samedi 30 juin 2012

Côté Face, d’Anne Denier : une histoire envoûtante, obsédante, oppressante, dont on ne sort pas indemne !

[Anne Denier, 2010]

Entre « Côté face » et moi, c’est déjà une longue histoire ! Cela fait un bon moment que je lis des billets sur ce bouquin sur la blogosphère. Malgré les avis élogieux, ce livre m’a longtemps fait peur, à cause d’une simple phrase sur la quatrième de couverture : « Te séduire, t’emmener, te torturer, te violer et t’assassiner ». Pas aventureuse, j’avais alors passé mon chemin !

Puis je suis tombée sur le Quinze Littéraire de Méli consacré à Anne Denier. Un article qui a su me donner envie de découvrir ce titre. Il y a aussi eu l’article de Morgana, qui m’a donné tentée. Finalement, je suis tombée amoureuse de la nouvelle couverture, et dès que l’occasion s’est présentée, j’ai commandé ce livre. Finalement, Floly m’a proposé de le lire dans le cadre de notre challenge Livra’deux pour Pal’addict, j’ai sauté sur l’occasion pour le découvrir ! Mais trêve de blabla, entrons dans le vif du sujet !

Résumé

A Montpellier, une jeune lycéenne cherche ses Converses, que le chien lui a volées. Il la met en retard. A cause de cela, elle fait une rencontre troublante dans le tramway. Une rencontre qui, ajoutée à une grave chute dans un escalier, réveille une mémoire profondément enfouie en elle. Des souvenirs anciens qui ne lui appartiennent pas. Bientôt, elle a du mal à distinguer le vrai du faux, la réalité de l’imagination. Pourtant, elle est forcée d’apprendre à connaître cet autre côté d’elle-même. Car elle est en danger.

Une atmosphère particulière

Disons-le tout de suite et sans ambiguïté : j’ai beaucoup aimé ce roman. La principale raison, c’est l’atmosphère très particulière qu’a su créer Anne Denier. C’est une atmosphère angoissante et oppressante, presque malsaine par moments. J’ai eu peur en lisant ce livre, j’ai eu la chair de poule, je me suis sentie menacée. Bref, j’étais plongée au cœur de l’action, partie prenante de l’histoire comme si j’en étais l’un des acteurs. Je tiens à le souligner car un livre me fait rarement cet effet-là. C’est une lecture qui ne ressemble à aucune autre, et cela m’a plu.

J’ai apprécié également le contraste entre cette atmosphère pesante, la violence qui se déchaîne parfois dans le roman, et la vie quotidienne de l’héroïne avec ses gestes tout simples : se vêtir, vérifier l’heure, lacer ses chaussures. Ces gestes finissent par prendre une dimension particulière, on comprend plus tard qu’ils ne sont pas anodins.

Des personnages mystérieux

Dans ce roman, l’ensemble des personnages restent assez mystérieux. Bien que le récit soit écrit à la première personne, on sait peu de choses sur la vie de l’héroïne avant que le cours de sa vie ne soit bouleversé. Nous ne connaissons même pas son nom. En revanche, nous suivons pas à pas ses pensées et ses doutes, ses douleurs, ses efforts pour que sa vie conserve un sens.

Je n’ai pas ressenti d’attachement particulier pour elle, mais j’ai éprouvé beaucoup d’intérêt pour elle, à essayer de la comprendre. Sa manière d’agir, notamment avec les acteurs de sa « vie normale » m’a parfois désarçonnée, mais cela m’a amené à me poser des questions intéressantes. Du type « Comment agirais-je si le pire m’arrivait ? Lutterais-je pour mettre de l’ordre dans ce chaos ? Me laisserais-je couler ? Serais-je prête à tuer ? » Plein de choses intéressantes à méditer ! En tout cas, comme vous le voyez, c’est un personnage qui n’est pas lisse, et c’est en cela qu’elle est intéressante.

Quant aux autres personnages, nous les connaissons peu, et on aimerait parfois en savoir plus (vous le savez, je suis une curieuse…). Il y a ceux de la « vie normale » : les amies superficielles, le petit rigolo de la bande (de loin le plus sympathique), le petit frère, les parents. Aucun n’a de prénom, ils sont tous désignés par un surnom ou par leur rapport avec l’héroïne.

Mais il y a surtout ceux qui peuplent sa mémoire : Côme, fascinant de violence et de perversité et Nebel, touchant par la force de ses sentiments et de sa détresse. Ces deux derniers m’ont intriguée, je suis donc très contente qu’Anne Denier ait prévu de leur consacrer à chacun un roman qui viendront compléter « Côté Face » ! Le premier d’entre eux « Noces de lunes », est sorti en mai 2012, mais il est pour l’instant en rupture de stock (edit : Côté Face et Noces de Lune sont désormais tous deux disponibles chez Rebelles éditions).

