lundi 29 août 2011

Le retour de Jim Lamar de Lionel Salaün : un village des rives du Mississipi après la guerre du viêtnam

[Liana Levi, 2010]

Le livre que je souhaite vous présenter aujourd’hui a été sélectionné pour le Festival du Premier roman de Chambéry, il s’agit du titre qui a reçu le plus de vote. L’auteur, Lionel Salaün, est un natif de la ville. Mais c’est dans un village sur les rives du Mississipi qu’il nous emmène avec « Le retour de Jim Lamar ».

L’histoire nous est raconté par Billy. Ce jeune homme, qui a maintenant une trentaine d’année, évoque des souvenirs de l’année de ses treize ans. Lorsque Jim Lamar est revenu au village de Stanford après avoir été enrôlé dans la guerre du Viêtnam. Ce retour intervient six années après la fin du conflit, alors que plus personne ne l’attend et convoite la ferme familiale laissée à l’abandon. Les commérages vont bon train dans le village, et beaucoup récrimiment contre ce « salaud de Lamar » et toutes les horreurs qu’il a sans doute perpétré lors du conflit.

Mais le jeune Billy à qui il porte secours après une mauvaise chute dans la forêt comprend vite que Jim Lamar est un homme bien. Ils passent de longues heures à discuter, Jimmy évoquant ses souvenirs de guerre comme on vogue sur un fleuve : laborieusement, avec des détours, mais éprouvant au final la satisfaction de la tâche accomplie, une forme de libération. Ces souvenirs, que je vous laisse découvrir, tissent la trame du roman.

Ce livre est une excellente découverte. La plume de l’auteur est très agréable, exprimant ses pensées de manière claire, mais pas banale. Il passe avec aisance du langage châtié des villageois qui leur fait véritablement prendre vie sous nos yeux à une narration beaucoup plus fine et délicate, avec de jolis mots et des expressions bien tournées (notamment ence qui concerne son évocation souvent poétique du Mississipi). Grâce à cette langue et à une foule de petits détails qu’il sème avec talent, il parvient ainsi à recréer la vie de tout un village.

Lionel Salaün évoque également des thèmes intéressants de l’histoire américaine : la manière dont ils ont vécu la guerre du Viêtnam (côté soldats et côté civils), la lutte pour les droits des noirs, le gouffre culturel qui sépare l’Ouest profond et la Californie. Il nous montre aussi la portée de l’Histoire et des leçons que l’on peut en tirer (et moi, j’aime ça). Mais ce livre est d’abord et surtout une superbe histoire d’amitié : celle qui se noue entre Billy et Jim, mais aussi celle qui a lié ce dernier à ses compagnons d’armes. On ne peut qu’être émus à l’évocation de leurs souvenirs.

Alors maintenant, c’est à vous de traverser l’Atlantique et de reconstituer le passé de Jim Lamar, vous ne serez pas déçus. 

Note : 4/5 
Stellabloggeuse

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« Pourquoi nous, qui avions quitté le pays en fanfare, comme des héros, les sauveurs du monde libre, étions-nous revenus aussi discrètement que possible, presque en catimini, ignorés par les politiciens, méprisés par ceux qui après l’avoir soutenue avaient fini par avoir honte de cette guerre, insultés par des gamins de notre âge qui en étaient venus à prendre fait et cause pour ceux que nous avions combattus ? Qu’avions nous fait d’autre que ce pour quoi on nous avait envoyés là-bas : tuer et nous faire tuer ? Une armée de gosses auxquels on a confié le sale boulot, des Blacks, des prolos, des bouseux, cette catégorie d’hommes qu’en temps de paix on appelle le peuple, et dont on fait, quand l’occasion se présente, des soldats, de la chair à canon. »

mercredi 24 août 2011

Lorraine Super-Bolide, de David Tavityan : une ado super-fonçeuse en mal d’amour

[Sarbacane, août 2011]

Mes chers lecteurs, quand vous sortirez de chez vous aujourd’hui, vous pourrez vous arrêter dans n’importe quelle bonne librairie et vous procurer « Lorraine Super-Bolide », le deuxième roman de David Tavityan (après le très imaginatif « Comment j’ai raté ma vie de Super-Héros ») qui sort aujourd’hui. Et moi, la veinarde, je l’ai déjà lu !

