lundi 31 décembre 2012

Le Théorème des Katherine, de John Green : un roman drôle et rafraîchissant

[Nathan, 2012]

Voilà un livre que je n’avais pas prévu de lire ! Mais voilà, il est arrivé parmi d’autres commandes à la bibliothèque où je travaille, et nous devons lire ces livres pour leur attribuer une tranche d’âge et des mots-clés. J’ai donc jeté mon dévolu sur celui-ci, sans grande conviction…et j’ai passé un très bon moment ! Je l'ai lu il y a quelques semaines maintenant, mais je n'avais pas encore trouvé le temps de le chroniquer...c'est chose faite !

Résumé 

Colin, jeune surdoué, vient d’avoir son bac. Il vient aussi de se faire larguer par sa petite amie, du nom de Katherine. Etrangement, Colin n’a eu que des petites amies portant ce prénom, dix-neuf en tout. Colin se sent mal, il a peur de ne pas pouvoir devenir le génie que tout le monde attend, et de ne trouver personne qui l’aimera sur le long terme. Alors, pour conjuguer ses deux préoccupations, il s’efforce de mettre l’amour en théorème, un théorème qui serait capable de prédire la durée d’une relation, et de prédire lequel quittera l’autre.

Un voyage initiatique

Sur la proposition de son seul et meilleur ami Hassan, Colin part avec lui sur les routes des Etats-Unis, sans but. Ils échouent finalement dans une petite ville, où serait enterré François-Ferdinand (l’héritier du trône d’Autriche assassiné en 1914). Finalement, ils y restent et trouvent un petit job. Mais au-delà de gagner de l’argent, ils se cherchent eux-mêmes en se confrontant à ces personnes qu’ils ne connaissent pas. Hassan hésite à aller à l’université, Colin se pose des questions sur l’amour et la vie. Ainsi, il y a dans ce roman une véritable réflexion sur les préoccupations et les peurs de jeunes gens au seuil de leur vie d’adulte. Le ton et le rythme sont vifs, le lecteur est entraîné.

Un livre plein d’humour

Mais c’est surtout un roman très drôle que nous propose John Green. En effet, du fait de son esprit surdoué qui ne fonctionne pas comme celui des autres, Colin est en perpétuel décalage avec ses semblables. Sa pensée bondit très vite d’une chose à l’autre, et il se laisse distraire. Il se sent également obliger de mentionner une foule de détails jugés inintéressants par le commun des mortels. Cela donne lieu à des scènes très cocasses, et j’ai souri tout au long de ma lecture. C’est une manière détournée d’aborder les relations amoureuse, très intéressante. Mais le roman aborde aussi des choses plus graves, et notamment la crise économique, le déclin des activités industrielles.

Des personnages attachants

Si le livre fonctionne aussi bien, c’est que les personnages sont attachants. Il est difficile de résister à Colin et à sa maladresse en société. Il est très sensible, chaque petite chose a une importance extrême pour lui.

De même, Hassan est un jeune homme ouvert et sympathique, qui parle à Colin sans complaisance, sans détour, mais toujours sans méchanceté, le guidant dans ses relations avec le commun des mortels. Leur amitié est très jolie, très touchante, pleine d’humour et de respect mutuel. Ainsi, ce roman est aussi une belle histoire d’amitié.

Ils rencontrent une jeune fille dans la ville où ils se fixent, nommée Lindsey. Cette dernière est également un personnage agréable, très attachée à sa petite ville pourtant mourante.

L’écriture

John Green a une plume agréable, pleine d’imagination et d’humour. Il fait s’exprimer le personnage de Colin avec beaucoup d’autodérision, et les dialogues sont délicieux. Il réussit à conjuguer avec brio le roman et les mathématiques, sur lesquelles il semble avoir beaucoup réfléchi. De même, le livre regorge d’anagramme, qui ont du représenter un sacré défi (très bien relevé) pour la traductrice ! Seul petit bémol, sa propension à utiliser beaucoup de notes de bas de page, qui alourdissent le récit si on les lit intégralement.

