vendredi 30 novembre 2012

Un été à Cold Spring, de Richard Yates : une lecture plaisante qui ne mène nulle part…


Une des difficultés, lorsqu’on participe au challenge ABC, c’est de trouver des auteurs correspondant à certaines lettres difficiles, dont le « Y ». Cette année, j’ai choisi de découvrir Richard Yates, un auteur américain, et son « Eté à Cold Spring », paru en 1986 aux Etats-Unis et traduit en France en 2011.

Résumé 

Après une jeunesse de quasi délinquance, le bel Evan Shepard se découvre une passion pour l’automobile qui lui donne un but dans la vie : il souhaite aller à l’université pour devenir ingénieur. Mais la vie bouleverse ses plans, et le voilà contraint à un premier mariage précoce. Six ans plus tard, Evan fonde une nouvelle famille, réunie le temps d’un été à Cold Spring, près de la maison de ses propres parents, tandis que la Seconde Guerre Mondiale guette l’Amérique suite aux évènements de Pearl Harbor…

Une histoire avec du potentiel

J’ai été assez rapidement immergée dans l’histoire, qui commence au milieu des années 1930. On apprend tout d’abord à connaître Evan et ses parents. Puis nous sommes projetés en 1942, peu après les évènements de Pearl Harbor. L’irruption de la guerre promet alors des bouleversements intéressants. Dans le même temps, Evan se remarie et cohabite avec sa belle-famille, ce qui nous promet une histoire de famille, ainsi que d’assister à la vie balbutiante de jeunes mariés. Bref, tout cela était de nature à me plaire.

La déception finale

Le problème, c’est que tout cela ne mène à rien. La Seconde Guerre Mondiale n’est pas exploitée, même si les recrutements sont présents en toile de fond. Nous assistons en effet à certains pans de la vie quotidienne de cette famille, avec parfois un certain intérêt, mais tout cela ne mène à rien, puisque le roman finit en queue de poisson, avec un revirement aussi brutal que peu développé. Oui, des portraits sont brossés, mais on n'entre jamais profondément dans la psychologie des personnages. Tout le long, des pistes sont lancées pour l’avenir de chacun des personnages, mais tout est laissé en plan, inachevé. Au final, je reste là, à me demander désespérément où l’auteur a voulu nous mener, ce qu’il a souhaité démontrer…

Des personnages peu attachants

Ajoutons à cela que le personnage d’Evan, égoïste et volage, voire violent à ses heures, n’a rien de sympathique. Celui de sa jeune épouse ne l’est pas davantage, tant elle est en retrait et tant elle s’escrime à afficher une façade de bonheur. Finalement, le personnage le plus sympathique est celui de Gloria, la belle-mère d’Evan. Certes, elle est un peu folle, mais au moins elle est vraie, elle est vivante… Le père d’Evan, Charles, est lui aussi un personnage assez agréable.

L’écriture

En revanche, aucun problème avec l’écriture, qui est agréable, et qui nous mène à ce paradoxe : la lecture de ce roman a été plaisante, si l’on fait abstraction de la frustration causée par l’intrigue.

En quelques mots…

Vous l’aurez compris, moi qui apprécie la littérature contemporaine avec des personnages fouillés et des intrigues fortes, j’ai été déçue par celui-ci. En lui-même, le portrait de cette famille n’a rien de désagréable et l’ensemble est bien écrit. Mais je n’ai pas réussi à trouver de finalité à tout cela et, à moins que vous n’ayez vraiment besoin d’un auteur en « Y », je pense que ce roman n’a rien d’indispensable.

Note : 2/5

Stellabloggeuse

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Ce roman fait partie des challenges :


Challenge ABC 2012 : 25/26

 
Où sont les hommes ? : Lecture n°20
Le prince charmant ne se cachait pas dans ce roman !

