commence bien, et j’ai été rapidement happée par l’intrigue. Assez vite, les pages se sont tournées toutes seules, il y a du rythme et de la vivacité. Néanmoins, comme dans les autres romans de l’auteure, on remarque au milieu du roman un « passage à vide », l’intérêt retombe et l’histoire s’essouffle. Heureusement, assez rapidement, l’intrigue s’accélère de nouveau et la fin se lit d’une traite, sous tension. En revanche, j’ai été assez déçue de la manière dont la fin a été « escamotée », j’aurais aimé quelque chose de plus travaillé.

Les personnages

Les personnages sont un des points forts de cette histoire. Jill m’a beaucoup plu, c’est une jeune fille fragile et discrète, qui manque cruellement de confiance en elle. Je me suis souvent reconnue en elle, et j’ai compris ses réactions, même si je ne les ai pas toutes approuvées ! Quant à Tristan, c’est un garçon mystérieux avec un côté sombre, et donc très attirant (et oui, les bad boys, ça a toujours son charme…), il m’a beaucoup intéressée.

L’écriture

En ce qui concerne le style, je ne vois rien à reprocher à l’écriture de Beth Fantaskey : la lecture est fluide et agréable. Le style est efficace et accessible, sans être pauvre ni maladroit. Je dois cependant avouer que l’humour présent dans ses autres romans m’a un peu manqué, celui-ci est délibérément plus sombre. Mais ce n’est pas trop important au final, et j’ai vraiment adhéré à cette histoire.

En quelques mots…

Ce roman m’a donc offert un moment de lecture très agréable qui m’a permis de me détendre. Cela aurait pu être un coup de cœur si l’intrigue ne s’essoufflait pas au milieu du roman, et si la fin avait été mieux réalisée. Quoi qu’il en soit, je le conseille à toute amatrice de romance fantastique. Merci Myiuki pour cette découverte !

Note : 4/5

Stellabloggeuse

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Ce roman fait partie des challenges :


Challenge ABC 2013 : 2/26


Challenge Livra’deux pour Pal’addict, 3e édition


Challenge Bouge ta PAL ! : lecture n°18




Challenge Où sont les hommes ? : lecture n°27

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« Je me consacrai à la contemplation de l’autoportrait, perplexe. Et si c’était cela, le détail qui manquait à mon regard sur le tableau ? Cette noirceur secrète qu’il m’arrivait d’entrevoir quand j’examinais mon reflet dans le miroir ? Une noirceur qui ne s’était pas manifestée sur cette photo de moi prise au collège, puisqu’elle datait d’avant le meurtre de mon père. Sans parler des accès de colère encore plus sombres que je m’efforçais de réprimer depuis la découverte qu’il m’avait volé mon avenir. Qui voudrait voir cela dans un portrait ? Ce sentiment de perte qui me hantait, cette rage nouvelle que j’éprouvais… Tout était laid, Sali. Ces facettes de ma personnalité, je ne devrais pas seulement les cacher, mais les bannir. Les exorciser, même. »

« Le garçon le plus romantique et le plus généreux que je connaissais était un assassin. Le play-boy de l’équipe de foot américain venait de faire des propositions indécentes à la sainte-nitouche du lycée…qui se transformait elle-même en mangeuse d’homme à la nuit tombée. Les pères volaient l’argent de leur fille et s’attaquaient à leurs propres fils. Les mères étaient trop dépressives pour s’occuper de leurs enfants. Les profs se mêlaient de la vie privée de leurs élèves, et les filles timides clouaient le bec aux garces dominatrices. La chimie, qui m’apparaissait autrefois comme le socle de l’univers, avait plongé nos âmes et nos existences dans le chaos. »

jeudi 17 janvier 2013

A copier cent fois, d’Antoine Dole : l'homosexualité refoulée d'un adolescent

[Sarbacane, janvier 2013]

Il est des auteurs qui vous remuent, qui savent mettre en mot le mal-être d’une manière à la fois crue et poétique, de sublimer la douleur afin qu’elle vous exorcise de vos souffrance. Antoine Dole en fait partie, et j’avais déjà eu le bonheur de lire son « Je reviens de mourir » ainsi que « K-Cendres ». Entre quelques bandes-dessinées de sa composition, il revient aujourd’hui avec un mini-roman, toujours chez Sarbacane, que j’ai eu la surprise de recevoir et que j’ai dévoré en moins de temps qu’il ne faut pour le dire.