Une histoire d’amour

En trame de fond de ce roman puissant, il y a une histoire d’amour intemporelle, de celles qui sont hors du temps, qui mettent les amoureux dans une bulle. J’ai beaucoup aimé cette romance. Dans de simples regards échangés, on ressent la puissance des sentiments des deux personnages. C’est une romance qui a son lot de noirceur, mais qui n’en est que plus belle au final. Elle sonne très juste en tout cas, malgré l’effet « coup de foudre » auquel je n’adhère pas toujours !

L’écriture

Ce roman est porté par l’écriture d’Anne Denier, qui est une très belle écriture. Elle a de belles phrases qui sonnent bien. Sa plume a aussi beaucoup d’humour, parfois un peu grinçant, qui m’a fait sourire dans des moments parfois critiques. J’ai aimé également sa manière de jouer avec les chapitres, de mélanger le passé et le présent en un immense puzzle, et sa manière de commencer les chapitres, dont on comprend peu à peu le sens. Ajoutons également que lorsque les événements se déroulent dans le passé, le contexte historique est très bien planté, que ce soit dans les tenues, les modes de vie, etc.

En quelques mots

J’ai donc beaucoup aimé ce roman pour son atmosphère très particulière qui m’a happée, des personnages mystérieux et complexes, et une écriture très agréable. Si ce n’est pas un coup de cœur, c’est simplement qu’il m’a manqué un « petit truc ». Je crois qu’au vu du reste du roman, j’attendais une fin un peu plus forte, même si j’ai trouvé celle-ci jolie. Mais franchement, ce n’est qu’un détail, et je vous conseille ce roman ! J’ai essayé de vous livrer mon ressenti sans en dire trop sur l’intrigue, j’espère que je ne suis pas trop floue et que je ne vous ai pas perdus en route !

Note : 4,5/5
Stellabloggeuse
--------

Ce roman a été lu dans le cadre du challenge :


Et voici le billet de Floly à qui j’ai proposé de lire 16 lunes de Kami Garcia et Margaret Stohl :par ici !

--------

« -Et si ce n’était pas que dans ta tête ?
J’eus un haut-le-corps. Qu’essayait-il de dire ? Que tous ces délires étaient vrais ? Que j’étais déjà morte ? Que j’avais connu Côme dans une autre vie horrible et cruelle ? Je refusai cette idée cauchemardesque. Qu’est-ce qu’il savait des choses affreuses qu’il y avait dans ma tête ?
-Je suis une non-croyante, déclarai-je avec violence. JE SUIS RATIONNELLE, LOGIQUE, CARTESIENNE ET FOLLE !
Pourquoi étais-je en colère ?
-Tout ça c’est dans ma tête, uniquement dans ma tête, soupirai-je, juste dans ma tête. »

« Je levai les yeux et regardai le ciel par la grande baie vitrée qui me faisait face. Il était d’un bleu profond et lumineux.
C’était aussi accepter d’avoir été quelqu'un d’autre, ailleurs, avant, d’avoir pu accomplir des actes que chaque fibre de votre corps réprouvait, d’avoir pu vivre des moments si horribles que vous ne pourriez plus jamais fermer l’œil.
Un nuage porté par les vents d’altitude s’étira dans l’azur.
C’était aussi accepter d’avoir vécu des choses si belles et si fortes mais à tout jamais perdues. »

lundi 25 juin 2012

Indiana Teller, tome 1 : Lune de printemps, de Sophie-Audouin-Mamikonian

[Michel Lafon, 2011]

Après plusieurs lectures vampiriques ces dernières semaines, me voici parmi les loups-garous ! Et oui, après une période riche en dystopie, j’ai décidé de me faire un petit cycle de lectures fantastiques, histoire d’accueillir les vacances par des lectures d’évasion…

Cela faisait un petit moment que le roman « Indiana Teller » de Sophie Audouin-Mamikonianme faisait de l’œil. Voyant qu’il faisait partie du baby challenge jeunesse 2012 sur Livraddict et que Tweety organisait une Lecture Commune sur le forum, c’est avec joie que je me suis lancée dans l’aventure !