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« Evan prit l’habitude de rouler sans but, le soir, et de ruminer dans le noir, le visage grave. C’était vraiment bien de vivre avec une jolie fille folle de vous, aucun doute là-dessus. Mais cela donnait aussi à réfléchir. Était-ce là tout ce qu’on pouvait attendre de la vie ? Il frappait le volant, encore et encore, n’arrivant pas à croire que son chemin était si bien tracé et qu’il n’y aurait pas moyen de le faire dévier alors qu’il n’avait pas encore dix-neuf ans. »

jeudi 29 novembre 2012

La dernière guerre, tome 1 : 49 jours, de Fabrice Colin

[Michel Lafon, 2012]

Il y a environ un an, j’avais découvert « Bal de givre à New York » de Fabrice Colin, et j’avais beaucoup apprécié cette lecture. Aussi, lorsque j’ai eu l’occasion de découvrir un nouveau titre de cet auteur, au résumé alléchant et vraisemblablement tourné vers la fantasy, j’ai rapidement succombé !

Résumé 

En 2012, dans le métro parisien… Floryan, un jeune homme de 17 ans gâté par la vie, à l’avenir tout tracé, rentre du lycée en compagnie de quelques amis. Puis une bombe explose, et Floryan est tué sur le coup. Il se réveille dans un paysage inconnu de montagnes et de vallées. Un Elohim vient à lui. Se présentant comme un ange, il lui propose de choisir entre rejoindre le Royaume (une sorte de Paradis) et se jeter dans le cratère de la montagne du Nihil. Floryan dispose de 49 jours pour faire son choix. A priori, la décision est évidente, mais Floryan va tout de même prendre le temps de parcourir cet étrange univers avant de se prononcer…et c’est le début d’une longue série d’évènements.

Un roman inclassable

A priori, en ouvrant ce roman, on s’attend à lire de la fantasy (et c’est le cas, puisque Floryan parcourt un univers étranger au notre et dépourvu de technologie, dans lequel vivent des créatures imaginaires), ainsi qu’une vision de la vie après la mort. Mais il y a beaucoup plus que cela, puisque le lecteur est aussi ramené sur Terre, confronté à des voyages dans le temps et à des visions de ce que pourrait être la fin du monde.

Ainsi, Fabrice Colin brouille les frontières de l’espace et du temps, jongle entre la fantasy et le roman d’anticipation, en menant le tout d’une main de maître. De multiples rebondissements inattendus permettent de stimuler l’intérêt du lecteur. De même, l’auteur se montre doué pour préserver du mystère tout au long de son intrigue, et j’ai été totalement prise de court par la fin, qui ne laisse qu’une envie : lire la suite !

Un univers séduisant et de bonnes idées

J’ai beaucoup aimé l’univers créé par Fabrice Colin, l’Intermonde, que ce soit au niveau des paysages décrits, des éléments magiques qui y sont insérés, ou des créatures qu’il a inventées, ces magnifiques animaux volants que sont les Altars. Cet univers, dont nous découvrons peu à peu les secrets, est cohérent et intéressant. Concernant ce qu’il a imaginé pour la Terre, c’est tout aussi intéressant, et fait froid dans le dos tant on se dit que cela pourrait nous arriver... Ainsi, l’aspect « roman d’anticipation » est tout aussi bien mené que l’autre pan du roman.

Des personnages peu sympathiques

En revanche, mon bémol vis-à-vis de ce roman concerne les personnages. Aucun ne m’a vraiment touchée. Commençons par le principal protagoniste de cette histoire, Floryan. De son vivant, c’est un jeune garçon insouciant et égoïste. Après sa mort, il se soucie un peu plus des autres, mais il reste naïf et assez centré sur lui-même. Ce que je lui reproche principalement, c’est son côté « girouette », puisqu’il n’hésite pas un instant à prendre des risques inconsidérés et à abandonner ses nouveaux camarades pour partir à tout bout de champ en expédition sur Terre…

Du côté des personnages secondaires, ce n’est pas beaucoup mieux. Scarlett, une habitante de l’Intermonde qui prend Floryan sous son aile, m’a tout de suite semblée légère et manipulatrice. Quant à Rain, la jeune terrienne, son personnage mériterait d’être plus développé, mais elle n’a pas montré de grandes qualités d’âme pour l’instant. Ainsi, une nouvelle fois (c’était aussi le cas dans "Bal de givre à New York"), les personnages de Fabrice Colin mériteraient plus de profondeur pour que le lecteur soit en osmose avec eux.