En quelques mots…

Ainsi, c’est une lecture plaisante et loufoque, pleine d’humour. Je me suis attachée au personnage de Colin et je l’ai regardé évoluer avec plaisir dans sa compréhension des relations amoureuses. Ce roman est très rafraîchissant et pourra être apprécié des jeunes gens et des adultes.

Note : 4/5

Stellabloggeuse


-------
Ce livre fait partie du challenge :
  


Où sont les hommes ? : lecture n° 23
Colin est un prince charmant très particulier, décalé, mais attachant

--------

« Quand on y réfléchissait, les garçons ne pensaient qu’à embrasser les filles. A s’envoyer en l’air. Tout le temps. […] Alors que, dans ce domaine, les filles étaient changeantes. Parfois, elles avaient envie d’embrasser et parfois, non. En fait, une fille était une forteresse imprenable bourrée de mystères. »

« -Tu l’aimes, cette fille, hein ? dit-elle.
Colin se remit à pleurer. Lindsey se faufila à l’arrière et le prit par les épaules, sa tête contre la sienne. Colin s’efforça de maîtriser ses sanglots, car rien n’est moins séduisant qu’un garçon en larmes.
-Vas-y, laisse-toi aller, dit Lindsey.
-Non, je ne peux pas. Si je me laisse aller, on croira entendre le chant nuptial du crapaud.
Et tout le monde rit, y compris Colin. »

samedi 29 décembre 2012

Les étoiles de Noss Head, tome 1, de Sophie Jomain : Vertige


Cela faisait maintenant un petit bout de temps que j’avais envie de découvrir Sophie Jomain, et notamment sa saga "Les Etoiles de Noss Head". La « faute » aux copinautes enthousiastes, notamment Elo-DitArcaaleaD'encre et de rêves ou Méli du Bazar de la littérature. Ce premier tome a fini par arriver jusqu’à moi sous forme de cadeau d’anniversaire (merci maman), et je n’ai pas mis très longtemps à l’ouvrir !

Résumé

Au moment de partir en Ecosse pour tout l’été, Hannah traîne des pieds. Elle fêtera bientôt ses 18 ans, et n’imagine pas le faire loin de Paris et de ses amis. Pourtant, sa grand-mère, de moins en moins autonome, a besoin de compagnie, et tout l’ensemble de la famille la rejoint. Pour Hannah, ce séjour est moins désagréable qu’elle ne l’aurait craint : elle passe ses journées avec un ami de longue date, Davis, avant de faire une rencontre très troublante qui bouleversera ses vacances, et peut-être bien le cours de sa vie…

Une histoire fantastique plutôt bien menée

La première chose que l’on peut dire, c’est que ce roman est agréable à lire, les pages se tournent facilement, on entre vite dans l’intrigue. Nous sommes dans un roman fantastique, qui ne révolutionne pas le genre, mais qui se tient. Les révélations sont amenées au fur et à mesure, même si certains évènements sont assez prévisibles. Mais cela reste une histoire bien menée, à la lecture de laquelle on ne s’ennuie pas. En revanche, je dois avouer que cela manque très légèrement d’originalité à mon goût, il faut dire que les romans du genre sont légions et qu’à force, il devient difficile de sortir du lot.

Mythologie et romance
(NE PAS LIRE ce paragraphe si vous voulez conserver toute la surprise de l'intrigue!)

Néanmoins, la mythologie autour des loups-garous est intéressante et bien amenée, j’ai aimé l’idée de ce « Dictionnaire de l’occulte ». Je n’avais encore jamais rencontré cette mythologie-là dans un roman, donc c’est un bon point. Le côté fantastique de l’histoire m’aura donc convaincue. L’histoire d’amour un peu moins. Je veux dire par là que j’apprécie beaucoup le couple phare de ce roman, mais que les choses sont un peu trop évidentes et leur amour un peu trop absolu. Je crois malheureusement que je ne crois plus à ce genre de coup de foudre ! Mais c’est une romance agréable à suivre, notamment grâce à l’humour instillé par l’auteure.