Résumé

Sophie Audouin-Mamikonian nous présente Indiana Teller, un jeune humain qui a grandi parmi une meute de loup-garou. Il est né de l’union d’une humaine et d’un loup, lui-même fils du chef de clan, Karl. Ainsi, Indiana a toujours été le souffre-douleur des loups, tout en étant protégé d’ennuis plus importants grâce à son statut d’héritier du clan. Mais alors qu’il atteint sa majorité, il aspire à une vie normale et décide de partir pour l’université. Avec une interdiction de taille : celle de tomber amoureux d’une humaine. Il sera pourtant rattrapé par les enjeux de la meute…

Une bonne appropriation du mythe du loup-garou

J’ai beaucoup apprécié cette lecture qui a été une agréable surprise ! Portés par une écriture agréable et efficace, les évènements s’enchaînent de manière fluide. Mais l’auteur prend tout de même le temps d’expliquer les éléments nécessaires à la bonne compréhension de l’intrigue et de faire réfléchir son personnage, ce qui nous permet d’apprendre à le connaître.

J’ai particulièrement aimé la conception du loup-garou que développe l’auteur, ce qu’elle a fait de cette créature et de ses déclinaisons, les semis. J’ai apprécié le côté « impitoyable » de la meute : ces loups sont sauvages, ce ne sont pas des animaux domestiques.

Une intrigue amoureuse et politique

L’intrigue de cette histoire comporte deux volets. Il y a d’une part la vie privée d’Indiana, sa découverte de la vie d’étudiant et sa rencontre avec la belle Katerina, qui va mettre à mal la consigne qui lui a été donnée par les loups… J’ai bien aimé le voir faire face à une fille et perdre ses moyens, même si j’ai trouvé tout cela un poil niais, surtout sur la fin.

Il y a d’autre part les enjeux de la meute de loups, qui sont finalement très humains et très politiques. J’ai bien aimé cet aspect tactique, voir les rouages de cette lutte de pouvoir se mettre en place, parfois à l’insu d’Indiana et du lecteur.

Les personnages

Le personnage d’Indiana m’a vraiment plu. J’ai vraiment apprécié d’avoir, pour une fois, affaire à un héros masculin dans un roman fantastique. Je l’ai trouvé attachant, plein d’autodérision et parfois touchant de naïveté, mais aussi intelligent et intrépide à ses heures. Il commence à peine à apprendre qui il est, à maîtriser les pouvoirs qui lui viennent de son ascendance particulière. J’ai aimé le voir évoluer et j’espère que cela continuera sur la même lancée dans le second tome de la saga.

Les personnages secondaires m’ont bien plu également. On ne sait pas grand-chose de Katerina et Tyler, les humains qu’Indiana rencontre à l’université. En revanche, j’ai apprécié ses amitiés un peu bourrues avec Chuck le loup-garou et Axel le semi. Il y a aussi Serafina, la belle louve sensuelle et avide de pouvoir, qui risque de s’avérer très dangereuse… Bref, une galerie de personnages qui reste à étoffer, mais qui est intéressante !

En quelques mots

Ainsi, j’ai beaucoup aimé cette lecture qui m’a agréablement surprise grâce à son interprétation intéressante du mythe du loup-garou, un personnage drôle et attachant, ainsi qu’une intrigue accrocheuse. Si ce n’est pas un coup de cœur, c’est juste qu’il m’a manqué un petit quelque chose pour que je m’emballe vraiment. Je remercie donc Tweety d’avoir organisé cette lecture, et j’espère lire le second tome d’ici la fin de l’année !

Je vous propose de découvrir les avis de mes camarades de lecture : Tweety805 (organisatrice), NiThOuxx, MichouBea285  ... 

Note : 4,5/5
Stellabloggeuse
--------

Ce roman fait partie du challenge :


Baby challenge jeunesse 2012 : 10/20

--------

« Mes réactions lupines me trahissaient. J’avais donc à regret dû arrêter de renifler ma nourriture (Katerina avait failli s’étouffer), de haleter comme un imbécile, ou encore de retrousser les babines dès que je n’étais pas content. Mes réactions humaines n’étaient pas moins pathétiques. Je coupais des fleurs dans le jardin, qui mouraient environ deux secondes et demi après que je les ai cueillies. Vingt fois par jour, je me décidais à lui déclarer ma flamme. Et vingt fois, je renonçais. »