L’écriture

L’écriture de Fabrice Colin est très agréable, aucun doute là-dessus. J’ai particulièrement apprécié les magnifiques descriptions de l’Intermonde, de ses paysages. L’auteur passe aisément d’un monde à l’autre, chacun avec son ambiance particulière. On trouve aussi de très beaux passages dans les réflexions de Floryan, qui tire tout de même quelques bonnes leçons de ses expériences. Ainsi, Fabrice Colin s’affirme vraiment comme l’un des meilleurs auteurs français contemporains en ce qui concerne les littératures de l’Imaginaire.

En quelques mots…

Pour conclure, je dirais qu’il s’agit d’un roman extrêmement surprenant, qui brouille les limites du temps et de l’espace, qui nous fait voyager entre deux mondes et entre les époques. Il est mené de main de maître par Fabrice Colin, porté par sa belle écriture. Si vous aimez la fantasy, les voyages dans le temps, les réflexions sur la vie après la mort ou les récits de fin du monde, je vous le conseille volontiers ! Pour ma part, la fin m’a bluffée et j’ai hâte de connaître la suite.
Un grand merci à Camille et aux éditions Michel Lafon pour cette découverte !

Note : 4/5

Stellabloggeuse
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Bouge ta PAL ! Lecture n° 7


Où sont les hommes ? : lecture n°19

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« Soudain, je me sens tomber pour de bon. C’est alors que je comprends que je n’ai jamais crié. Tout s’est passé dans mon esprit. A travers les brumes du Nihil, je chute comme une pierre. Thaleane pousse une longue lamentation. Elle m’a perdu. Une secousse brutale me ramène dans les airs. Je lève la tête. Je flotte et me balance, environné de brume. La corde de Scarlett disparaît dans un nuage, et l’anneau me cisaille le poignet. Un claquement d’ailes, et je vois Thaleane revenir dans ma direction, juste à la bonne hauteur. Elle passe devant moi et j’attrape sa selle au vol, m’affale dessus, me cramponne. Puis je reprends les rênes et impulse une montée. Battant des ailes, ma monture fonce vers les nuées. La corde retrouve du mou. Les nuages s’éparpillent, dévoilant une nuit de rêve, pailletée d’étoiles. Les deux lunes sont là, qui nous observent. »

« -La première chose que font la plupart des Egarés, lors de leurs plongées initiales, c’est de se payer une virée au pays des dinosaures. Surtout quand ce sont des hommes.
Je fronce les sourcils.
-Insinuerais-tu quelque chose ?
J’aime son rire, un tintement de clochettes. J’admire son insouciance, aussi. Plus rien n’est grave ici-bas.
-Nous, les femmes, nous nous intéressons à l’Histoire, et aux sentiments. Ce que nous voulons savoir, c’est comme Jane Austen écrivait ses livres. »

« Quand tout espoir est perdu et que ton cœur persiste à battre plus fort. Quand ton amour ne dépend plus de l’autre, qu’il ne dépend plus de quoi que ce soit. Là se niche la vraie grâce. »

mardi 27 novembre 2012

Sous le signe du Scorpion, de Maggie Stiefvater


Voici un livre que je n’aurais pas pensé avoir envie de lire, de prime abord. Une histoire de chevaux de mer carnivores, très peu pour moi ! Et puis sont venus les avis des copinautes : Plume de CajouL’ouvr’age, et finalement le coup de cœur d’Ephemère. Face à cet enthousiasme collectif de bloggueuses de confiance, j’ai retourné ma veste et me suis laissée tenter !