Les personnages

Mon principal problème à la lecture de ce roman, c’est le personnage principal. En effet, bien qu’Hannah soit une jeune fille sympathique, elle est pour l’instant trop immature à mon goût, et parfois naïve. Ainsi, elle ne voit pas du tout venir des évènements qui, pour le lecteur, sont gros comme une maison. Son attitude ne m’a pas toujours plu non plus, notamment vis-à-vis des garçons qui lui font du mal, ou la facilité avec laquelle elle renie certains de ses grands principes (je pense notamment à son attitude vis-à-vis de l’alcool). J’espère donc que les tomes suivants la feront mûrir ! Pour le reste, ses inquiétudes de jeune fille confrontée à l’amour pour la première fois sont plus touchantes.

En revanche j’ai beaucoup apprécié le personnage de Leith, qui est doté d’un humour tout à fait salvateur qui m’a fait sourire à de nombreuses reprises. Son côté mystérieux m’a plu également. Il est tout de même un brin autoritaire à mon goût ! Quant à l’autre personnage masculin, Davis, ne m’en parlez pas, c’est un personnage définitivement disgracié à mes yeux ! Du côté des filles, j’ai aimé Gwen, un personnage haut en couleur, incapable de mentir et versée dans le surnaturel.

L’écriture

Dans l’ensemble, l’écriture de Sophie Jomain est agréable. La lecture est fluide, sans entrave. Les descriptions sont bien présentes et donnent un décor convaincant aux évènements. Mais il s’agit de son premier roman, et l’écriture est parfois maladroite, avec notamment quelques termes « oraux » qui m’ont un peu chagrinée à l’écrit (« débarouler », ou « sans chichi », par exemple). Rien de grave néanmoins, la lecture reste un plaisir, notamment parce que l'écriture est très vivante, on a réellement l'impression d'être dans la tête de cette jeune fille.

En quelques mots…

Au final, je ressors légèrement déçue de la lecture de ce roman, pour une raison simple : après les avis des unes et des autres, j’en attendais trop. Il est également difficile de faire dans l’originalité avec un roman fantastique. Pour autant, c’est un premier tome prometteur, et j’ai passé un bon moment de lecture en sa compagnie. Si vous aimez les romans Young-Adult fantastique, celui-ci vous plaira sans doute ! Pour ma part, je lirai la suite avec plaisir, en espérant qu’Hannah murisse un peu et que l’écriture s’affirme davantage.

Note : 3/5

Stellabloggeuse

--------

Ce roman fait partie du challenge :


 Bouge ta PAL ! : lecture n° 14

--------

« Peut-être que je n’étais pas comme tout le monde, après tout… J’étais exaspérée par les garçons de mon âge, ils ne me ressemblaient en rien. Je ne buvais pas d’alcool, ne fumais pas, ne faisais pas de sortie en discothèque. Je m’éclatais plutôt à chanter du jazz sur Aretha Franklin, Sarah Vaughan ou Billie Holiday… Bref, je faisais fuir les mecs ! Grand bien leur fasse ! Tomber amoureux me semblait si irrationnel et si dénué de sens, dans bien des cas. Au lycée, j’avais vu des couples se faire et se défaire, des amours éphémères qui mettaient les filles dans tous leurs états. Des pleurs, des portes qui claquent, des « Je ne pourrais jamais m’en remettre ! ». Ces situations me paraissaient tellement tortueuses. Au début on jure de s’aimer toujours, ça se termine, on pleure un bon coup et la semaine suivante on oublie « l’amour de sa vie » en craquant pour les yeux d’un ou d’une autre. Pff… Pathétique. Heureusement, je n’étais encore jamais tombée dans ce piège. »

« La première porte qu’il ouvrit était celle de la salle de bains, spacieuse mais sans chichi.
-Il n’y en a qu’une pour tout l’étage, j’utiliserai donc celle du bas avec mon oncle et ma tante pour te laisser la jouissance de celle-ci.
-Oh, merci, mais ça ne me dérange pas de la partager, lançai-je avec précipitation.
A nouveau ce sourire en coin déroutant !
-Vraiment ? Tu ne serais pas embêtée que je voie tes secrets de fille ?
-Euh…je n’ai rien à cacher…, bredouillai-je, incertaine.
-Bien. Parfait ! Dans ce cas, on se retrouve pour prendre notre douche ensemble, demain matin, à huit heures.
Au début, je restai coite, mais son clin d’œil me rassura.
-Leith ! le sermonnai-je en lui tapant gentiment l’épaule.
Il mima une déception profonde.
-Bon, tant pis. J’aurais essayé, s’esclaffa-t-il. »

jeudi 27 décembre 2012

Challenge ABC 2013

Après avoir participé au challenge ABC 2012 avec succès, j'ai hésité à rempiler, mais les listes des copinautes me faisaient tout de même envie... Sachant qu'il existe une nouvelle option plus souple cette année, je me suis laissée tenter !