« Je restai un instant interloqué puis je compris. Et j’eus le même sourire, aussi féroce.
-Tu vas m’utiliser comme appât, n’est-ce pas ?
Son sourire s’accentua pendant que l’adrénaline se ruait dans mes veines, chantant une ode pleine d’exaltation.
-Absolument.
-Merci.
-De quoi ? De te faire risque ta vie pour débusquer tes ennemis ?
-De me faire confiance pour me défendre.
Il me regarda avec curiosité.
-Tu es bien plus loup que tu ne veux l’admettre, Indiana. Le jeu te plaît, n’est-ce pas ?
Je dus l’admettre.
-Tu n’as pas peur ?
-Je suis terrifié.
-Bien. Tu m’aurais donné une autre réponse et tu restais calfeutré ici jusqu’à la fin de tes jours. »

samedi 23 juin 2012

Dracula mon amour, de Syrie James : un Dracula auquel on ne s’attend pas


Voilà un livre que je n’aurais sans doute pas lu s’il n’y avait pas eu le challenge ABC 2012. En cherchant un auteur en « J », j’ai découvert Syrie James et son « Dracula mon amour », et j’ai été séduite par cette idée d’une nouvelle interprétation de Dracula, bien que n’ayant pas (encore) lu la version de Bram Stocker. Et comme j’aime bien lire à plusieurs, j’ai décidé de lancer une lecture commune sur Livraddict autour de ce titre. Merci à tous ceux qui ont bien voulu se joindre à moi !

Résumé

Dans le roman de Bram Stocker, l’histoire de Dracula est contée sous la forme de journaux intimes. Mais Mina Harker, la femme de Jonathan Harker, l’un des hommes qui a traqué Dracula, n’a pas raconté toute la vérité dans son journal : elle a omis de dire qu’elle avait aimé Dracula, et qu’il n’était peut-être pas  le monstre sanguinaire que l’on croyait. Tout commence à Whitby, alors que Mina est en vacances avec sa meilleure amie Lucy. Lucy est sujette à des crises de somnambulisme et Mina, bien que déjà fiancée, n’est pas insensible au charme d’un certain Monsieur Wagner…

Avis général

J’ai aimé l’idée de base du roman, à savoir insérer dans une œuvre déjà existante des passages qui changent l’interprétation de cette œuvre, la vision que le lecteur peut en avoir. Le « hic », c’est que je n’ai pas lu la version de Bram Stocker, et que je me suis souvent demandé si tel ou tel évènement était présent dans l’œuvre originelle, s’il se passait bien de cette façon, etc. Ce qui a généré une certaine frustration. En fait, je me suis demandé tout du long si cette interprétation était crédible ou non. Il va falloir que je fasse connaissance avec Bram Stocker, je ne peux pas laisser ce mystère non élucidé !

En tout cas c’est un roman agréable et léger, qui se lit vite malgré ses 545 pages. Il n’y a rien de compliqué, pas de prise de tête : c’est un moment de détente agréable en période de fin d’année scolaire.

Une histoire d’amour un peu mièvre

J’ai aimé voir l’histoire se mettre en place lors des vacances de Mina à Whitby puis de son voyage à Budapest. En revanche, lorsque je suis arrivée dans le vif du sujet, à savoir les relations entre Mina et Dracula, j’ai trouvé tout cela assez mièvre. Beaucoup de « mon amour », « je vous aime tant »… On tourne vite en rond !

Aussi, si l’idée de départ était louable, je dois dire qu’il ne se passe pas grand-chose, les relations entre Dracula et Mina sont peu développées, alors que le livre est long. Au final, j’avoue m’être dit en mon for intérieur « tout ça pour ça » ? L'épilogue m'a bien plus néanmoins, j'aurais aimé avoir des réflexions de cette qualité tout au long du roman.

Les personnages

Les personnages eux-mêmes ne sont pas très développés. Lucy est une jeune femme assez frivole, bien qu’attachante. Quant à Mina, elle est sympathique et c’est un personnage qui a un bon fond. J’ai bien aimé le récit de son enfance et sa quête pour retrouver ses parents. En revanche, elle a deux aspects agaçants : son côté « bien-pensant » que l’on peut attribuer à l’époque dans laquelle elle évolue, mais surtout sa facilité à succomber à Dracula et à brûler d’amour pour lui. Un peu plus de nuances auraient été les bienvenues.

Quant aux personnages masculins, celui de Jonathan est également sympathique. Il a au départ des conceptions bien arrêtées sur le rôle des hommes et des femmes, mais il évolue dans le bon sens. En revanche, bien que n’ayant pas lu Bram Stocker, je ne m’imaginais pas le professeur Van Helsing ainsi, mielleux et trop sûr de lui, cela ne m’a pas plu. Au final, le personnage le plus intéressant reste celui de Dracula, même si, là encore, ça manque de nuances, mais surtout, de mordant. Le comble, pour un vampire !

L’écriture

Le style de l’auteur est assez agréable, simple et fluide, assez adapté à l’époque qui est contée, mais sans être trop guindée. Les descriptions de Whtiby ou de la Transylvanie sont plutôt plaisantes elles aussi. La seule chose qui m’a parue étrange, c’est que certains passages, par exemple lorsque Mina lit le journal intime de son époux, sont entièrement à l’imparfait : pas de passé composé ni de passé simple, y compris dans les moments d’action. Je ne sais pas si cela est un choix du traducteur, mais cela m’a paru bizarre. Mais ce n’est qu’un point de détail.