Résumé

Chaque année, sur l’île de Thisby, au mois de novembre, ont lieu les courses du Scorpion, lors desquelles s’affrontent des cavaliers montés sur des chevaux de mer carnivores, les « capall uisce ». Cette manifestation attire les touristes, permettant de faire vivre en partie cette île de pêcheurs. Sean Kendrick court tous les ans, il a déjà remporté quatre fois la course sur le dos de Corr, le cheval qui a tué son père et qu’il aime pourtant de tout son cœur. Quant à Puck Connolly, elle s’inscrit pour la première fois, espérant gagner de quoi survivre. Va-t-elle survivre aux entraînements et participer à la course ? Peut-elle gagner ?

Une île à l’atmosphère particulière

Il est assez difficile de parler de ce roman, assez particulier à mon sens. Il se distingue par son atmosphère, qui m’a beaucoup plu. Nous sommes sur une île, et l’auteur nous fait bien ressentir l’importance de l’océan pour les habitants, il est presque un personnage à part entière. Il apporte le danger en la personne des étalons de mer, qui sévissent à marée haute et pendant les tempêtes. La population de l’île vit au quotidien avec ce danger, avec la mort qui rôde au-dessus d’eux. Tous ont déjà perdu un proche, beaucoup sont partis chercher une vie meilleure sur le continent, et ceux qui restent ont une philosophie particulière. En tout cas, j’ai beaucoup aimé cette île et son atmosphère.

Les chevaux et la course

La majeure partie de l’intrigue se passe avant la course de chevaux, avec les inscriptions, les entraînements, les paris... Nous apprenons à connaître les deux personnages principaux, Sean et Puck, qui ont eu des vies très différentes. Nous appréhendons aussi leur relation avec leurs montures respectives (très différentes elles aussi), et j’ai trouvé cet aspect très intéressant, bien que je ne sois pas particulièrement passionnée de chevaux.

La course du Scorpion en elle-même n’occupe qu’une vingtaine de pages, mais elle est extrêmement intense, j’étais quasiment en apnée, prête à craquer. Quant à l’épilogue du livre, je l’ai trouvé très beau, mais j’ai été étonnée que les choses prennent cette tournure-là, je m’attendais à quelque chose de plus sombre. Du coup, je me surprend à être très légèrement déçue.

Les personnages

Les personnages sont un point fort de ce roman, tous deux sont attachants. Sean a gagné de l’argent grâce aux courses, et il pourrait s’en aller, changer de vie. Pourtant, il aime l’île, et plus que tout il aime son cheval, d’une manière très touchante. C’est un garçon méfiant et taciturne, mais on ne peut s’empêcher de l’apprécier. Quant à Puck, c’est une jeune fille au fort caractère, qui lutte pour survivre et qui tente de porter sa famille à bout de bras, alors que son grand frère éprouve des envies d’ailleurs. Courageuse, elle fait face à ses peurs pour se donner une chance d’améliorer ses conditions d’existence.

Leurs chevaux, Corr et Dove, sont également des personnages importants, et leurs cavaliers les aiment tellement que cet amour gagne aussi le lecteur !

L’écriture

L’écriture de Maggie Stiefvater est agréable, notamment en ce qui concerne les descriptions, qui donnent à ce roman son ambiance si particulière. C’est bien écrit, et bien traduit. L’auteure raconte l’histoire en adoptant alternativement le point de vue de Sean et celui de Puck, avec talent : chaque personnage a son identité et son caractère propre. Sa façon de décrire les chevaux et les courses montre également une certaine connaissance de ces animaux. Enfin, elle parvient à faire monter l’émotion tout au long du roman, et à me faire verser ma petite larme à la fin.

En quelques mots…

Ainsi, j’ai beaucoup aimé ce roman à l’ambiance particulière, qui fait la part belle aux chevaux et à l’océan. Les deux personnages sont attachants et leur histoire m’a intéressée. J’ai été envoûtée par l’atmosphère et l’île et émue par les mots de l’auteure. C’est une lecture que je vous conseille vivement, y compris si vous n’avez pas d’attrait particulier pour les chevaux.