    

Les règles

La version 2013 du challenge consiste à choisir un auteur par lettre, un minimum de 4800 pages pour l'ensemble des livres. Le but reste de marier les styles : un classique, une nouvelle, un auteur étranger, un livre en fantasy, un en SF, un roman, un thriller... (Cette liste n'est pas exhaustive).

Cette année, les participants ont le choix entre trois options :

A comme Aléatoire : Une liste non figée, permettant autant de changements qu'on le souhaite. Il faudra prêter attention néanmoins à bien atteindre le seuil des 4800 pages ! Dans cette option, ni mangas ni BD ne sont autorisés.
 
B comme Bi-technologies : Vous pourrez intégrer à votre challenge, des BD ou manga, des Films… (Un film compte pour 50 pages, quelque soit sa durée) Pour les BD, le dessinateur compte autant que l'auteur. A vous de choisir la lettre qui vous convient. Par contre pour les films, c'est le réalisateur. La liste pourra être modifiée uniquement trois fois !

C comme Combiné : Cette option va vous permettre de combiner le challenge ABC aux challenges de Livr@ddict. Par conséquent, votre liste devra contenir des livres des autres challenges, mais conserver le But principal = marier les styles. Il ne s'agit pas ici de faire un challenge spécifique en une seule catégorie. La liste pourra être modifiée uniquement trois fois ! Dans cette option, pas de Manga-BD, ni film.

Vous pouvez vous inscrire auprès de Nanet sur Livraddict, par ici. Attention, les listes doivent être postées avant la fin de l'année !

Pour ma part, j'ai choisi l'option A, afin de me sentir plus libre dans le choix de mes lectures, et voici donc ma liste de départ qui est susceptible de multiples modifications au cours de l'année !


A comme...AUDOUIN-MAMIKONIAN, Sophie, Indiana Teller, tome 2 : Lune d’été. 354 p. Fantastique. Mon avis.

B comme...BRASHARES, AnnQuatre filles et un jean, tome 2 : le deuxième été. 392 p. Jeunesse. (PAL)Mon avis.


C comme...COURTADE, HenriLady A. 345 p. Historique. (PAL) Mon avis.


D comme...DAUGHERTY, CJNight school, tome 2 : Héritage. 414 p. Thriller/Jeunesse.

Remplacé par DICKER, JoëlLa vérité sur l'affaire Harry Québert, 665 p. ThrillerMon avis.

E comme...ELKELES, SimoneParadise. 320 p. Jeunesse/Romance. (PAL)Mon avis


F comme...FANTASKEY, BethAlchimie. 427 p. Fantastique. (PAL)Mon avis.

G comme...GODBERSEN, AnnaThe luxe, tome 2 : Rumeurs. 460 p. Historique/Chick-lit. (PAL)Mon avis. 

H comme...HOPE, OxannaGo to hell, tome 2. 452 p. Urban fantasy. (PAL). Mon avis.

I comme...ISHIGURO, KazhuoAuprès de moi toujours. 448 p. ContemporaineMon avis

J comme...JAMES, P-D.La mort s’invite à Pemberley. 380 p. Policier (PAL)Mon avis.
 

K comme...KOSTOVA, ElisabethLes voleurs de cygnes. 484 p. Romance. (PAL)Mon avis.

L comme...LORD, WalterLa Nuit du Titanic. 243 p. Récit. (PAL)
Remplacé par LANDAY, WilliamDéfendre Jacob. 445 p. PolicierMon avis.