En quelques mots

En quelques mots, je dirais que je suis très mitigée à propos de cette lecture, et que je ne sais pas quoi en penser. D’un côté j’ai trouvé l’histoire et les personnages assez plats, mièvres. Pourtant, j’ai apprécié cette lecture pour la détente qu’elle m’a apportée, sans prise de tête. Je tranche donc en lui accordant la moyenne, tout en vous invitant à découvrir les avis de mes camarades de lecture : Salsera15ClairdeluneMyiuki22 ... 

Note : 2,5/5

Stellabloggeuse
--------

Ce roman fait partie du challenge :

Challenge ABC 2012 : 17/26

-------

« Je garderai toujours le souvenir de son étreinte magique, du magnétisme envoûtant de son regard sur moi, des sensations que j’éprouvais quand je tournoyais entre ses bras sur la piste de danse. Je frémis encore de bonheur lorsque me revient la vertigineuse mémoire des trajets que j’ai effectués avec lui à la vitesse de la lumière, quand je me rappelle le désir et la jouissance que provoquait en moi le moindre de ses effleurements. […] Je l’ai aimé. Avec passion, du plus profond de mon âme et de mon cœur. A une époque, j’aurais volontiers renoncé à ma vie d’humaine afin de rester auprès de lui pour l’éternité. Pourtant… »

samedi 16 juin 2012

Dark Shadows, tome 1 : La malédiction d’Angélique, de Lara Parker

[Michel Lafon, 2012]

Je vais vous parler aujourd'hui d’un roman qui a beaucoup fait parler de lui à l’occasion de la sortie du film « Dark Shadows », de Tim Burton, lui-même inspiré d’une série anglaise diffusée en 1966 et 1971. Cette série mettait en scène un vampire, nommé Barnabas, maudit par une sorcière du nom d’Angélique. Ce roman de Lara Parker, l’actrice qui a interprété le personnage d’Angélique dans la série, a donc été présenté comme l’histoire ayant inspiré Tim Burton. Aussi, lorsqu’il a été proposé en partenariat sur Livraddict, j’ai été ravie de l’obtenir.

Résumé 

Première surprise, ce roman ne reprend pas la même trame que le film : avec ce premier tome, on revient en arrière dans le temps. Barnabas trouve en effet le journal d’Angélique, et nous le découvrons à travers ces yeux. Nous voyons comment Angélique est devenue une sorcière, l’auteur narrant son enfance à la Martinique. Nous assistons ensuite à sa rencontre et au développement de ses relations avec lui, jusqu’à la fameuse malédiction. Ainsi, ce livre peut être conçu comme un prélude au visionnage du film.

Avis général

Passée la première surprise vis-à-vis de l’intrigue (je ne m’attendais pas à ce que l’on remonte ainsi dans le temps), j’ai aimé l’idée de savoir comment la méchante de l’histoire en était arrivée à tant de noirceur, comment elle avait évolué. Il est toujours appréciable de se plonger dans le passé d’un « méchant » et d’essayer de le comprendre.

Une atmosphère particulière

Lara Parker a su donner à ce roman une atmosphère assez particulière, très sombre. Ce roman a une forte dimension mystique, la magie est très présente, on passe beaucoup de temps avec la sorcellerie vaudou. Si j’ai apprécié cette atmosphère, cette noirceur, j’ai tout de même trouvé que l’initiation au vaudou était trop longue, et ma lecture de cette première partie a parfois été un peu lablorieuse.

Les pièges de l’amour

En revanche, j’ai davantage aimé la seconde partie du roman, lors de laquelle Angélique fait la connaissance de Barnabas. On voit naître en elle l’amour, on ressent avec violence la jalousie et le sentiment de trahison qui en résultent. Lara Parker nous présente ainsi une femme prête à tout par amour, face à un homme insouciant et léger. Le lecteur est ainsi mis en garde contre l’amour et ses mirages. A travers l’exemple d’Angélique, l’auteur nous déconseille de nous laisser gouverner par nos passions.

Les personnages

Bien qu’ayant globalement adhéré à cette histoire, j’ai eu du mal à m’attacher aux personnages. Le personnage d’Angélique est assez fouillé, l’auteur développe sa psychologie. Lara Parker essaie de nous montrer comment Angélique est devenue mauvaise suite à une enfance malheureuse et des amours inassouvis. Néanmoins, si elle souffre, ses réactions lui appartiennent, et ces dernières sont parfois détestables. J’ai ressenti alternativement de la pitié et du dégoût envers ce personnage.