On retrouve dans ce roman un certain nombre d’ingrédients présents dans d’autres titres récents de la collection eXprim’ tels que "Le Dévastateur" ou "Deux jours pour faire des thunes": un style très direct, une action à deux cent à l’heure et des scènes entre réalité et imagination. Et pourtant, comme tous les autres, ce livre a sa touche personnelle et sa fraîcheur.

Je ne vous fais pas languir plus longtemps, voici le pitch ! Une jeune fille, Lorraine, fille d’un producteur de cinéma, semble tout avoir pour être heureuse : un petit ami (Nico), de l’argent, une belle maison remplie de robots domestiques avec une salle de bain qui fait rêver, un garage rempli de chouettes voitures. Mais Lorraine souffre de l’indifférence de son père qu’elle aime à la folie et qui semble s’intéresser davantage à ses affaires qu’à elle. Alors, elle fait tout pour attirer son attention, et elle a pour ça un moyen imparable : chiper des voitures quand l’occasion se présente, rouler avec à fond la caisse, puis l’envoyer dans le décor. Avec un petit séjour à l’hôpital en prime :

« Ça va faire mal. J’ai l’habitude. Il faut en passer par là, pour renaître bienheureuse et plus claire qu’un rayon lumineux. Après tout, Gaby adore le Technicolor, brouillard et grisaille n’ont pas de place dans son monde… Quand il me redécouvre en post-réa, c’est bien souvent dans toute ma splendeur divine ; sa fille bien-aimée lui inspire d’un coup dix films, à ce moment-là ! Sans moi, que deviendrait-il ? »

La couverture est superbe, et à l'intérieur, ça m'a plus aussi. Les premières pages sont un régal. Le lecteur entre réellement dans la tête de Lorraine. On s’étonne, on rit, on grince des dents. Mais surtout, on s’attache à elle car David Tavityan développe peu à peu la psychologie de son personnage et on compatit. Puis finalement, on perd pieds avec la réalité, les situations vécues sont de plus en plus loufoques : Lorraine multiplie les provocations avec son nouvel ami Captain Spirit, le robot androïde. Il devient difficile d’y croire, mais on peut interpréter ces divagations comme on veut (un coma après un gros crash ?).

Même si j’ai moins aimé la seconde partie du livre, j’ai quand même adhéré. Le style de l’auteur m’a plu, on pourrait le qualifier de familier mais il est seulement très actuel, on est branché en direct sur les pensées du personnage. J’ai également apprécié le côté psychologique du roman (on va de l’oedipe au fameux « tuer le père »), j’avais envie de comprendre d’où venait la « folie » de Lorraine et jusqu’où elle irait. Alors vous pouvez foncer…dans la librairie la plus proche !

Note : 4/5 (note légèrement surévaluée par rapport à mon avis général, mais c’est parce que j’ai vraiment pris mon pied durant les 50 premières pages !)


Stellabloggeuse
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« J’ai la même chose au quotidien : décors en carton bouilli et rêves en contreplaqué, des acteurs qui font semblant de périr, du trompe-l’œil à mort, du trompe-la-mort à l’œil, à gogo et à vomir : les productions signées par mon daron grand patron, ce « ponte » de l’audiovisuel bidon. Oui, la même chose, un Eurosdiney permanent, ranimé chaque matin… »

vendredi 19 août 2011

Le combat d’hiver, de J-C Mourlevat : quatre adolescents contre l’impitoyable Phalange

[Gallimard, 2006]

Jean-Claude Mourlevat est l’un des auteurs dont on dit beaucoup de bien sur les forums de lecture et dans les bibliothèques. Il n’en fallait pas plus pour que je tente l’aventure avec son titre le plus connu, « Le combat d’hiver ».