Note : 4,5/5

Stellabloggeuse
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« Je la revois distinctement, debout sur le rocher près de Peg Gratton, à tenir tête à Eaton et aux autres membres du comité de la course. Je ne me souviens pas d’avoir jamais fait preuve d’autant de cran dans ma vie, et j’en ai honte. Puck me fascine et m’horripile tout à la fois : elle se dresse devant moi tels un miroir qui me renverrait mon image et une porte qui s’ouvrirait sur un ailleurs, et je sens alors en moi une part d’inconnu, comme quand la Déesse Jument m’a fixé dans les yeux. »

« L’eau est si froide que mes pieds s’engourdissent presque instantanément. J’étire les bras en croix, ferme les yeux et prête l’oreille au clapotis des vagues ; aux cris rauques des sternes et des guillemots sur les rochers, aux goélands qui s’interpellent d’une voix aiguë dans le ciel. Je sens l’odeur des algues et du poisson, et l’effluve voilé des oiseaux qui nichent sur la côte. Le sel recouvre mes lèvres et encroûte mes paupières, le froid assaille tout mon corps. Le sable sous mes pieds bouge, aspiré par la marée, mais je reste parfaitement immobile. Le soleil brûle rouge derrière mes paupières. L’océan ne m’ébranlera pas, et le froid ne m’atteindra pas. »

« -Désolée, ma mère disait toujours que j’étais sortie d’une bouteille de vinaigre plutôt que d’un utérus, et que mon père et elle me baignaient dans de l’eau sucrée pour compenser. J’essaie de me tenir bien, mais je retombe toujours dans le vinaigre.
Quand Papa était d’humeur fantasque, ce qui n’arrivait pas souvent, il racontait à nos invités que les lutins m’avaient laissée sur le seuil parce que je leur mordais trop souvent les doigts. »

samedi 24 novembre 2012

Pourquoi les gentils ne se feront plus avoir, de J. Heska : un roman drôle, frais et intelligent

[Editions Seconde chance, 2012]

Souvenez-vous, cet été, j’ai découvert le second roman de J. Heska, « On ne peut pas lutter contre le système », dont j’avais beaucoup apprécié les réflexions. Son premier roman « Pourquoi les gentils ne se feront plus avoir » est différent, dans son registre et dans son ton, mais le résumé me tentait affreusement. Vous me connaissez, je suis faible, j’ai donc succombé à une proposition de partenariat !

Résumé

Jérôme Laplace peine à trouve sa place dans la société, que ce soit au travail ou dans ses relations personnelles avec les autres. Son seul ami est un collègue de travail, un asocial, comme lui, qui est aussi un grand fan de Star Wars. Jérôme manque de confiance en lui, d’assurance, et s’imagine que personne ne l’aime. Un jour, en espérant parvenir à un peu mieux s’intégrer, il décide de suivre les conseils d’un magazine. Il commence un journal intime et prend quelques résolutions…qui vont le mener bien plus loin qu’il ne l’imagine !

Un concentré d’humour 

Ce roman est un petit concentré de bonne humeur ! Le personnage de Jérôme a un don pour se mettre dans des situations cocasses, et c’est, je l’avoue, un plaisir de rire à ses dépens. Il y a aussi les petites phrases qui débutent chaque chapitre, des métaphores humoristiques sur l’existence. L’auteur évoque également toutes sortes de petits tracas de la vie quotidienne, avec beaucoup de dérision, je pense notamment à un passage évoquant les contrôleurs des transports en commun qui m’a bien fait rire…

Un roman résolument positif

Qu’on se le dise, contrairement à son second roman qui est très noir, celui-ci est résolument positif ! L’auteur imagine une voie de guérison de la méchanceté pour l’humanité tout entière, rien que cela, et il va jusqu’au bout de cette idée. Néanmoins, ne nous y trompons pas, il n’y a pas d’angélisme dans ce roman, et le ton léger me semble être un prétexte pour aborder les incivilités qui empoisonnent l’existence de tout un chacun. L’auteur essaie de nous faire réfléchir sur nos petites négligences, non en termes d’intentions mais de conséquences…à méditer.