M comme...MONING, Karen MarieLes chroniques de MacKayla Lane, tome 3 : Fièvre Faë. 469 p. Urban fantasyMon avis.

N comme...NOTHOMB, AmélieAntéchrista. 151 p. Contemporaine. (PAL). Mon avis  

O comme...ORVIETO, LauraContes et légendes de la naissance de Rome. 252 p. Contes/Légendes. (PAL). Avis uniquement sur le blog du challenge ABC.

P comme...PERU, OliverDruide. 602 p. Fantasy. (PAL)Mon avis

Q comme...QUINT, MichelEffroyables jardins. 138 p. HistoriqueMon avis.  


R comme...ROTH, VeronicaDivergente 2. 463 p. Dystopie. (PAL). Mon avis.

S comme...STOKER, BramDracula. 507 p. Fantastique/Classique. (PAL)Mon avis.
 

T comme...TAYLOR, KressmannInconnu à cette adresse. 93 p. Historique.
Remplacé par TEAN, Julia MAngela, tome 1 : La mort est ma raison d'être. 336 p. Fantastique. (PAL)Mon avis.

U comme...UBAC, ClaireNe sois pas timide. 243 p. Jeunesse. Avis sur le blog du challenge ABC uniquement

V comme...VERNE, JulesLes révoltés de la « Bounty ». 90 p. AventureMon avis.

W comme...WARD, RachelLa confrérie de la dague noire, tome 1 : L’amant ténébreux. 559 p. Bit-lit. (PAL)Abandonné (avis sur le blog du challenge ABC uniquement).

X comme...AnonymeTristan et Iseult. 209 p. Classique/romance
Remplacé par Anonyme, L'herbe bleue. 209 p. Témoignage, drame. Mon avis 


Y comme...YOUNG, ElizabethPetites embrouilles et pieux mensonges. 410 p. Chick-lit.
Remplacé par YTAK, CathyRien que ta peau. 70 p. Jeunesse - contemporaineMon avis.

Z comme...ZAMBON, CatherineKaïna-Marseille. 60 p. Jeunesse/Drame. (PAL)Mon avis


Le challenge commence au 1er janvier 2013, et je vous tiendrai au courant de mon avancée sur cet article.

Score visé : 26/26
Score actuel : 26/26
Challenge terminé le 28/09/2013

Stellabloggeuse

lundi 24 décembre 2012

Lady R, de Henri Courtade : une épopée historique, romanesque et un brin fantastique

[Les Nouveaux Auteurs, 2011]

Me revoilà avec un roman de Henri Courtade ! Après avoir eu un coup de cœur pour « Loup y es-tu ? » fin 2011 et avoir beaucoup aimé « A la vie à la mort » au mois de mai, il me restait à découvrir son roman historique, « Lady R », le premier qu'il a écrit, paru en 2011. Et je me suis une nouvelle fois régalée !

Résumé

Lady Rowena de Windermere est une espionne pour le compte du roi d’Angleterre. Epaulée par son fidèle ami Caméléon et son fiancé Wilhiam, elle est chargée de voler de mystérieux parchemins dans une commanderie des Templiers, des parchemins qui pourraient entraîner l’Europe dans des combats meurtriers… Pour Rowena, c’est le début des ennuis, puisqu’elle sera amenée à surmonter des trahisons, des complots. Pour s’en sortir et sauver son roi, elle doit percer le mystère d’une très mystérieuse organisation, mais aussi partir en quête de ses propres origines…

Une grande épopée

Ce roman ravira les amateurs de grandes épopées. En effet, pendant 600 pages, le lecteur est emporté dans une grande aventure, les évènements s’enchaînent sans que l’on puisse s’ennuyer. La contrepartie de ce rythme effréné, c’est que le roman manque peut-être légèrement de profondeur. Si quelques éléments de l’intrigue sont assez prévisibles, elle comporte son lot de surprises, et j’ai été prise de court par certaines révélations. L’auteur parvient notamment à préserver le mystère autour de la Guilde pérégrine, aiguillonnant la curiosité du lecteur. D’ailleurs, en refermant le livre, nous n’avons pas toutes les réponses, pour la bonne raison qu’il existe une suite, parue en novembre 2012 et que j’ai déjà hâte de lire !