Dans ce roman, il met en scène quatre adolescents. Tous orphelins, ils ont été envoyés dans des internats où règne une discipline très stricte. On mange peu, on ne parle pas, on apprend par cœur le règlement, et si on venait à l’enfreindre, on risque un enfermement au cachot, surnommé le Ciel. Garçons et filles vivent séparés. La Phalange, qui dirige le pays d’une main de fer, les a placés là pour rééduquer ces enfants de résistants. Seul agrément, les élèves ont le droit de quitter cette prison trois fois par an pour aller sur la colline voisine, voir la Consoleuse qui leur a été désignée. Ces femmes sont les seules à leur prodiguer de l’affection.

Un soir, Helen se rend ainsi chez sa consoleuse, accompagnée de sa meilleure amie Milena. Et là, l’incroyable se produit : elles rencontrent deux garçons, Bartolomeo et Milos, et ils se promettent solennellement de rester tous en contact. Le soir-même, Bartolomeo et Milena s’évadent de leurs internats respectifs. Helen et Milos ne tarderont pas à en faire de même. Sans le savoir, ils entrent ainsi dans une Résistance dont ils ne soupçonnaient pas l'existence et qui les entraîne dans diverses aventures.

J’ai beaucoup apprécié l’univers hivernal et empli de créatures mystérieuses qu’a mis en place l’auteur. Les personnages m'ont plu, surtout celui d'Helen car c'est une jeune fille tout à fait normale qui découvre qu'elle peut repousser ses limites. L’histoire en elle-même m’a intéressée, j’étais curieuse de savoir ce qui allait arriver à ces quatre jeunes héros, j’ai eu peur pour eux. Jean-Claude Mourlevat nous montre comment se contruisent et tombent les dictatures, et la force de l’espoir dans des contextes difficiles. Il suffit d’un souvenir, d’un chant pour galvaniser des milliers d’hommes et de femmes et tout emporter.

Ce roman aurait donc pu être une excellente lecture, mais j’ai été déçue par la fin. D’une part par le dénouement un peu « facile » de l’histoire, et d’autre part par la mort de l’un des personnages qui m’a semblé « gratuite » et inutile, ayant pour seul but de faire pleurer un peu le lecteur. Malgré tout, cela reste une bonne découverte et j’envisage de poursuivre l’aventure avec cet auteur en lisant « Terrienne », qui a reçu de bon échos. Et vous, partirez-vous à l’aventure pour braver la Phalange ?

Note : 3,5/5 
Stellabloggeuse

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« La chambre minuscule ne comportait qu’un lit étroit, une table, une chaise, un lavabo et deux étagères. Un simple cordon tendu à l’angle du mur tenait lieu de penderie. Mais Helen serrait dans sa main la clef de chez elle, pour la première fois de sa vie, et elle en éprouva un bonheur violent. Un radiateur de fonte diffusait une douce chaleur. Elle monta sur une chaise pour atteindre la lucarne qui donnait sur le ciel. Elle vit le fleuve, large et silencieux, la ville endormie où des lumières scintillaient. Un commencent, se dit-elle, c’est un commencement. Tout ira bien. »

mardi 16 août 2011

La fée Benninkova, par Franz Bartelt : conte moderne autour du handicap

[Le Dilettante, 2011]

C’est d’un petit livre atypique dont je vais vous parler aujourd’hui. En empruntant « La fée Benninkova » à la médiathèque, je m’attendais à une histoire fantaisiste, et plutôt légère. Dans l’ensemble, cela a été le cas, mais j’ai eu mon lot de surprises.

Dans ce roman, Franz Bartelt met en scène Clint, handicapé de naissance, qui ne peut se déplacer sans ses béquilles. Son quotidien tourne autour de ses visites au supermarché pour voir Marylène, sa caissière préférée aux formes avantageuses, et des dessins animés qu’il regarde en boucle sur son canapé. Mais un beau soir, sa vie est perturbée par l’irruption de la fée Benninkova dans sa maison. Cette dernière, poursuivie par des lutins noirs, cherche un endroit paisible pour aller aux toilettes. Comme elle a perdu sa baguette magique, Clint accepte de l’héberger, et elle lui promet de réaliser son vœu le plus cher.