Les personnages

Une nouvelle fois, j’ai eu du mal à m’attacher aux personnages de J. Heska. Aucun d’entre eux n’est véritablement « fouillé », et ils restent nébuleux pour le lecteur. Ainsi, le personnage de Jérôme n’est pas particulièrement sympathique, malgré les déboires qu’il rencontre : quelque part, on se dit qu’il l’a bien cherché. Et c’est sûrement voulu de la part de l’auteur, dont le souhait est plus probablement de voir réfléchir son lecteur que de le voir s’attendrir sur son personnage. Ainsi, il n’hésite pas à malmener Jérôme et à le tourner en dérision, pour notre plus grand plaisir. Nous n’avons pas ici un « vrai gentil » mais un être humain avec ses défauts et ses désirs, et c’est tant mieux.

L’écriture

Il n’y a aucun problème avec l’écriture, c’est un roman qui se lit bien. Les types d’écritures sont alternés, du journal intime à la coupure de presse en passant par les conversations MSN. J. Heska insère dans son récit un certain nombre de références culturelles, et Star Wars est particulièrement présent dans ce roman ! Comme je l’ai évoqué, l’humour est omniprésent. Enfin, à titre personnel, j’ai apprécié que l’action se déroule dans ma ville (Lyon), cela m’a permis de mieux me représenter l’histoire.

En quelques mots…

Ainsi, c’est un roman drôle et frais que nous propose J. Heska. Une histoire résolument positive, qui n’est pas à prendre au pied de la lettre mais qui est prétexte à réfléchir sur nos comportements au quotidien, sur nos rapports avec les autres. Lecteurs qui se prennent au sérieux s’abstenir…
Merci à J. Heska et au forum Darkambiance pour cette découverte !

Note : 3,5/5


Stellabloggeuse

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Ce roman fait partie des challenges :


Où sont les hommes ? : lecture n°18




Bouge ta PAL ! Lecture n°6

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« La vie, c’est comme Mario Bros 1. On passe son temps à trimer pour ramasser des pièces, on est obligés d’avancer pour affronter de nouveaux dangers, on subit sans cesse les mêmes épreuves répétitives, le temps est limité et on finira quand même par mourir. Mais surtout, on a beau poursuivre l’aventure, la princesse est toujours dans un autre château. »

« Tous les passagers retiennent leur respiration. Cinq silhouettes en rang serré s’infiltrent lentement, toisant chacun des occupants du wagon. Les hommes et les femmes sursautent ou baissent les yeux, les enfants vont se cacher derrière leurs parents. Leurs bottes claquent sur le sol. Le chrome de leur arme brille dans les néons blafards du plafonnier. Les blasons sombres portant l’insigne couleur sang évoquent les trop nombreuses victimes qui ont déjà trépassé sous leurs coups mortels. Le vent s’engouffre dans la rame, les vieux journaux volettent dans le compartiment sous le regard effrayé de la population. Des sourires carnassiers s’affichent sur leurs visages sombres. Le gagn le plus dur de l’agglomération vient d’entrer. Sans aucune pitié. Hommes, femmes, enfants, ils ne respectent rien ni personne. Les cowboys du métro.
-Messieurs dames, contrôle des titres de transport, lance la voix fluette et déterminée du chef de section. »

jeudi 22 novembre 2012

Buffy contre les vampires, de Joss Whedon et Georges Jeanty, saison 8, tome 1 : Un long retour au bercail

[Fusion Comics, 2008]

Certains d’entre vous le savent peut-être déjà, mais « Buffy contre les vampires » de Joss Whedon a été et reste ma série télé préférée. Je l’ai vue en entier, certaines saisons plusieurs fois, et j’ai bien entendu l’intégrale en DVD… Aussi, quand j’ai appris qu’il existait une huitième saison en bande-dessinée, j’ai été très intriguée, et lorsque j’ai trouvé le premier tome en soldes (un coin abîmé), je n’ai pas hésité !