Entre Histoire, roman d’espionnage, romance et fantastique

Nous sommes donc face à un roman historique qui plonge le lecteur au cœur du Moyen-Age, au tournant du XIe et du XIIe siècle. Un monde marqué par les Croisades, l’élévation des grandes cathédrales, la puissance des Templiers et les tentatives de Jean sans Terre pour ravir le royaume de Richard Cœur de Lion. Bref, de quoi faire frétiller l’historienne que je suis ! Le contexte est bien développé, sans pour autant virer au « cours d’histoire », l’auteur en dit juste assez pour servir son intrigue

Mais en plus d’être transportés au Moyen-Age, nous voilà également dans un nid d’espions ! Ce roman est ainsi fait de secrets, de dissimulation, de manipulations. C’est un aspect très intéressant, et je ne crois pas avoir déjà lu quelque chose de similaire. Quoi qu’il en soit, cet aspect « espionnage » donne beaucoup de ressort à l’histoire.

Cette dernière a aussi une dimension romanesque, puisque Rowena part en quête d’elle-même et doit faire face à quelques démêlés sentimentaux. Le côté « histoire d’amour » du roman est peut-être maladroit par moments, un peu trop facile, mais indubitablement très rafraîchissant. Ce roman permet également à l’auteur d’aborder des thèmes tels que la trahison, la soif de vengeance, le sacrifice pour autrui, ou la difficulté de se construire suite à un abandon. Enfin, le tout est saupoudré d’un brin de fantastique, mais je ne vous en dirai pas plus à ce sujet !

Les personnages

Les personnages de ce roman sont extrêmement attachants, et c’est un vrai plaisir de passer plusieurs heures en leur compagnie. Rowena m’a très rapidement plu, c’est une jeune femme qui a le sens du devoir et une certaine innocence. Elle présente également un étonnant mélange de force et de fragilité, tout comme Agnès, la « méchante » de l’histoire. Cette dernière est plus complexe, et par là même encore plus intéressante. Les deux sont touchantes, chacune à sa manière. Du côté des hommes, on ne peut qu’être séduite par Safir, un homme brillant, autrefois passionné et aujourd’hui nostalgique. Caméléon m’a plu, lui aussi, mais j’aurais aimé en savoir davantage à son sujet, il reste trop mystérieux pour que je puisse véritablement m’attacher à lui. L’auteur nous offre également toute une galerie de personnages secondaires, tour à tour chevaleresques, mystérieux, séduisants, tordus, machiavéliques, pathétiques…

L’écriture

En ce qui concerne l’écriture, il n’y a pas grand-chose à redire, si ce n’est quelques légères maladresses, que l’on retrouve toujours dans un premier roman. Par exemple, la manière dont nous apprenons le passé de Clémence m’a paru un peu artificielle. Pour le reste, l’écriture est fluide et le roman est plaisant à lire.

En quelques mots…

Ainsi, je me suis régalée avec ce roman historique qui vous fera vivre une véritable aventure en compagnie d’espions. C’est une excellente lecture-détente, avec des personnages très attachants et intéressants. J’ai hâte de savoir ce qu’il va advenir d’eux en lisant la suite !

Quant à Henri Courtade, il est l’un des jeunes auteurs français qui me semblent les plus prometteurs, voilà pourquoi une semaine lui sera consacrée sur ce blog, du 7 au 12 janvier 2013. Vous pourrez y découvrir ses romans, une interview qu’il m’a accordée, et tenter de gagner « Loup y es-tu ? » au format poche. J’espère que vous serez nombreux !

Note : 4/5

Stellabloggeuse

--------

Ce roman fait partie des challenges :


 Bouge ta PAL ! : lecture n°13 
      

 Où sont les hommes ? : lecture n°22
Henri Courtade est assurément un « auteur prince charmant », qui nous a parfaitement cernées, nous les femmes !