En attendant la réception de la nouvelle baguette, ils discutent, et Clint lui parle de Marylène, qu’il rêve d’épouser. Cette dernière lui rend régulièrement visite et, moyennant finances, lui permet de partir à la découverte de son corps de femme. Mais c’est avec un autre qu’elle a prévu de se marier. Il évoque également à demi-mot ses parents, qui l’ont éloigné d’eux pour ne pas avoir leur œuvre ratée sous les yeux.

Ainsi, le conte n’est qu’un prétexte pour évoquer le handicap, et la manière dont des personnes peu scrupuleuses peuvent en profiter. Franz Bartelt nous montre également à quel point un homme est capable de se détruire par amour, le tout avec un style d’écriture agréable, et plein d’humour. En effet, malgré la gravité du thème, ce livre reste un conte, raconté sur un ton léger.

Mais surtout, la fin du livre est formidable : elle prend le lecteur tout à fait par surprise, et l’histoire que l’on vient de lire prend alors une toute autre signification. J’ai beaucoup apprécié ce renversement pour ma part. C’est maintenant à vous de voir si vous vous laisserez ensorceler…

Note : 3,5/5 
Stellabloggeuse

« Un miracle de loin en loin entretient l’espérance. Systématisé ou généralisé, le miracle devient un droit de l’homme, une forme de justice. Le bancal ne l’espère plus : il l’exige ! Et à juste titre, d’ailleurs, dans une société qui se revendique égalitaire. Ici-bas, l’espoir est une très grande source de profits. Alors que le droit coûte cher. Il ruine le valide et constitue une charge pour la collectivité ».

jeudi 11 août 2011

Simple, de Marie-Aude Murail : quand Monsieur Pinpin vous va droit au cœur


Quelle période faste pour mes lectures ! Car oui Messieurs Dames, après « Orgueil et Préjugés », c’est un nouveau coup de cœur que je vous présente cette semaine ! Un gros, un énorme coup de cœur pour « Simple », l’un des nombreux romans de Marie-Aude Murail.

Elle nous raconte ici l’histoire de deux frères. Kléber a 17 ans et entre en terminale, Barnabé (surnommé Simple) a 22 ans mais le QI d’un enfant de trois ans. Entre autres, Simple parle à son lapin en peluche, surveille les gros mots de son frère, peut se montrer très grossier avec ceux qu’il n’aime pas et invente de nouveaux langages. Depuis que leur mère est morte, leur père ne souhaite plus s’occuper de Simple. Alors, il l’a placé à Malicroix, une institution pour fous dans laquelle il a cru mourir de chagrin. Kléber a décidé de le sortir de là. Ensemble, ils s’installent au sein d’une colocation étudiante dont ils vont bouleverser l’existence.

L’auteur évoque ici un thème grave, celui du handicap et du poids qu’il peut représenter pour les personnes qui doivent le prendre en charge. Ainsi, Kléber doit fréquemment choisir entre ses propres intérêts et ceux de son frère. Mais à aucun moment ce roman n’est lourd, ni moralisateur. C’est tout le contraire. Tout en légèreté, c’est une Marie-Aude Murail touchée par la grâce qui nous dépeint le quotidien des deux frangins et de leurs colocataires.

On rit beaucoup, presque à chaque page. L’humour est partout dans ce livre, au travers du personnage de Simple, du vieux voisin un peu bourru ou de cette famille musulmane peu conventionnelle que rencontre Kléber. On sourit de la naïveté de Simple, mais aussi de l’intelligence de certaines de ses réflexions : c’est souvent lui qui juge ses compagnons avec le plus de lucidité. On est aussi touchés par l’innocence des deux frères, indignés par l’insensiblité dont font preuve certains personnages envers eux.