Résumé 

Le temps a passé, mais Buffy continue à lutter contre le mal avec une multitude de tueuses, dont Alex est devenu le chef. Mais une mystérieuse menace nommé « Crépuscule » pourrait bien la ramener finalement à Sunnydale…

Des dessins décevants

Je n’avais encore jamais lu de comics, et si j’apprécie de plus en plus les bandes-dessinées, je me rends compte que ce genre n’est tout simplement pas pour moi, le style de dessin ne me plaît pas. Ainsi, je n’ai pas aimé le dessin de ce tome, la manière dont les visages sont parfois brouillons et déformés. Mis à part les illustrations de pleine page qui servent de « couverture » à chaque épisode du comics et qui sont beaucoup plus travaillés.

Une narration embrouillée

Autre point noir, l’histoire n’est pas du tout claire pour moi, je me suis souvent trouvée embrouillée, à me demander où nous étions dans l’histoire. On change parfois de focalisation brutalement, et je dois dire que l’ensemble est trop nébuleux à mon goût, je n’ai pas compris où on voulait en venir et j’ai eu du mal à suivre. J’ai tout de même plus apprécié la partie de l’intrigue impliquant Amy et Warren.

Les personnages

En revanche, il m’a été très agréable de retrouver les personnages : Buffy, Alex, Willow, Giles et Dawn, dans l’ensemble fidèles à eux-mêmes (sauf Willow peut-être, parfois un peu vulgaire). Bien sûr, Spike m’a manqué, même s’il apparaît très très brièvement dans un rêve de Buffy au côté d’Angel…

En quelques mots…

Au-delà du plaisir de retrouver mes personnages préférés, j’ai donc été déçue par la forme de ce Comics, par le dessin, mais aussi par la narration trop embrouillée à mon goût. A priori, je ne compte pas poursuivre l’aventure, Buffy se terminera pour moi à la fin de la saison 7.

Note : 2,5/5

Stellabloggeuse

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Ce roman fait partie du challenge :


Challenge ABC 2012 : 24/26

mercredi 21 novembre 2012

Alice au Pays des Merveilles, de Lewis Caroll : un délice de fantaisie et de non-sens

[Librio, 2000]

Quelques semaines après avoir lu « Aladdin » des contes des Mille et une nuits, me revoilà avec un autre conte repris (entre autres) par Walt Disney : Alice au pays des merveilles de Lewis Caroll. Un titre que j’ai eu l’occasion de découvrir à l’occasion d’une lecture commune organisée par Arcaalea sur Livraddict.

Résumé 

Par une belle après-midi, alors qu’elle se trouve dehors avec sa grande sœur et qu’elle s’ennuie, la jeune Alice aperçoit un lapin blanc qui semble très préoccupé : il est en retard. Elle décide de le suivre, et bascule alors dans un monde de fantaisie et de non-sens…

Un univers riche

J’ai beaucoup aimé l’univers mis en place par l’auteur. Grâce aux descriptions (et aux versions illustrées du conte que nous avons eu l’occasion de lire durant notre enfance), le lecteur peut aisément se représenter le décor dans lequel évolue la jeune Alice. L’auteur a inventé un certain nombre de créatures, comme le Chat du Cheshire. Il y a aussi un grand nombre d’animaux existant réellement, qui sont ici doté de la parole : le lapin blanc, la chenille, le lièvre de mars, la souris…

Ainsi, Lewis Caroll a su ajouter de la fantaisie et des phénomènes magiques à des éléments de la vie de tous les jours pour créer un univers riche, un appel à l’imagination. Après lecture, il ne me paraît pas surprenant que tant d’artistes aient voulu travailler à partir de cet univers pour créer des films, des albums illustrés, des tableaux…

Un monde d’absurdité et de non-sens

La plupart des évènements et des dialogues de cette histoire n’ont aucun sens, ce livre fait une part importante à l’absurde. Si j’ai été un peu perdue au départ, j’ai finalement été séduite et j’ai beaucoup apprécié les divers jeux de mots, calembours, les dialogues de sourd entre les personnages. L’auteur s’amuse notamment à parodier de célèbres poèmes qu’apprennent les écoliers anglais. Malheureusement, il aurait fallu que j’en connaisse la version originale pour pouvoir apprécier cet exercice à sa juste valeur. Lewis Caroll se moque ainsi des connaissances scolaires, considérant sans doute qu’elles enfermement les enfants dans un carcan d’idées préconçues.