Quant à Barnabas, son personnage n’a pas beaucoup d’épaisseur, et il n’est pas très plaisant lui non plus. Seul son amour pur pour sa fiancée Josette lui permet de trouver quelque peu grâce à mes yeux. Mais il est d’un égoïsme très prononcé, et sa manière de toujours rejeter les torts sur Angélique m’a un peu agacée. Finalement, le personnage le plus attachant de ce roman, c’est Césaire, un esclave affranchi qui vient en aide à Angélique lorsqu’elle est adolescente.

L’écriture

Ce roman est bien écrit, bien que le style soit parfois un peu vieillot. Mais cet aspect « ancien » participe à l’atmosphère bien particulière du roman. Au final, l’auteur écrit d’une manière particulière, mais agréable, j’ai aimé ce style.

En quelques mots…

Pour résumer, j’ai bien aimé l’idée de ce « retour aux origines », de découvrir pourquoi la relation entre Barnabas et Angélique avait si mal tourné, débouchant sur une malédiction. L’auteur a réussi à donner une atmosphère particulière et inquiétante à ce livre. Néanmoins, la lecture en a été un peu laborieuse pour moi, du fait de personnages peu attachants et d’un passage dédié à la sorcellerie vaudou un peu trop long. Je suis pourtant suffisamment curieuse pour avoir envie de découvrir la suite.
Je remercie en tout cas les éditions Michel Lafon et Livraddict pour leur confiance.

Note : 3/5
Stellabloggeuse
-------

Le film :

Quelques jours avant ma lecture, j’ai vu le film de Tim Burton.
En quelques mots, j’ai passé un très bon moment. Ce n’est pas le meilleur film de Tim Burton, mais j’y ai retrouvé son esthétique impeccable, et une dose d’humour qui m’a bien plue.
Eva Green est éblouissante, parfaite dans son rôle de méchante, volant la vedette à Johnny Depp.
J’ai donc adhéré à ce film, et je dois avouer que je suis assez agacée de lire à droite et à gauche « je suis déçu, c’est trop commercial ». C’est vrai que c’est un film grand public, mais en quoi cela le rend-il mauvais ? Pourquoi seuls les délires artistiques hermétiques au plus grand nombre seraient dignes d’estime ? (fin du coup de gueule).

--------

« Cette première nuit, après qu’il lui eut dit de partir, Angélique avait marché vers la porte, sa robe flottant comme de l’or en fusion sur le tapis. Puis elle s’était retournée, la lièvre brillante, pour poser sur lui un regard si résolu, si plein d’une promesse d’abandon qu’il s’était jeté dans cet abîme. Elle était de soie liquide quand il l’avait prise dans ses bras et son baiser avait été tel qu’il s’était imaginé pouvoir ne se nourrir que de ses lèvres. Puis il avait oublié ce qu’il était en se perdant dans cette étreinte, et elle avait bu toute la moelle de ses os pour la remplacer par le feu qu’elle avait en elle. »

« Tu t’accrocheras à la vie et ignoreras la mort dont elle est issue. Tu chercheras l’amour et il se transformera en jalousie, puis en vengeance, parce que sous cette myriade de couleurs en toi, il y a une grande flaque de désespoir, et parce que tu es gouvernée par le désir ».

samedi 9 juin 2012

Les mots ça m’est égal, de Mélanie Cuvelier : une plongée en hôpital psychiatrique

[Editions Sarbacane, septembre 2007]

Je voudrais vous faire part d’une lecture effectuée il y a déjà quelques temps, d’un roman doux-amer : « Les mots, ça m’est égal », de Mélanie Cuvelier, paru dans la collection eXprim’. Il s’agit du premier roman de cette jeune psychologue.

Résumé

L'auteur met en scène Jeanne, une jeune fille de 18 ans, internée en hôpital psychiatrique. Jeanne s’exprime à la première personne, et nous fait partager ses pensées. Par petites touches, elle décrit sa vie entre les murs de l’hôpital. Elle livre aussi quelques souvenirs, qui nous font peu à peu comprendre comment elle en est arrivée là.

Une analyse psychologique, mais pas médicale

Ce roman est une réussite. Mélanie Cuvelier est certes psychologue, mais son regard sur sa narratrice n’est pas celui d’un médecin. Il n'y a pas de description de mécanismes psychologiques, pas d’analyse froide et rationnelle. Elle nous livre simplement les ressentis de son héroïne, avec talent. Mélanie Cuvelier réussit à exprimer des sentiments violents avec des phrases douces et poétiques.