--------

« Toutes ces révélations sur son passé la submergeaient. Avant l’expédition à la commanderie, elle avait des certitudes, une foi inébranlable dans sa mission : veiller sur le trône d’Angleterre, servir fièrement son pays, mourir pour lui si besoin. Puis tout s’était peu à peu fissuré, d’abord avec la trahison de Wilhiam, ensuite avec ses histoires de famille. Elle redécouvrait une sœur qui voulait la tuer, des parents qu’elle idéalisait, mais qui avaient également leur part d’ombre. Tout s’effondrait autour d’elle. Elle ne savait même plus si elle pouvait faire confiance à ses supérieurs. Elle en venait même parfois à doute de Caméléon, le seul et unique ami qu’il lui restait. Certes, un agent secret apprenait à se méfier de tout le monde, mais il ne doutait jamais. Or ce sentiment s’était instillé en elle comme un venin insidieux, et elle ne parvenait plus à le déloger. »

     « A la cour d’Aliénor, j’avais pu croiser nombre de personnages de qualité, princes, ducs ou poètes. Cependant, aucun d’entre eux ne m’avait dévisagée comme le faisait Safir. Pour une femme, il est toujours agréable de se sentir adulée, vénérée telle une icône ou une divinité. Je ne crois pas qu’il s’agisse là de vanité de ma part – je ne me suis jamais prise pour une déesse. Simplement, ce que le regard de Safir exprimait à cet instant, cette pure extase à la simple considération de ma personne, me flattait agréablement. Je souhaite à toutes les femmes de connaître un jour ce ravissement si singulier, celui d’être, pour un homme, ce qu’il y a de plus important en ce bas monde. »

samedi 22 décembre 2012

La dernière lame, d’Estelle Faye : un roman d’héroïc fantasy au potentiel parfois mal exploité


Le roman dont je vais vous parler aujourd’hui m’a immédiatement attiré par son résumé. En effet, la quatrième de couverture de "La dernière lame" d'Estelle Faye évoque « un monde qui ressemble à notre Renaissance », avec une Eglise puissante et une inquiétante montée des océans qui met le monde en péril. Aussi, quand ce titre a été proposé en partenariat sur Livraddict, je n’ai pas beaucoup hésité !

Résumé

Personne ne sait quand le niveau des océans a commencé à monter, mais cela paraît maintenant inexorable, et l’humanité semble désormais résignée à assister à sa fin. Seulement, certains résistent et espèrent encore, notamment les médecins comme Joad de Vorastburg, qui s’efforcent de soulager la misère des hommes. Dans un monde où les créatures et les ressources marines ont désormais une grande importance, l’Eglise des Cendres dirige les consciences et combat les hérésies, afin d’amener les peuples à ne plus lutter, à cesser leurs pratiques magiques et leurs efforts désespérés pour sauver l’humanité. Ces combats sont menés par la puissante Marie des Cendres, au passé mystérieux. De l’action de Joad et de Marie dépendra le sort du monde…

Un univers intéressant, une ambiance de fin du monde

L’univers proposé par l’auteure est assez intéressant. L’océan a une grande importance, des créatures marines se sont développées, et les hommes ont appris à utiliser certaines ressources maritimes, parfois à leurs risques et périls. Il y a là une originalité qui m’a séduite. Mais honnêtement, cet univers n’a rien à voir avec la Renaissance, qui est pourtant évoquée sur la quatrième de couverture, d’où une certaine déception de ma part. Néanmoins, ceux qui aiment les ambiances de fin du monde seront séduits : l’ensemble est assez noir, la misère et la mort sont décrites sans embarras, et l’on a effectivement l’impression d’assister à une Apocalypse. J’avoue cependant n’avoir pas adhéré à la mythologie et à la magie développées dans ce roman, et notamment la manière dont le roman se termine.

Des combats bien mis en scène, mais peu d’émotion

Il me semble que ce roman devrait plaire aux amateurs d’héroïc fantasy, l’auteure raconte de grandes batailles, des combats qui sont bien mis en scène. Malheureusement, pour ma part, cela ne me satisfait pas totalement : pour adhérer à l’histoire et m’impliquer dans ces combats, il m’aurait fallu un peu plus d’émotions (qui sont quasiment absentes ici) et de profondeur dans l’histoire. Or, on reste assez en surface, et les tenants et les aboutissants de l’histoire ne sont pas très clairs. La première partie, notamment, m’a semblée très nébuleuse. La deuxième m’a davantage plu, grâce au personnage de Joad qui humanise l’histoire, mais je me suis de nouveau perdue dans la dernière partie.