Le personnage d’Alice

Je ne peux pas dire que je me sois particulièrement attachée à Alice qui ne réfléchit pas beaucoup avant de parler et qui m’a semblé se croire un peu trop maligne. Néanmoins, l’essentiel n’est pas là. En rendant Alice maladroite et impolie, l’auteur se moque des conventions sociales de son époque. En la faisant sans cesse grandir et rapetisser, il nous montre la difficulté d’évoluer dans la société lorsqu’on est différent des autres. Elle montre tout de même un certain nombre de qualités, notamment la curiosité qui la pousse à s’intéresser à tout, ainsi que la patience…

L’écriture

L’auteur nous raconte cette histoire à la manière d’un conteur, et j’ai été assez facilement happée. Il alterne efficacement la description, les dialogues, les poèmes et les chansons. Lewis Caroll est à l’aise avec la langue, ce qui lui permet de s’amuser avec elle et de créer les jeux de mots ou les parodies que j’ai déjà évoquées.

En quelques mots…

Ainsi, j’ai été séduite par cette lecture pleine de fantaisie, qui m’a évadée dans un tout autre monde. J’ai également apprécié la manière dont, au travers du conte, l’auteur dénonce les travers de la société de son époque. Il peut être difficile d’entrer dans ce monde de non-sens, mais c’est une lecture que je conseillerais à tous ceux qui ont gardé une âme d’enfant, la capacité de s’émerveiller, et qui n’ont pas besoin de tout comprendre pour apprécier un livre.

En remerciant Arcaalea pour cette lecture commune, je vous propose de découvrir les avis de mes camarades de lecture : Arcaalea (organisatrice), Stephanie-plaisirdelireBouquinette...

Note : 3,5/5
Stellabloggeuse
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Ce livre fait partie des challenges :


Où sont les hommes ? Lecture n°17
Lewis Caroll a composé un conte sans prince charmant, mais c’est un homme plein d’imagination et de fantaisie !


Bouge ta PAL ! Lecture n°5

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« Moi, quand je serai Duchesse, se dit-elle (sans se faire trop d’illusions toutefois), je n’aurai jamais de poivre dans ma cuisine. La soupe est aussi bonne sans… Si ça se trouve, c’est le poivre qui fait que les gens ont facilement la moutarde qui leur monte au nez, et elle poursuivit, toute contente d’avoir découvert une nouvelle théorie, c’est le vinaigre qui les rend si aigres…c’est la camomille qui les rend amers…et…le sucre candi et les bonbons qui rendent les enfants candides et bons. Si seulement les gens savaient ça, ils seraient moins chiches de sucreries, vous savez… »

« Sur ce, la Reine, chaussant ses lunettes, les braqua sur le Chapelier, qui pâlit et se mit à se tortiller.
-Faites votre déposition, dit le Roi, et ne vous énervez pas ou je vous fais exécuter sur le champ.
Cela ne sembla pas du tout encourager le témoin : il ne cessait de passer d’un pied sur l’autre, regardant la Reine d’un air gêné, et dans son trouble, mordit dans sa tasse au lieu de sa tartine. […]
-Faites votre déposition, répondit le Roi avec colère, ou je vous fais exécuter, que vous soyez nerveux ou pas.
-Je suis un pauvre homme, votre Majesté, commença le Chapelier d’une voix tremblante, et je n’avais pas commencé mon thé…il y a de cela une semaine environ…et avec ces tartines de plus en plus minces et le thé qui brillait…
-Le thé qui brillait ? dit le Roi.
-Tout a commencé par un thé, répondit le Chapelier.
-Bien sûr, « tout » commence toujours par un « T » ! dit le Roi piqué au vif. Me prenez-vous pour un imbécile ? Poursuivez ! »