Le personnage

L'héroïne du roman n'en est pas une : c'est un personnage fragile. Cette vulnérabilité fait que l'on s'attache assez facilement à elle. Depuis sa chambre d'hôpital, elle réfléchit sur le sens de la vie. Elle évoque l’amour, le temps qui passe. La famille, également, et le sentiment de manquer d'amour :

« Je crois qu’un parent, ça peut bien être n’importe quoi, ça fait jamais que ce que ça peut, mais le souci c’est quand on sent que l’amour peut se faire la malle en deux temps trois mouvements, qu’on sent même que ça sonne creux. C’est du toc, et ça saute aux yeux ».

L'importance des mots

L'auteur nous fait réfléchir sur le poids des mots. Ils sont au centre du roman, d’où le titre. Ces mots que l’héroïne ne veut plus dire, car ils ne lui servent à rien, ils ne parviennent pas à exprimer ce qu'elle peut ressentir. Jusqu’à ce qu’elle leur retrouve un sens…

Une histoire dure, mais bien menée

L’auteur nous conte une histoire dure, faite de déception, d’abandon, de désespoir. Et pourtant, à aucun moment la lecture n’est pesante (écueil que nombre d’auteurs abordant des sujets difficiles ne réussissent pas à éviter…). L’auteur ne cherche pas à nous tirer des larmes avec du pathos, mais à nous mener à la compréhension du cheminement de l’héroïne jusqu’à la folie, à entrevoir avec elle l’espoir.

En quelques mots

Il est difficile de parler de ce roman tant il repose sur des rouages psychologiques complexes, tant il est subtil et sensible. Voilà pourquoi cet avis est un peu court. Mais c'est un roman à lire, pour ses mots justement. Parce qu’ils sont beaux, sensibles. Parce qu’ils sonnent juste.

Note : 3,5/5

Stellabloggeuse

samedi 2 juin 2012

L’Enchanteur, de René Barjavel : la légende arthurienne vue au prisme des passions

[Denoël, 1984]

Si vous vous êtes un peu promenés sur le blog, vous savez à quel point j’affectionne René Barjavel, ou au moins « La nuit des temps ». Ce roman est le seul de l’auteur que j’ai chroniqué sur le blog, car mes lectures sont anciennes et je craindrais de les travestir. Je les chroniquerai sans doute à l’avenir à l’occasion de relectures. Mais ce mois-ci, j’ai découvert un autre de ses titres, « l’Enchanteur », chaudement recommandé par Bazar de la Littérature. Aussi, j’ai profité d’une Lecture Commune sur Livraddict pour le découvrir.

Résumé

Assis sur son pommier, dans la forêt de Brocéliande, l’Enchanteur vient se ressourcer et réfléchir. Merlin souhaite aider les hommes à accomplir la Quête du Graal. Il compte sur les meilleurs d’entre eux, les Chevaliers de la Table Ronde. Arthur, Perceval, Gauvain, Lancelot ou Galaad, tous auront leur chance. Pour réussir, Merlin devra coûte que coûte les garder purs. Une mission difficile qui l’éloigne de Viviane, la seule femme qui n’ait pas eu peur de l’aimer. Elle l’aide du mieux qu’elle peut, dans son Royaume du Lac. De son côté, Merlin est partout, il enchante la vie quotidienne, il intervient dans les vies de tous, il fait des choix. Seront-ils les bons ?

Avis général

Il est difficile d’écrire sur ce roman tant on a l’impression de traverser un rêve en le lisant. Néanmoins, la sensation qui en résulte est clairement positive. Jusqu’à maintenant, je n’avais lu que des ouvrages de science-fiction de l’auteur, j’ai donc été dépaysée en le retrouvant autour de la légende arthurienne.

La trame de l’histoire étant connue, on peut avoir l’impression que ce roman est moins original, la sensation de ne pas retrouver la « patte » de Barjavel. Et pourtant, l’auteur a réussi à imprimer sa marque sur la légende arthurienne, en la présentant au prisme des passions qui anime les personnages

L’interprétation de la légende arthurienne

Barjavel aborde principalement la légende par le biais des passions qui unissent les personnages : celles de Merlin et Viviane, Lancelot et Guenièvre, Perceval et Bénie. Or, si vous connaissez un peu Barjavel, vous savez qu’il n’a pas son pareil pour raconter la passion amoureuse, et le charme fonctionne une fois de plus.