Les personnages

Le principal problème, à mon sens, réside dans les personnages dont la psychologie n’est pas très développée. Ainsi, Marie reste très mystérieuse, on ne sait jamais ce qu’elle pense, alors que cela aurait pu être extrêmement intéressant au vu de son histoire personnelle. De même, certains personnages ont un rôle assez étrange, dont je n’ai pas bien compris l’utiliser, par exemple celui de Julian. Ou celui de Sophie, qui tombe comme un cheveu sur la soupe, je me suis demandé pourquoi l’auteure a pris la peine de créer ce personnage… En revanche, Joad m’a plu, et c’est grâce à lui que je suis allée jusqu’au bout de l’histoire, parce que son destin me tenait à cœur. Seule sa relation avec Jester m’aura laissée un peu perplexe, le coup de « l’illumination amoureuse » étant un peu gros pour moi…

L’écriture 

En revanche, en ce qui concerne l’écriture, je n’ai pas de critique à formuler, Estelle Faye est agréable à lire. Les descriptions, notamment, sont de qualité. Pas de doute, c’est une auteure qui a du potentiel, et qui peut écrire des romans qui me plairont, à condition de se pencher un peu plus sur les personnages et l’émotion… Ce que je regrette en revanche, c’est la qualité assez moyenne de l’impression, qui a « bavé » sur un certain nombre de pages.

En quelques mots…

Ainsi, c’est une histoire qui avait du potentiel, avec un univers intéressant, mais qui est parfois mal exploitée. La priorité a été donnée aux combats, au détriment de la psychologie et des émotions. Je pense néanmoins que cela peut plaire aux amateurs du genre. Je regrette que les personnages n’aient pas plus de corps, et que la quatrième de couverture donne une idée fausse du roman. En revanche, je pense que l’auteure a de beaux jours d’écriture devant elle, et je la suivrais volontiers sur d’autres titres dans le futur.
Un grand merci à Livraddict et aux éditions Le Pré aux Clercs pour ce partenariat !

Note : 2,5/5

Stellabloggeuse

--------

Ce roman fait partie du challenge :

 

Bouge ta PAL ! : lecture n°12

--------

« Debout à sa fenêtre, Annelise Von Goneland soupira. Au-dehors, Vorastburg empestait l’iode, la pourriture aussi, et ce relent de sueur âcre qui s’attarde même en hiver sur les villes surpeuplées. Au fond, vers l’ouest, les vapeurs des teintureries ajoutaient une touche bleue à l’orange du crépuscule. Annelise frissonna, remonta la couverture en fourrure qui glissait sur ses épaules. Le vent marin jouait dans ses cheveux fins, secouait quelques boucles folles échappées à sa natte. A quarante ans passés, la bourgmestre conservait cette blondeur dorée qui l’avait rendue célèbre.
-La neige me manque, remarqua-t-elle en contemplant sa cité. Le parfum du gel. Les hivers d’autrefois. Le grand silence blanc sous les sapins. Les loups qui hurlaient aux portes de Vorastburg. »

« Pour garder l’espoir, Joad pensait à Jester, à tout ce qu’ils avaient vécu ensemble, quand il croyait ne pas l’aimer. Les yeux d’ambre de la jeune fille, ses boucles de soleil, sa bouche ourlée qui lâchait avec un plaisir pervers les pires jurons que Joad ait pu entendre. La façon dont elle dansait, tournoyait dans ses robes multicolores, ses tulles arc-en-ciel, comme des ailes de papillon. Jester incarnait la lumière, la couleur et la vie. Les animaux le comprenaient, les poissons, les insectes qui se rapprochaient d’elle en amis. Les plantes et les fleurs qui s’étaient éveillées autour d’eux la nuit dernière. Ou bien cette nuit n’avait été qu’un songe creux, un rêve né de l’alcool ? Non, le médecin voulait y croire. Maintenant plus que jamais. »