Résumé 

Le narrateur, un jeune garçon de 13 ans qui n’est jamais nommé au cours de ce mini-roman, se sent mal. Son père lui a répété cent fois qu’il ne voudrait pas d’un enfant homosexuel, cent fois il lui a dit d’agir comme un homme et de faire jouer ses poings face aux railleries et aux sévices des autres. Le narrateur peut compter sur Sarah, qui est forte pour deux. Mais elle n’a pas le pouvoir de le sauver, et ce jeune garçon n’en peut plus. D’une manière ou d’une autre, il doit en finir…

Un format court, mais puissant

Il s’agit bel et bien d’un mini-roman, puisqu’il ne compte que 56 pages, dans un format très réduit. C’est un roman qui se lit en une petite heure. On a pourtant l’impression qu’il est bien plus long, tant les émotions sont vives. On oublie l’auteur, on a l’impression que ce jeune garçon nous parle réellement. C’est un roman très court, mais qui dit tellement de choses importantes et qui sonnent juste. Et pourtant, une fois refermé, je n’ai pas pu m’empêcher de me dire que j’aurais voulu qu’il soit plus long, que l’émotion puisse monter encore et que l’on puisse fouiller les tenants et les aboutissants de ce mal-être. Je n’ai pas pu m’empêcher d’être un peu frustrée. Néanmoins, je saisis très bien l’idée de ce roman : faire un éclairage sur un moment d’une vie, où les choses basculent. Et c’est très réussi.

Des mots pour vaincre les maux

Le roman étant court, je vais tenter de vous en dire le moins possible, pour ne pas vous en gâcher la découverte. Disons que le narrateur a deux gros problèmes dans sa vie : d’une part les sévices physiques et moraux de la bande de gros bras du collège, et d’autre part l’attitude de son père dont il a l’impression qu’il ne l’aime pas tel qu’il est. Parmi ces maux, la douleur physique n’est pas la plus gênante, loin de là… Le mot « suicide » n’est jamais prononcé, et pourtant, il plane sans cesse dans l’esprit du lecteur, qui reste tendu tout au long de l’histoire dans l’attente d’un geste fatal. De même, l’homosexualité n’est pas traitée directement, mais omniprésente.

Plutôt que d’apprendre à se battre, le narrateur a besoin d’entendre certains mots, ceux qui pourraient enfin lui permettre de s’accepter… Au-delà de la description d’un mal être, ce mini-roman est donc un vibrant hommage à la magie des mots.

Les personnages

Le jeune garçon dépeint par Antoine Dole est criant de vérité. On ne peut qu’être touché par la simplicité avec laquelle il nous raconte ses maux, dont il avoue ses faiblesses. On comprend qu’il a besoin d’être aimé tel qu’il est et tout au long de l’histoire, on espère qu’il trouvera la force, on a peur pour lui, on retient son souffle.

L’écriture

Je vais le redire encore une fois : Antoine Dole est un virtuose de la plume, qui manie les mots comme peu ont la capacité de le faire. Un style travaillé, mais sans maniérisme ni obstacle, tantôt poétique, tantôt plus cru, c’est tout à fait ce que j’aime lire. Je suis restée suspendue à ses mots, osant à peine reprendre ma respiration.

En quelques mots…

Ainsi, c’est un mini-roman d’une force incroyable que nous livre Antoine Dole, un éclairage sur le mal-être d’un jeune garçon qui souhaite simplement en finir. Un roman coup de poing dans lequel nombre d’adolescents pourront se retrouver et qui pourra peut-être leur montrer une petite lumière au bout du tunnel. Je conseille en tout cas à n’importe qui de prendre une petite heure pour dévorer ce texte, à la hauteur de ce à quoi Antoine Dole nous a habitués. Et pour achever de vous convaincre, je vous propose les avis de Batifolire et Culturez-vous, qui ont été tout aussi touchés que moi.

Note : 4,5/5 

Stellabloggeuse

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Ce roman fait partie des challenges :


Bouge ta PAL ! lecture n°17


Où sont les hommes ? : lecture n°26
On est loin du conte de fée, mais on s’en fiche, parce que c'est un bon roman...

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« Mais on s’y fait Sarah, à ce monde qui cogne et qui heurte, c’est celui dont on avait peur la nuit quand on était petits. Quand ma mère me disait que les monstres n’existaient pas, que fallait pas avoir peur, c’était pas vrai Sarah. Ces monstres-là, ils existent, moi j’en ai rencontré. On s’y fait et c’est le pire, on s’habitue à tout.
J’ai honte, je n’ose pas la regarder, j’essaie de me redresser. Elle me redemande si ça va. Non, ça va pas, mais j’ai pris l’habitude. »

« Papa m’a dit cent fois d’être un homme, et d’agir comme un homme. Oui mais Papa, lequel ? Je veux pas être comme Vincent, n’être fait que de bruits, de cris et de colère. Pourquoi tu m’apprends pas les mots, plutôt ? Les mots qui soulagent, les mots qui apaisent, je voudrais avoir les mots qui soignent, ceux qui ne laissent pas seul ? Ceux qui ne me viennent pas quand les choses vont trop loin : « Arrête maintenant, arrêtez, c’est trop ». C’est ces mots-là Papa, que tu dois me donner la force de dire. »

« A force de ressasser la peur, j’ai rogné tous les points d’appui, quand j’essaie de grimper dans les hauteurs je glisse, m’écrase au sol. Chaque fois je tombe de haut, alors le moral reste bas, c’est plus sûr. Je soulève mon tee-shirt : mes côtes saillent sous la peau. J’ai perdu l’appétit, à force de manger des assiettes de silence et des bols de regards accusateurs à table avec Papa. J’avale les reproches et puis je vais au lit. Dès le matin au menu, c’est soupe à la grimace. »