Mais surtout, j’ai découvert dans ce roman les personnages les plus attachants que j’aie jamais rencontrés dans un livre. Dès les premières pages, j’ai éprouvé de l’affection pour Simple et de l’admiration pour le dévouement et le courage de Kléber. Leur relation, faite d’affection et de disputes, m’a beaucoup touchée. Je me suis tant et si bien attachée à eux que je voulais savoir ce qui leur arriverait, et que je n’ai pratiquement pas refermé le livre avant de l’avoir terminé.

Les colocataires sont également très sympathiques, chacun avec sa personnalité bien définie et ses défauts. Le vieux voisin apporte lui aussi une touche d’humour décalée très appréciable. Enfin, n’oublions pas Monsieur Pinpin, personnage à part entière de l’histoire, par la voix duquel Simple exprime ses émotions les plus fortes. Seuls les personnages de « méchants » sont un peu décevants, car caricaturaux. On en aime d’autant plus les autres.

Si vivre avec Simple est un peu compliqué (ha ha ha), c’est une aventure de tous les jours qui se lit avec bonheur. Cela en fait un livre palpitant, tendre et plein de charme. Et si avec tout cela vous n’êtes pas convaincu, attention, Monsieur Pinpin il pète la gueule…

Note : 5/5 (Coup de cœur)

Stellabloggeuse

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« -Pourquoi les gens, ils sont méchants avec Monsieur Pinpin ?
-C’est pas…c’est pas vraiment qu’ils sont méchants. Mais les gens ne comprennent pas bien Monsieur Pinpin. Il est…il est trop différent d’eux. Avec ses grandes oreilles et… euh… ses moustaches. Enfin, tu vois, c’est un lapin…
-Un lapin qui parle, l’aida Simple.
-Oui, c’est ça. Les gens, ça les étonne, ça leur fait un peu peur.
Simple soupira.
-C’est compliqué.
-Eh bien, reste Simple. Les gens, on s’en fout.
-Oh, oh, vilain mot. »

vendredi 5 août 2011

Orgueil et Préjugés de Jane Austen : un classique qui tient ses promesses

[Anatolia, 1996]

Me voici pour la première fois sur ce blog avec un grand classique de la littérature. Qui n’a pas entendu parler du fameux « Orgueil et Préjugés » de Jane Austen ? Ses admirateurs ne se comptent plus, et j’en fais désormais partie.

Pour ceux qui vivraient sur une autre planète, ce roman a pour héroïne la jeune Elizabeth Bennet, la cadette d’une famille haute en couleur. Elle a quatre sœurs, dont certaines n’ont aucun sens des convenances, et des parents qui se distinguent : la mère par sa bêtise, le père par son ironie mordante. Le quotidien de cette famille est bouleversée par l’arrivée de Mr Darcy et Mr Bingley dans leur voisinnage. Mrs Bennet se prend à espérer un mariage avec ce dernier pour sa fille aînée, mariage avantageux car les Bennet sont dépourvus d’héritage. C’est autour de cette volonté de mariage que s’articule l’histoire.
   
C’est un roman que je qualifierais de « roman de société ». Nous assistons à des bals, des voyages, des discussions mondaines. Nous partageons la vision qu’a Elizabeth de tous ces évènements. Cette histoire propose un tableau de caractères tout à fait intéressant : la douce Jane qui voit le bien en chacun, l’intelligente Elizabeth avec son esprit taquin, Mary le rat de bibliothèque, la dévergondée Lydia, le prêtre trop poli Mr Collins, Mr Darcy et sa retenue, et enfin les parents que nous avons déjà évoqués. Les dialogues sont agréables, ils sont très travaillés et correspondent au caractère des personnages. L’ironie intempestive de Mr Bennet et celle d'Elizabeth, plus fine, font mouche.

Néanmoins, j’ai été assez surprise par la teneur des relations entre Elizabeth et Mr Darcy, je me suis rendue compte que je m’en faisais une idée fausse avant de lire le roman. J’imaginais des confrontations entre ces deux personnages, une véritable opposition de caractère. Mr Darcy est beaucoup plus doux que je ne l’aurais imaginé (j’en suis d’autant plus séduite), et ce sont surtout des incompréhensions qui les éloignent l’un de l’autre. Tenez, dites-moi donc si vous résisteriez à pareille déclaration :

« C’est en vain que je lutte. Rien n’y fait. Je ne suis plus maître de mes sentiments. Permettez-moi de vous dire avec quelle ardeur je vous admire et je vous aime ».