De plus, j’ai adhéré aux diverses trouvailles de l’auteur autour de cette légende : les origines qu’il donne à Merlin, la manière dont les chevaliers se trouvent face au Graal, l’idée d’un Diable attendant désespérément des arrivants en enfer, etc. Néanmoins, je connais mal la légende arthurienne originelle, et j’ai donc du mal à démêler ce qui relève de la légende ou de l’invention de Barjavel. Il en ressort une certaine frustration, il faudra un jour que je me plonge dans les textes du Moyen-Age.

La magie sous toutes ses formes

Sans vouloir faire de jeux de mots, c’est une lecture enchantée : la magie est partout, sous des formes diverses et toujours surprenantes. René Barjavel ne cherche pas à expliquer précisément tous les phénomènes magiques qui émaillent cette histoire : il en ressort une impression de mystère, très agréable.

Les personnages

Ce roman tourne autour du personnage de Merlin, que nous découvrons sous diverses apparences. J’ai eu du mal à m’attacher à lui, car il représente le devoir : il fait ce qu’il croit être le bien, n’hésitant pas pour cela à bouleverser la destinée des hommes, quitte à les mener au péché ou à la mort. Néanmoins, son action est essentielle à la réalisation de la quête, il s’efforce de réaliser un grand projet, au détriment de certains personnages, y compris lui-même puisqu’il se trouve séparé de Viviane. Il émane de lui un grand mystère, nous ne savons au final pas grand-chose de lui et de ses pouvoirs, juste assez pour pouvoir imaginer.

Viviane est touchante par l’amour qu’elle porte à Merlin, qu’elle attend durant des années, mais surtout par son amour maternel à l’égard de Lancelot qu’elle protège envers et contre tout. Les autres personnages féminins sont peu développés, ou antipathiques (comme Morgane).

Du côté des chevaliers, Lancelot est attachant, déboussolé par la force de sa passion. Mais c’est Perceval qui m’a le plus touchée, par son innocence et son désintéressement total. Tous les chevaliers devront lutter entre leurs passions et leur mission pour le Graal, et l’auteur met en évidence leur déchirement.

En quelques mots

Ainsi, René Barjavel présente une adaptation réussie de la légende arthurienne, qui met au centre les passions des chevaliers et leur déchirement entre leurs élans et leur devoir. Il reste fidèle à lui-même dans l’écriture de l’amour physique, de la sensualité, qu’il présente comme un véritable accomplissement de l’être. Mais surtout, il recréé pour nous un monde délicatement enchanté dans lequel le lecteur se plaît à évoluer.

Je vous invite à découvrir les avis de mes camarades de lecture : Vashta nerada (organisatrice)LightjokPimousse4783Myiuki22ChinoukHabitant of StoSyllyPlumisa, Piplo, ...

Note : 3,5/5
Stellabloggeuse
--------

Ce roman fait partie du challenge :

Challenge ABC 2012 : 16/26
--------

« Il avait souvent demandé à Dieu de lui expliquer le pourquoi de ce paradoxe dont Viviane et lui-même souffraient tellement : s’Il avait fait l’homme et la femme différents et complémentaires, pourquoi était-ce un péché pour eux de se compléter ? Pourquoi avait-Il établi entre eux une telle attirance, s’ils devaient user de leurs forces à y résister ? Pourquoi un homme ou une femme qui voulait s’élever sur le plan spirituel devaient-ils sacrifier le plan sexuel ? La joie partagée était-elle condamnable ? La souffrance était-elle le comble de la vertu ? Mais si le Diable parle parfois, Dieu se tait, toujours. Il faut trouver les réponses seul. Merlin cherchait. »

« Ici nous ne pouvons que nous taire. Pour décrire l’amour qui s’accomplit, tant de joie éperdue, la timidité d’abord, peut-être l’effroi, le cœur qui veut sauter hors de la poitrine, les mains qui veulent connaître, qui se tendent, qui se posent, qui se brûlent, la découverte, l’émerveillement, les corps qui se joignent peau à peau et s’unissent, la stupeur, l’envol, le bonheur de l’autre, la douce lassitude, la tendresse, la gratitude infinie, et la redécouverte et le nouvel élan, et les frontières de la joie sans cesse reculée, et celles du monde volant en éclat, pour dire la délivrance du cœur que plus rien ne gêne, l’épanouissement de l’esprit qui comprend tout, pour donner même une faible idée de ces moments hors du temps et de toutes contraintes, il faudrait employer d’autres mots que ceux dont dispose le langage ordinaire. Pour parler des joies de l’amour et des lieux du corps qui leur donnent naissance, il n’existe que des mots orduriers ou anatomiques. Ou d’une pauvreté si misérable, qu’ils sont comme une peinture grise sur le soleil. Le plus affreux d’entre eux est le mot « plaisir ». Les amants inventent leur propre vocabulaire, mais il n’a de signification que pour eux. »