En revanche, j’ai été un peu déçue par Elizabeth qui ne l’apprécie pas à sa juste valeur et me semble finalement assez peu amoureuse, en tout cas jusque dans les ultimes pages. Malgré tout, je veux bien lui pardonner (pour cette fois).

Quoi qu’il en soit, ce roman a comblé toutes mes espérances le concernant. S’il m’a surprise, cela a été de manière très agréable. Jane Austen possède une plume moderne et pleine d’humour, qui a encore toute sa place dans nos lectures actuelles. Je vous invite à venir grossir les rangs des Austen addicts…

Note : 5/5 (Coup de cœur) 
Stellabloggeuse 
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Pour le plaisir, un petit exemple de l’ironie de Mr Bennet :

« Eh bien, Lizzy, dit-il un jour, j’apprends que ta sœur a des problèmes de cœur. Je l’en félicite. Hormis le mariage, rien ne plaît tant aux filles qu’un bon chagrin d’amour de temps à autre. Cela leur occupe l’esprit et les distingue en quelques sortes de leurs compagnes. A quand ton tour ? Tu ne supporteras guère de te laisser longtemps dépasser par Jane ».

lundi 1 août 2011

Bakuman, par Tsugumi Ōba (Scénario) et Takeshi Obata (Dessins)

[Editions Kana, juillet 2010]

Me voici avec un article qui pour une fois ne traite pas d'un roman.  Et oui, même si j’ai fait le choix en créant ce blog de privilégier les romans, je lis aussi d’autres choses, et il me semblait que certaines découvertes non romanesques méritaient tout autant d’être partagées !

Bref, me voici aujourd’hui avec un petit évènement à vous raconter : j’ai lu mon premier manga ! Et oui, à vingt-deux ans, alors que mon enfance a été bercée aux dessins animés « Dragon-Ball Z », « Sailormoon » ou « Sakura », je n’avais jamais lu les mangas dont ils étaient tirés. En fait, globalement, je lis peu de livres illustrés, qu’ils soient manga, BD ou album, car le dessin peut m’empêcher d’apprécier l’histoire.

Mais bon, en tant que future bibliothécaire, je me dois de toucher un peu à tout, donc je me lance peu à peu dans de nouveaux genres ! Pour le manga, j’ai été conseillée par une amie qui venait d’écrire un mémoire sur le manga jeunesse, qui m’a prêté les deux premiers volumes de « Bakuman ».

Ce manga met en scène deux jeunes garçons, Moritaka Mashiro et Akito Tagaki, qui décident de s’associer pour devenir mangaka. Moritaka, neveu d’un modeste auteur de manga, est doué en dessin (il a reçu plusieurs prix). Quant à Akito, il a du talent pour inventer des histoires. Il parvient à convaincre Moritaka de s’associer à lui pour créer un manga, en lui démontrant que cela pourrait lui permettre d’épouser la fille dont il est amoureux, Miho.

Et effectivement, j’ai bien aimé ! Le repérage du sens de lecture et autres codes a été assez aisé, je suis juste assez décontenancée par les expressions très exagérées des émotions sur les visages des personnages, même en sachant que c’est le genre qui veut ça.

L’intérêt de ce manga pour une débutante comme moi, c’est de montrer la manière dont est créé un manga : les étapes à respecter pour composer le manga, pour se faire connaître, les démarches à effectuer auprès des éditeurs, les « clés du succès ». Tout cela est assez intéressant, même si l’histoire est parfois un peu « culcul », notamment en ce qui concerne « l’histoire d’amour » entre Moritaka et Miho.

Cette incursion dans le manga est donc à poursuivre !

Note : 3/5 

Stellabloggeuse